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TVRI donne la parole aux punks balinais

« Il avait les cheveux teints en jaune comme un plouc et des lunettes noires alors que c’était déjà le soir – J’ai cru que c’était un voyou, mais non – J’ai cru que c’était un rocker, nais non – En fait ce clébard, c’était un flic ». Edy and Residivis, groupe rock balinais est actuellement poursuivi en justice pour insulte aux institutions. Le groupe s’est produit sur scène à Denpasar en juillet dernier lors d’un concert de charité pour les victimes du tremblement de terre de Jogja et a chanté cette chanson qui fait partie de leur nouveau répertoire. Dénoncés à la police par des « citoyens », comme on a indiqué au commissariat de Denpasar en charge de l’affaire, les membres du groupe ont été arrêtés le lendemain pour un long interrogatoire. Relâchés depuis, le chanteur et le guitariste passent en procès. Le journal régional balinais de la chaîne nationale TVRI a diffusé le mois dernier un petit reportage rendant compte des audiences. L’occasion pour l’équipe télé d’approcher les deux vedettes et de leur demander à quoi ressemble la fameuse chanson.

Edy, le chanteur, crâne rasé avec une petite houppette, et Deny, guitariste maigrelet habillé tout en noir n’en demandaient pas tant. Les deux compères, flanqués de leurs gardiens, se mettent à entonner a capella le refrain insultant. Très rock attitude, Edy et Deny chantent avec un air absent et décalé dans un style résolument provocateur. Devant nos yeux, grâce à la chaîne publique, se produit un grand moment de liberté d’expression à l’indonésienne. Le procès d’Edy et de ses insolents récidivistes intervient au moment où une autre affaire, cette fois d’insulte au président, agite le monde étudiant. Salutairement, un débat public voit le jour sur la nécessité ou non d’abroger ces notions d’insultes du code pénal. Retour dans le prétoire avec TVRI où les têtes hilares d’Edy et de Deny, tout deux assis sur le banc des accusés, contrastent avec les mines solennelles des policiers et des juges engoncés dans leurs costumes. Les journalistes du JT du soir de la chaîne d’état n’ont donc pas hésité à donner la parole à ces punks insolents, pariant sur l’exercice de la démocratie. Un bol de fraîcheur au moment où la lutte du gouvernement SBY pour débarrasser le pays des mauvaises manies du passé semble un peu marquer le pas.

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