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Les nouveaux visages d’une rue en plein boum : la jalan Batu Bolong

Loin des commerces et des gaz d’échappement qui ont étouffé Kuta, Legian ou Seminyak, elle avait su rester verte et calme. Intouchée. Or en l’espace de seulement deux ans, elle a changé et mûri. Presque méconnaissable. La jalan Batu Bolong n’est plus la même. Située à Canggu, la rue se morcèle, les rizières cèdent peu à peu la place à des magasins, restaurants où cafés qui drainent une population particulière. Les hipsters, vegan et yogis se mêlent aux surfeurs. Et ils ne jurent désormais que par cette rue. Quelles sont les raisons de l’essor si rapide de la jalan Batu Bolong ?
L’atmosphère spéciale qui y règne est certainement à prendre en compte. Cependant, celle-ci n’existerait pas sans les business qui ont récemment ouvert leurs portes. Rencontre avec cinq d’entre eux qui ont tous fait le pari de s’installer dans cette artère aujourd’hui en pleine expansion.

Un esprit de communauté derrière Avocado Café

« Nous sommes à Bali pour le vert », affirme d’emblée Melanie, l’Allemande derrière Avocado Café. Cette amoureuse de la nature avoue avoir « fui » la frénésie de Seminyak pour s’installer à Canggu, un endroit « plus calme » pour vivre. Mais aussi une zone qui attire des surfeurs et de plus en plus de yogis, place idéale pour ouvrir son café au mois de mai 2014. Avant d’attirer les fans d’healthy food de la rue, l’endroit était un simple gudang (entrepôt). « Vous voyez la cuisine au fond ? Quand je suis arrivée, il y avait là des cours de danse traditionnelle. » Melanie elle-même n’en revient pas de tout le changement opéré ici. Sur le coût de l’installation, elle demeure plutôt évasive. Elle avoue du bout des lèvres avoir acheté le lieu « plutôt bon marché ». Aujourd’hui, quinze employés l’aident à faire tourner son café. Un nouveau menu est concocté chaque semaine. Quelques conseils l’accompagnent, comme
« ne parlez pas pendant que vous mangez ». Ils peuvent paraître rudes au premier abord, mais ils ne freinent pas les clients. Cette Allemande explique d’ailleurs que certains viennent de Motion Fitness, un centre de fitness sur la Jl. Petitenget dont Avocado Café fait partie. Surtout, c’est le mot « communauté » qui revient souvent dans la bouche de celle-ci. C’est elle qui fait vivre son café et qui contribue au succès de la Jl. Batu Bolong. « Il y a un fort esprit de communauté ici. Ce que j’aimerais ? Organiser une sorte de fête des voisins pour le renforcer d’autant plus  ».

Avocado Café, Jl. Pantai Batu Bolong, Canggu. Tél. (0361) 846 01 23. Ouvert de 7h à 20h

Crate Café : il était une fois des hipsters et Instagram

Bonnets. Tatouages. Lunettes de soleil. Ils sont tous beaux. Certains les appellent les hipsters. Maree Suteja elle, rit à l’évocation de ce nom. « Au début, je me suis même demandé, mais qu’est-ce qu’un hipster ? » Souriante et pleine d’énergie, celle qui a ouvert Crate Café en avril 2014 voulait avant tout créer un endroit de rencontres. « C’est presque impossible de s’asseoir ici et d’avoir sa propre table, vous êtes obligés de partager, de parler à vos voisins.  » Cette Australienne débarquée à Bali en 1978 a fait le pari il y a plus d’un an de transformer trois kos en un café fait de béton et de bois. A présent, tous les jours à 10h du matin, une dizaine de scooters garés en brouillon envahissent l’endroit. Pari réussi. Son succès ? Instagram. « Je respire, je vis par Instagram. Cela me sert de publicité.  » En vraie droguée des réseaux sociaux, elle reçoit cinq à dix photos prises par ses clients tous les jours. Puis elle en poste deux ou trois sur Facebook. « Les gens s’intéressent, ils sont contents quand c’est leur photo qui est choisie ». Avec pas loin de 1 500 abonnés sur sa page, cette stratégie s’est avérée payante. Le café est passé de six à dix employés. Aujourd’hui, elle se donne pour ambition de devenir une institution sur Batu Bolong, à l’image de ses voisins Deus ou Betelnut qui, selon elle, sont les deux endroits à l’origine de l’essor de la rue. Le futur ? Cela ne l’inquiète pas. « Même si le quartier devient un nouveau Seminyak, tout ce qui importe est de répandre l’Amour.  » Oui à Crate, c’est peut-être hipster, mais il n’y a pas que ça. Peace.

