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Lâcher prise … à la balinaise

L’environnement balinais est si idyllique qu’il devrait nous remplir d’une sensation de bien-être. Mais cet exotisme est à l’opposé de notre rigorisme occidental et entraîne trop souvent des tensions, voire des réactions violentes. Tous les jours, je rencontre des compatriotes exaspérés : chefs d’entreprise harassés, acheteurs en colère, et même des touristes agacés par les imprévus qui jalonnent leur séjour.

Face au stress, la médecine moderne conseille de « lâcher prise ». Il s’agit d’abandonner sa trop grande rigidité en adoptant une attitude plus mesurée, éloignée de tout excès. Plus qu’une simple relaxation, il importe de se déposer soi-même, relâcher la pression en admettant qu’on ne peut pas tout contrôler.

Élevés selon les concepts de l’économie capitaliste, nous pensons en termes de profit et de performance. Nous considérons qu’un travail rigoureux est gage de réussite. Quand la culture chrétienne nous a imprimé ses doctrines surannées de sévérité morale, l’intransigeance devient vite un trait de caractère dominant. Hommes d’action et de conviction, nous voulons modeler l’entourage à notre image. Le résultat final d’une action nous échappe, et nous sommes ravagés par le chagrin de ne pas tout maîtriser.

Alors, comment s’abandonner et renoncer à ses certitudes ? Comment désamorcer sa colère soulevée par l’impuissance et dominer sa rancœur ? Comment sourire à ceux qui nous ont créé du tort ?

À Bali, nous vivons parmi un peuple qui n’a pas besoin de lâcher prise. Observons-le et en instruisons-nous ! L’île profite de conditions si favorables que les richesses proviennent (encore) autant de la nature que du travail. Et la vie spirituelle, dépouillée des contraintes de l’hindouisme indien, y est loin de toute absoluité et de perfectionnisme. Avec son sens de la modération, le Balinais accepte la situation la plus pénible lorsqu’elle elle résulte d’un événement inévitable. Le penchant pour la conciliation et le relâchement des tensions est un attribut essentiel de la mentalité autochtone.

Si nous pouvons admettre que la modération n’est pas une faiblesse mais une pondération proche de la sagesse ; si nous pouvons déceler derrière le désordre créé par un certain laxisme le gain en aisance et en liberté ; si nous comprenons que s’adoucir ne signifie pas s’affaiblir, mais se comporter d’une manière plus agréable aux sens : alors là, nous commençons à lâcher prise !

Tendre vers la perfection en étant soumis à l’impatience et à la colère est un paradoxe en soi. De même que vouloir atteindre un idéal, conception de l’esprit inaccessible par définition. Cesser de croire que le monde est peuplé d’ennemis évite d’avoir à se révolter.

Reconnaître ces faits est le premier pas vers le bien-être. N’est-ce pas ce que nous recherchons tous ? Let’s chill out !

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