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Civisme électoral au bordel

Tombée du fil AFP, cette dépêche qui fait état des efforts étonnants de la Commission électorale pour étendre la notion de devoir électoral dans toutes les sphères de la société. On apprend ainsi que l’honorable institution en charge de promouvoir ces pratiques démocratiques encore bien vertes dans le pays a décidé de faire de la « sensibilisation » dans les… bordels. « Si on peut atteindre les prostituées qui ont beaucoup de clients, on peut espérer qu’elles pourront expliquer à un maximum de gens comment voter », explique avec pragmatisme Marlina Ismail, une responsable de la Commission d’Education pour les Elections dans les quartiers de Jakarta. L’article explique comment une cinquantaine de « filles » des bordels de Rawa Malang, près du port de la capitale, ont reçu une formation rapide d’« instructeurs civiques », avec badge officiel sur leur tenue de travail sexy certifiant l’authenticité de leur mandat inopiné. Ainsi armées pour porter la bonne parole démocratique auprès de leurs collègues de travail, maquereaux et clients, les péripatéticiennes de l’archipel se transforment donc en outil de lutte contre l’abstention, ce fléau de la démocratie.

« Tous ceux qui travaillent dans le coin ont le désir de voter. On doit le faire », explique Ani, 28 ans, arrivée de sa campagne il y a un an pour se prostituer à Jakarta. « J’ai parlé de ça à tous mes habitués, je ne sais même plus combien. La plupart d’entre eux savaient déjà comment voter », ajoute pour sa part Ati, 25 ans, qui concède ne pas être sûre que l’attention de ses clients se soit bien portée sur ses qualités… civiques. « Si vous tombez sur des mecs bourrés, c’est difficile de faire passer le message », ajoute-t-elle encore avec réalisme sur sa nouvelle mission. Toujours dans le même registre, lu dans Suara Merdeka, l’info selon laquelle la Commission électorale de Tegal (Java-Est) a demandé à tous les patrons de maisons closes de donner un congé à leurs employées afin qu’elles puissent voter. « Presque toutes les prostituées qui travaillent ici viennent d’ailleurs, il faut donc qu’elles puissent rentrer chez elles pour pouvoir utiliser leur droit de vote », a expliqué Ahmad Sayuti, un membre de la commission. « Que je vote ou pas, c’est pas ça qui va modifier ma condition. Je vais rester pute, ça va rien changer », constate cependant avec amertume l’une des interviewées.

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