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Zero Waste Bali : l’entreprise qui s’emballe pour l’environnement

Pour Silvija Rumiha, l’herbe n’est pas plus verte ailleurs. Avec Zero Waste Bali, cette entrepreneure australienne écolo voit même la vie en rose à Bali. En un an, son concept d’épicerie sans emballage (la première de l’archipel) a bien poussé puisque la graine a germé : trois boutiques à présent sur Bali. Cette femme d’affaires engagée pour la planète revient pour nous sur une année de croissance et de la difficulté de mettre en place une franchise écologique sur un marché naissant.

Rappelez-nous comment tout a commencé
J’ai fait des études dans le médical puis je suis devenu mère. Et en arrivant à Bali, je ne trouvais pas de petits pots frais et j’ai lancé en 2014 de la nourriture bio pour bébé. J’ai également été frappée par la quantité de plastique déversée dans la nature lors d’une journée de plongée. Et en tant que mère, j’avais envie de préparer un bel avenir à mes enfants. Mes petits pots étaient en plastique, ils sont devenus en verre. De manière naturelle, ma réflexion personnelle et professionnelle a évolué et je me suis demandée comment avoir un impact moindre sur l’environnement. C’est comme ça qu’est né Zero Waste Bali (Bali Zéro Déchet).

Décrivez-nous le concept.
Il s’agit d’une épicerie de produits en vrac c’est-à-dire sans emballage plastique à usage unique. Il vous faut soit venir avec vos propres contenants (comme des pots ou bouteille en verre) ou vous les procurer dans l’une des 3 boutiques de la marque. Des produits au maximum biologique, sourcés localement autant que possible. Quelques fois, pour des raisons de stock, il nous arrive encore de devoir importer certains articles.

Etait-ce facile de lancer cette affaire, à quelles difficultés faut-il faire face ?
Ça n’est ni plus simple ni plus compliqué que pour un autre secteur d’activité. Mais en tant qu’étranger, cela requiert de la patience et de la persévérance. Et il est évident que cela prend du temps de comprendre toutes les subtilités du système administratif balinais. On peut déplorer certaines lenteurs parfois. Le second degré de difficulté est auprès de nos partenaires : nous luttons au quotidien pour que nos fournisseurs fassent la chasse au plastique. Ça n’est pas toujours évident et nous avons même renoncé à certains contrats avec de grandes entreprises. Certains ne veulent pas récupérer leurs emballages pour les réutiliser. Donc nous sommes ravis d’avoir réussi à en faire changer d’avis certains. Et notre engagement passe avant toute considération financière : il faut faire ce que l’on dit !

Quelle est votre stratégie pour pérenniser votre franchise ?
C’est évident, il faut être créatif et sans cesse évoluer pour continuer à faire vivre l’entreprise et faciliter le changement de mode de consommation des clients. Nous proposons par exemple des QR codes sur nos produits afin d’éviter les étiquettes et surtout pour donner au consommateur un maximum d’informations (origine, bienfaits nutritionnels, idées d’utilisation, …). Je suis également en train de préparer un livre de recettes pour bébé pas tout à fait comme les autres. Il s’agit d’un menu hebdomadaire pour apporter un régime nutritionnel équilibré à votre enfant et par tranche d’âge. Nous venons aussi de lancer un coin DIY (“do it yourself” : faites le vous-même) dans notre boutique de Canggu. A l’aide d’un livre électronique (ou du fascicule mis à disposition en boutique), vous pouvez venir gratuitement fabriquer vos propre produits (de beauté, de nettoyage pour la maison,…). C’est pour prouver au consommateur, par l’action, que l’on peut se procurer un produit de qualité, respectueux de l’environnement tout en s’amusant.

Comment décririez-vous l’industrie de l’écologie à Bali ?
En plein essor, comme la tendance mondiale ! Et j’en suis ravie, pas seulement pour mes finances, surtout parce que cela veut dire qu’il y a un éveil des consciences concernant l’urgence de consommer différemment. Par contre, ne soyons pas naïfs, il y a beaucoup de “green washing”, beaucoup se lancent dans ce secteur en rêvant de billets verts. Ça me fait froid dans le dos parce qu’on est en train de parler de notre avenir et de celui de nos enfants. Ça doit être une démarche avant tout motivée par l’envie de changer les choses et non pour la course aux profits.

Avez-vous de la concurrence ?
Hum, voyons voir… Disons que certaines entreprises ont adopté l’idéologie “zéro déchet” et les aliments en vrac. Mais je pense que nous avons été pionniers en apportant une solution plus globale. Depuis, beaucoup de personnes viennent me rencontrer en boutique pour me demander des conseils, voire même pour copier notre concept. Nous sommes protégés par notre franchise (avec trois boutiques sur Ubud, Kerobokan, Canggu ). Dans tous les cas, même si ce n’est pas en travaillant pour ma marque, je suis contente si j’ai pu inspirer des gens et qu’ils oeuvrent à présent dans ce domaine.

A propos de clientèle, comment a-t-elle évolué depuis vos débuts, il y a un an ?
C’est vrai que l’on voyait beaucoup de visages sceptiques au début, les gens ne saisissaient pas toujours l’intérêt d’un tel concept. Et que dire des fournisseurs ! Progressivement, le public est devenu de plus en plus varié et certaines personnes qui étaient fan des supermarchés ou superettes me font même remarquer, que contrairement à ce qu’ils pensaient initialement, nous sommes moins chers (et surtout plus qualitatifs) sur certains produits. Par ailleurs, notre clientèle indonésienne ne cesse de s’étoffer.

Une donnée chiffrée concernant votre entreprise ?
Deux en fait ! Dans les 5 premiers mois, nous avons permis aux clients d’éviter l’utilisation de 2500 sacs plastiques qui auraient fini en décharge ou dans la nature, ainsi que 12 000 emballages plastiques à usage unique. Depuis ces 5 mois, nous avons 88% de clientèle supplémentaire dans nos boutiques…et donc sans emballages polluants.

Est-il vraiment possible de concilier business capitaliste et protection de l’environnement ?
Bien sûr, il faut être rentable mais pour autant cela peut se faire en proposant des produits durables, et non à usage unique. Il faut être cohérent avec le message incitatif qu’on diffuse auprès des clients et aussi informer les consommateurs. Il ne s’agit pas juste de vendre un produit mais de changer des mentalités. C’est pour cela notamment, que nous organisons des ateliers avec des experts, auteurs, etc…

Vos ambitions pour l’avenir de votre société ?
On ne veut plus vous laisser une seule raison de ne pas adopter le concept sans déchet. Je suis mère et chef d’entreprise : je sais ce que cela représente de manquer de temps. Je sais pourquoi instinctivement les consommateurs se dirigent vers des commerces plus conventionnels. Mais le sans emballage n’est pas plus contraignant. Nous proposons même de faire vos courses pour vous (il suffit de commander en ligne puis de déposer vos contenants ou même de les envoyer par livreur). Ce système de recharge est gratuit. Nous rêvons que la franchise bourgeonne dans toute l’Indonésie !

Propos recueillis par Meryam El Yousfi

www.zerowastebali.com

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