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Du lapin à la sauce indonésienne

A l’heure où nous écrivons ces lignes, il est encore trop tôt pour savoir si l’édition indonésienne de Playboy pourra voir le jour en mars comme cela est prévu par Ponti Carolus, son directeur de la publication. Depuis l’annonce officielle de l’événement, il y a quelques semaines, les protestations des groupes musulmans et de certains partis conservateurs n’ont cessé de croître contre ce pilier de la culture populaire américaine. A tel point que Playboy edisi Indonesia est devenu le centre d’une attention toute particulière des medias écrits et télévisés. Il est vrai que c’est un sujet en or pour faire de l’audimat ou vendre des journaux, et chacun y est allé de son débat et d’exemples de photos licencieuses pour mieux débattre. Détail amusant, les pétitions en ligne « pour ou contre » ont été gérées par le même fournisseur de service, donnant ainsi un signe rassurant de l’exercice de la démocratie dans ce pays qui n’a engagé sa « reformasi » que depuis peu. Toutefois, les choses ont encore tout le temps de s’envenimer, notamment après la publication de ce premier numéro qui promet pourtant de « respecter la culture indonésienne » et ne proposera donc pas de photos de nus.

La nudité frontale est de toute façon interdite par la loi. Une loi qui est d’ailleurs en train d’être révisée et qui pourrait se durcir. Les magazines qui proposent des photos de charme sont déjà nombreux, qu’ils soient indonésiens comme Popular ou franchises de publications internationales comme FHM ou Maxim. Leur existence, jusqu’à l’annonce de l’arrivée de Playboy edisi Indonesia, semblait donc passer totalement inaperçue. Ces revues comblaient les besoins de cette classe moyenne urbaine sans cesse grandissante qui prend peu à peu ses distances avec les préceptes de la religion et de la coutume. Certaines de ses publications, comme le très racoleur Lipstick s’ingénie à contourner l’interdiction de nudité avec des transparences et des poses suggestives. L’anti-américanisme des organisations religieuses pourrait bien être à l’origine de cette soudaine crise de vertu dont Playboy edisi Indonesia fait actuellement les frais. Et la colère orchestrée dont il est la cible pourrait malheureusement attirer l’attention sur la tranquille mais inéluctable évolution des mœurs dans le pays musulman le plus peuplé du monde.

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