Le tukang parkir de Kuta, c’est le gars qu’on croise et qu’on ne regarde pas.
Y a trop de soleil sur cette terre, drôle de galère,
Pour tuer l’ennui il a dans sa veste un Black Berry.
Et d’après ce qu’on lui a dit, y a des gars qui se la coulent douce à Bali,
Pendant ce temps que lui fait le zouave pour qu’une bourgeoise,
Péniblement au milieu de la rue manœuvre enfin son Isuzu.
Parait qu’il y a pas de sots métiers, lui fait du bruit dans un sifflet :
Un coup de sifflet, votre ticket, voilà votre monnaie.
Le tukang parkir de Kuta, il lui a bien fallu quitter Java.
Il vit au cœur de la fête, mais dans sa tête y a que des piécettes,
Et sur son sol de bitume, tout ce qu’il mange a le goût de l’essence.
Parfois il rêve, il divague, il voit des vagues,
Et dans la brume au bout du quai, il voit un bateau qui vient l’chercher.
Pour payer le billet, il donne du sifflet :
Un ticket ? Quel ticket ? A votre bon cœur j’ai plus de monnaie !
Mais le bateau se taille, et il voit qu’il déraille,
Et il reste dans son trou, son sifflet autour du cou.
Le tukang parkir de Kuta, tout ce qu’il a c’est pour là-bas.
Il en a marre il en a sa claque de ce cloaque.
Il voudrait jouer la fille de l’air, laisser son gilet bleu au vestiaire.
Un jour viendra il en est sûr où il pourra s’évader dans la nature.
A bebek sur la grande route et coûte que coûte.
Et si pour lui il n’est plus temps, il rentrera les pieds devant.
