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Un bon félin est un félin mort

L’Indonésie est un des derniers pays à abriter certains des grands fauves du règne animal, notamment tigres et léopards, deux espèces menacées d’extinction à travers le monde. Il est vrai que l’homme et ces dangereux félidés ne font pas bon ménage, particulièrement dans les pays surpeuplés. Alors qu’il est notoire que l’Indonésie, pays à la démographie galopante et à l’urbanisation encore plus sauvage que les grands fauves, n’est guère préoccupée par le destin de ses animaux rares, il est surprenant de voir à la télé une pub donnant le beau rôle au tigre.

Un chasseur à belle gueule et au look macho avance dans la forêt d’un pas décidé, fusil sur l’épaule. En contre-plan, on voit un tigre magnifique glisser de fougères en buissons d’un pas souple. Soudain, le félin est vu à travers la mire d’un fusil à lunette. Le plan suivant est sur le visage de notre homme qui met en joue. Puis c’est le dos d’un chasseur qui est vu à travers la mire. Le coup part, le chasseur s’écroule et on voit notre macho afficher un sourire satisfait. Il vient d’endormir un braconnier d’une balle soporifique tirée dans l’épaule. Le plan suivant le montre en train de menotter le hors-la-loi et de le charger sur son pick-up, on imagine qu’il va le livrer à la police. Notre ami des bêtes peut s’allumer une cigarette au clou de girofle « Machin-Truc »…

L’autre soir, dans un magazine d’infos, le présentateur nous annonce sans sourciller « qu’en réalité, il y a encore beaucoup de léopards puisque une femme vient d’être victime d’une attaque dans un village de Java-est ». La tête parlante, les yeux rivés à son prompteur lance le reportage. On voit la victime exhiber des blessures pour le moins sérieuses et raconter qu’alors qu’elle était en train de laver son linge dans un cours d’eau, elle a été « attaquée par derrière ». Le sujet nous emmène ensuite au commissariat de police où un officier exhibe fièrement la dépouille de l’agresseur qui a été prestement retrouvé. C’est un petit léopard à la silhouette famélique qui, vu son état sanguinolent, n’a pas été tué d’une balle bien ajustée mais plutôt massacré de façon très artisanale…. Nous voila rassurés sur l’avenir des grands fauves, les autorités y veillent personnellement et les journalistes font bien leur travail.

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