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Harris et Pop hôtels : un air popu populaire

Ancien président d’Accor pour la zone Asie, Marc Steinmeyer, Alsacien d’origine mais Gersois de cœur, a fait le pari de l’Indonésie pour créer sa propre entreprise. Après la crise monétaire et la chute de Suharto à la fin des années 90, le pays est alors en pleine incertitude mais cela n’a pas empêché ce fou de travail de se lancer dans cette aventure ici. Alors que tout le monde se tourne vers la Chine ou l’Inde, Marc Steinmeyer choisit l’archipel et cite souvent la gentillesse de ses habitants comme raison de son choix. « Les hôtels Harris et l’Indonésie, c’est une histoire d’amour entre la France et l’Indonésie », commente-t-il avec un accent de simplicité qui est au cœur de la différence cultivée par son groupe. Dans cet univers hôtelier traditionnellement guindé et très conservateur, Marc Steinmeyer a su donner aux hôtels Harris et Pop cette touche nature qui fait indéniablement la différence, une arme marketing imparable auprès de la cible grand public visée.

« Nos valeurs, ce sont la transparence, la simplicité. Je ne veux pas de frime, nous sommes dans une nouvelle ère », explique-t-il. Mais cela ne veut pas dire que les hôtels Harris et Pop sont tristounets ou austères, bien au contraire. En quelques années, les façades aux codes de couleurs spectaculaires, empruntés aux délirantes années 70, ont su capter les regards et s’inscrire dans la mémoire du consommateur indonésien. Même si le groupe Tauzia est également présent sur des secteurs plus classiques, notamment avec sa branche de management hôtelier Préférence et aussi sur le créneau immobilier avec du syndic de copropriété, les chaînes Harris et Pop représentent la carte maitresse de cette entreprise aux statuts de PMA. Le premier Harris a été ouvert à Batam fin 2002, suivi par celui de Tuban, à Bali. Il y en a 6 à ce jour et quinze en construction entre Java, Bali et Sulawesi.

« Mon idée était de reprendre certains thèmes visuels des années 70 et de les remettre au goût du jour », commente Marc Steinmeyer. D’où cet orange vif « dynamique » et ce vert « cool down » aujourd’hui caractéristiques des Harris et qui nous rappelle par exemple que les constructeurs automobiles n’hésitaient pas à proposer certains modèles populaires (2 CV, Coccinelle, 104, R5, etc.) dans ces couleurs criardes au début des années 70. Voici pour la forme. Pour la méthode, Marc Steinmeyer a également des idées à contre-courant. « Je souhaitais que les relations du personnel avec la clientèle soient différentes », ajoute-t-il. Autour de la simplicité déjà évoquée, le président du groupe Tauzia a également réussi à imposer l’idée d’une relation « particulière et amicale » avec les clients, débarrassée des conventions habituelles. Il a donc fallu parfois bouleverser la tradition locale, toute empreinte de hiérarchie et d’obséquiosité, et « mettre en l’air le côté guindé des métiers d’hospitalité », comme il aime à le préciser. Le personnel serait ainsi plus sûr de lui. « Nous avons été les premiers également à laisser les employés libres de leurs coiffures, piercings ou autres tatouages éventuels », ajoute-t-il.

Si les hôtels Harris s’adressent plus particulièrement à la classe moyenne émergente du pays, un type d’établissement encore moins cher, pour une hôtellerie à budget encore plus serré, a été lancé en septembre dernier à Denpasar avec le premier hôtel Pop, jalan Teuku Umar. Là encore, bon marché ne veut pas dire cheap et sans idée… La chaîne des Pop promet en effet de faciliter la façon de se déplacer des Indonésiens, avec plus de confort et de divertissement qu’on puisse en avoir dans le pondok wisata ou le wisma du coin. Le tout agrémenté d’une expérience encore nouvelle ici car les Pop se veulent « eco-friendly ». Concrètement, des études ont été réalisées pour une meilleure isolation thermique et l’eau chaude de la salle de bain provient de panneaux solaires. Les Pop font donc logiquement partie du nouveau « Green Building Council » indonésien. Le premier Pop construit à Denpasar va servir de prototype afin d’améliorer le concept sur les autres projets. Pas moins de 12 Pop sont en construction. Et la clientèle pourra regarder la série « Home » de Yann Arthus-Bertrand en boucle sur la télévision de l’hôtel. Histoire de prendre un peu conscience des questions d’environnement…

Une nuit dans un Pop coûte moins de 300 000 roupies, une nuit dans un Harris démarre à moins de 600 000. Plus on réserve tôt, moins c’est cher, comme c’est désormais le cas avec l’avènement du « low cost » dans de nombreux domaines. Marc Steinmeyer n’est jamais à court d’une idée promotionnelle et a inventé un « Harris Day » annuel qui, entre nuit gratuite pour les dénommés Harris et course de bicyclettes écolo ou encore concours photographique, promet de divertir et fidéliser sa clientèle autour d’animations et d’expériences encore inconnues ici. Mais au-delà des déclarations d’intention et de la réussite rapide de ce groupe hôtelier qui devrait bientôt conquérir la Malaisie, saluons surtout dans notre Gazette francophone le succès d’une de ces entreprises indonésiennes d’origine française qui cartonne. En effet, avec Animale, Sophie Paris ou encore SOS International pour ne citer qu’elles, Tauzia est une de ces réussites indonésiennes d’origine française qui évoluent désormais à l’échelon mondial. Alors, chapeau bas et gageons que le bourreau de travail Marc Steinmeyer aura de moins en moins le temps de se ressourcer dans ce Gers qu’il adore. Il arrive encore à y passer une petite semaine en famille tous les trois mois, l’occasion de démarrer sa vieille 4 CV. On est popu ou on ne l’est pas !

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