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Aide humanitaire : étrangère donc suspecte…

Lu dans les colonnes du journal anglophone The Jakarta Post, cet éditorial d’Endy M. Bayuni sur le vent de xénophobie qui s’empare des politiciens indonésiens à chaque fois que l’aide étrangère débarque en masse sur le sol national après une catastrophe. « Incroyablement, cela se produit à nouveau, à peine les volontaires de l’aide internationale avaient-ils posé les pieds à Jogjakarta que des voix s’élevaient au Parlement pour demander quand ils allaient partir et si leur présence était vraiment nécessaire », explique le journaliste dans l’édition du 8 juin dernier. Il rappelle ensuite que le même débat avait surgi au lendemain du tsunami qui a frappé Aceh en décembre 2004 lorsque le vice-président Yusuf Kalla avait ordonné que les bénévoles de l’aide internationale « quittent l’Indonésie dans les trois mois ». Dans un climat de suspicion orchestrée depuis la capitale, de nombreux politiciens affirmaient que « ces troupes étrangères faisaient de l’espionnage » ou que « ces ONG occidentales n’étaient là que pour christianiser Aceh la musulmane ».

Selon Endy, « cela montre à quel point le sentiment xénophobe est fort parmi certains membres du gouvernement et du Parlement » et il ajoute que ce sentiment est « si pressant qu’ils ne peuvent s’empêcher de soulever cette question publiquement » rompant ainsi avec la tradition d’accueil dont l’Indonésie s’enorgueillit si souvent. L’éditorialiste fustige ensuite les raisons invoquées par ces tribuns, dont ils ne citent ni les noms ni les appartenances politiques. « Ils ont affirmé qu’il y avait déjà suffisamment de docteurs et d’hôpitaux de campagne sur place, contredisant ainsi les nombreux reportages qui assuraient que de nombreux habitants de la région n’avaient toujours pas reçu les moindres soins », poursuit-il. Ces volontaires étrangers « n’étaient pas là depuis une semaine qu’on leur avait déjà fait sentir qu’ils n’étaient pas les bienvenus », conclut Endy. Apres le tsunami d’Aceh, le malaise avait été si profond que le président SBY avait donné une longue interview dans le magasine « Time » pour réparer les dégâts. On le voyait en couverture avec cette phrase en exergue: « L’Indonésie exprime sa gratitude envers la communauté internationale ».

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