Crate Café, Jl Pantai Batu Bolong No. 60, Canggu. Instagram: @cratecafe

Monsieur Spoon, quand la qualité française s’allie au « Canggu spirit »

Quand on ouvre les portes de Monsieur Spoon, une odeur de France nous emplit les narines. Ça sent les croissants et le café chaud. Le Français Greg Guerguerian a posé son matériel de cuisine sur la
Jl. Batu Bolong il y a maintenant trois ans, en 2012. Mais pourquoi installer une boulangerie française dans un coin plutôt australien, surfeur et végétarien ? Pour lui, cela ne fait pas de doute, « les gens qui font attention à leur alimentation apprécient notre côté artisan, tradition et bons ingrédients.  » Il poursuit en assurant que « nous avons beaucoup de végétariens qui nous font confiance ! Et ça c’est très important. Ils viennent chez Monsieur Spoon avec les enfants car ils savent que nous contrôlons tout. » Surtout, ce qu’il apprécie sur cette artère en plein boom, c’est le fait que « la culture du café est là, on prend le temps de vivre, de prendre son petit déjeuner dans le jardin. » Si sa boulangerie contribue aujourd’hui à l’essor si rapide de la rue, c’est donc parce qu’elle s’intègre pleinement à son image en s’attelant à proposer des produits frais, locaux, à contrepied des chaînes de fastfood présentes à Kuta ou Legian. Plus simplement dit, elle s’accorde à ce que Greg appelle le « Canggu spirit  ».

Monsieur Spoon, Jl. Pantai Batu Bolong n° 55. Tél. 087 862 808 859. Ouvert de 6h30 à 21H

Une stratégie de long terme pour 69Slam

Il y a à peine cinq mois, un nouveau a pointé le bout de son nez sur la Jl. Batu Bolong. Fort de ses douze magasins à Bali, 69Slam a décidé de s’implanter également à Canggu. Pour Philippe Joubert, le responsable marketing et vente du magasin, ce dernier constitue un véritable « flagship  » pour la marque. « Cela faisait déjà un an que cette idée était dans les esprits. Il fallait ouvrir ici. C’est un endroit très en vue  », indique-t-il. Ce Français poursuit en expliquant que « 69Slam vient tout juste d’ouvrir un dernier magasin au Discovery Mall, et il fonctionne mieux que sur Batu Bolong.  » La vente des maillots de bain colorés s’inscrit donc ici dans une stratégie de long terme. Il est persuadé que la rue va devenir une réelle artère commerçante, à l’instar d’Oberoi ou de Seminyak. « Ça construit de partout. Même si les prix des terrains et des locations restent moins chers qu’à Kuta Square, ils sont maintenant plus chers qu’à Batu Belig. Ils se multiplient par deux tous les trois mois ici ! Il faut par exemple compter environ 90 millions de roupies par an pour un lease d’un magasin de 40m2. » Personnellement, Philippe voit d’un mauvais œil cette expansion si rapide d’une rue qu’il fréquente tous les jours depuis maintenant cinq ans. D’un point de vue business, il assure néanmoins que « c’est l’endroit où ça va se passer. »

[www.69slam.com->www.69slam.com]

Un « dirty old man  » aux commandes de la vie nocturne

Il y a un an et demi, ceux qui voulaient sortir le soir à Batu Bolong allaient à Deus, le dimanche, au milieu des rizières. Désormais il y a Old Man’s, le mercredi avec ses « dirty ol’ Wednesdays  », au bord de plage. Mais aussi le weekend, et finalement un peu tous les soirs de la semaine. Derrière cette nouvelle institution de la rue se cache Sean Cosgrove. Expat australien, il se nomme lui-même le « Dirty old man ». Businessman à Bali depuis plus de dix ans, il a décidé d’ouvrir
son bar/restaurant en janvier de l’année dernière pour « la vie nocturne, parce que de plus en plus de monde vient à Batu Bolong. » Alors que le restaurant végétarien qui le précédait était vide, il attribue son succès à un mot allemand, le « zeitgeist », soit « l’esprit du temps ». Cette notion, empreinte de mystère, est à l’image de Sean. Celui-ci décoche d’ailleurs un clin d’œil amusé et se refuse à donner des chiffres sur son café.
Il préfère attribuer l’atmosphère spéciale propre à la Jl. Batu Bolong à l’agencement même de celle-ci. « Ce n’est pas une rue de passage, elle donne sur la plage. Si les gens viennent, c’est qu’ils ont décidé de s’arrêter ici, tout au bout de la rue, sur la plage  ». Et des gens, il y en a. Australiens, surfeurs, mélange de touristes et d’expatriés pour la plupart, ils arrivent par dizaines pour l’happy hour. Certains s’accoudent à de grandes tables en bois, d’autres préfèrent se relaxer sur des poufs multicolores. Quand on lui parle de demain, le « dirty old man » ferme les yeux. Il dit ne pas penser au futur. Presque à regret, il lâche tout de même son nouveau projet : « de nouveaux groupes de musique live, des soirées karaoké et… toujours plus de
tequila !
 »

Old Man’s. FB: Old Man’s

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