Accueil National

Jakarta est-elle une ville dangereuse ?

Cela commence avec une étude menée
par l’organisme ORC Worldwide et
publiée par Business Week qui place
Jakarta à la seconde place des pires villes
où vivre au monde pour un expatrié,
après Lagos ! Cela continue évidemment
avec les attentats du 17 juillet dernier qui
visaient très clairement un rassemblement
d’hommes d’affaires étrangers. Cela
fait-il de Jakarta une ville dangereuse ?
Réponses d’expatriés.

Derrick est un homme d’affaires canadien
ayant connu plusieurs affectations avant
Jakarta, où il réside depuis près de deux
ans. « J’ai vécu au Vénézuela, au Nigéria et je
peux affirmer que la violence et l’insécurité
dans les villes y sont bien supérieures par
rapport à Jakarta où je n’ai jamais eu peur ».
Le retour des attentats ? « Est-ce que
Paris, Londres, New York, Madrid ou Bombay
n’ont pas été un jour ou l’autre touchés
par des attentats ? Il existe clairement des
aspects négatifs pour un expatrié vivant à
Jakarta, mais à mes yeux l’insécurité n’en
est pas un. »

C’est un avis parmi tant d’autres, mais
reflétant très majoritairement ce que les
expatriés installés à Jakarta ressentent.
Si Jakarta peut être délicate à appréhender,
il faut en chercher les raisons bien
ailleurs. « Il existe ici des écueils auxquels
les Bule sont davantage confrontés que les
Indonésiens, explique Scott, un Américain
installé en Indonésie depuis cinq ans,
comme les fraudes à la carte de crédit,
les pickpockets, les prix majorés. Je pense
aussi qu’il serait stupide pour un expatrié
non accompagné de se rendre dans des
bidonvilles la nuit. Mais il est très clair
que beaucoup de villes américaines, sud
américaines ou africaines sont bien plus
dangereuses que Jakarta. »

Bien plus que l’insécurité, ce sont les
embouteillages monstres, la pollution, le
manque d’espaces verts ou la corruption
dans les administrations, la justice ou
la police que les étrangers évoquent
spontanément quand on les interroge sur
les problèmes de la capitale indonésienne.
Et si les récents attentats font avouer à
certains qu’ils vont certainement faire
plus attention à ne pas fréquenter les
endroits où les expatriés sont en surreprésentation,
aucun n’évoque ces
événements comme une raison suffisante
pour quitter le pays.

Jean-Philippe Barzagui est consultant
international en sécurité. Le portrait
qu’il dresse de Jakarta va dans le même
sens. « L’agglomération de Jakarta est une
des dix plus grandes au monde. Cela ne
peut pas aller sans quelques incivilités. La
petite criminalité y est ainsi très présente
mais elle ne touche pas plus les expatriés
que les Indonésiens. Il existe également une
insécurité sanitaire à cause de l’imperfection
du système de santé national, mais cela
est bien pire dans certains pays africains
et dans bien d’autres pays au monde.
L’insécurité politique a disparu, l’insécurité
économique se réduit, et la violence à
grande échelle, malgré les attentats, est loin
d’être la pire au monde. La criminalité est
bien plus importante dans de nombreuses
villes africaines comme Johannesburg, sudaméricaines
comme Caracas ou Medellin,
et même américaines comme Detroit ou
Saint Louis ».

Les expatriés, quelle que soit leur origine
et la durée de leur passage à Jakarta, sont
catégoriques : ils ne craignent pas pour
leur vie dans la capitale indonésienne. Les
désagréments y sont autres. Et même,
ceux-ci ne parviennent finalement pas
à prendre le pas sur les nombreux
bonheurs que l’on peut y trouver.

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Please enter your name here