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Le lycée français à la mosquée Istiqlal

Des liens entre la religion et le politique

La mosquée a été construite entre 1955 et 1978 d’après les plans d’un architecte chrétien, Freidrich Silaban. Il s’agissait du premier projet d’un vaste programme de travaux publics lancé par le premier président de la République indonésienne, Sukarno. L’Indonésie avait obtenu son indépendance face aux Néerlandais en 1945, et Sukarno voulait voir s’élever des symboles de l’indépendance et de la modernité de cette jeune nation. Ainsi, même s’il s’agit d’un bâtiment religieux, on y retrouve de nombreux symboles politiques : le nom même de la mosquée, Istiqlal, signifie indépendance en arabe. Par ailleurs, les piliers de la salle des prières mesurent dix-sept mètres de haut, huit mètres les séparent les uns des autres et la mosquée est surmontée d’un dôme de quarante-cinq mètres de diamètre ; le tout symbolise la date de l’indépendance de l’Indonésie : le 17 août 1945 (17/08/45). Cela témoigne des relations étroites entre religion et politique dans l’archipel. Si l’Indonésie ne constitue pas une théocratie, elle n’est pas laïque pour autant, suivant le modèle turc par exemple. Ainsi, un Ministère de la Religion existe, et la prière est récitée dans les lycées.

L’architecture de la mosquée

L’architecture est très moderne, dans le style des années soixante. Il est interdit de représenter des figures humaines dans l’islam ; par conséquent, comme dans toutes les mosquées, la décoration est composée de figures géométriques et de calligraphies arabes. Le bâtiment et les terrains environnants couvrent une surface de neuf hectares. La mosquée peut accueillir jusqu’à 70.000 fidèles dans la salle de prière, ainsi que 100.000 autres à l’extérieur. Hommes et femmes y sont physiquement séparés : les femmes prient à gauche et les hommes à droite. De même qu’Istiqlal abrite des symboles politiques, les symboles religieux y sont légion. Par exemple, dans la salle du dôme, douze piliers symbolisent le mois de la date anniversaire de Mahomet. La salle des prières, quant à elle, s’élève sur cinq étages, une référence au nombre de prières quotidiennes d’un musulman. Enfin, le minaret culmine à 6666 centimètres : il s’agit là du nombre de pages du Coran. Depuis l’arrivée au pouvoir de Suharto, le successeur de Sukarno, le muezzin utilise des haut-parleurs pour appeler les fidèles à la prière.

Un témoin de la tolérance de l’islam indonésien

Contrairement à de nombreux pays du Moyen-Orient, l’islam d’Indonésie n’a pas écrasé les autres religions lorsqu’il s’est développé à partir du XIII ème siècle. Ainsi, l’Indonésie reconnaît cinq religions: l’islam (environ 90% de la population), le catholicisme, le protestantisme, l’hindouisme et le bouddhisme. Cela explique pourquoi la mosquée Istiqlal est un lieu de tolérance et de vie sociale. Ce n’est pas qu’un lieu de prière, mais c’est aussi un endroit d’activités diverses. Les gens peuvent y jouer aux échecs, y écouter des poèmes ou encore participer à des concours d’écriture et de lecture du Coran : le meilleur gagne un voyage à La Mecque ! C’est aussi un lieu d’enseignement. Il est important de signaler que la mosquée n’est pas réservée aux musulmans : elle accueille des personnes de toutes religions et leur donne nourriture et abri.

Les spécificités de la mosquée Istiqlal

La mosquée Istiqlal comme toutes les autres moquées de l’archipel, possède un « bedug » et une singularité qui lui est propre : la répétition générale du pèlerinage à la Mecque. Le « Bedug » est une sorte de grand tambour qui sert à l’appel à la prière. Il est constitué d’une peau de vache d’un côté, et d’une peau de bœuf de l’autre. Il s’agit d’une vieille tradition javanaise préexistante à l’arrivée de l’islam. Si sa présence dans une mosquée peut surprendre, elle est en fait un bon exemple du syncrétisme religieux en Indonésie : les religions, et notamment l’islam, portent la marque des croyances traditionnelles. Par ailleurs, la mosquée Istiqlal offre aux croyants la possibilité d’effectuer une répétition générale de leur futur pèlerinage. Ce dernier constitue l’un des cinq piliers de l’islam : les musulmans qui en ont les moyens financiers sont tenus de faire ce pèlerinage une fois dans leur vie. À Jakarta, un cube noir placé au centre de la cour de la mosquée représente la « Kaaba », la pierre noire autour de laquelle les fidèles tournent à la Mecque. Le but de cet entraînement est de parvenir à toucher la vraie pierre lors du pèlerinage.

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