Sur le modèle de New York, Melbourne, Sydney ou Londres, capitales ayant toutes rendu publique leur vision urbaine future, Jakarta s’est donc dotée d’un plan 2030 créé par l’Agence locale d’urbanisme. Celui-ci est disponible sur le site internet [www.rtrwjakarta2030.com->www.rtrwjakarta2030.com]. La principale maquette disponible ne montre que l’évolution attendue du centre et du sud de la ville, incluant dès lors les principaux axes que sont Jalan Sudirman et Jalan Thamrin, le Monument National et Jalan MT Haryono. Cette maquette présente la première phase tant attendue du système de transport rapide reliant Lebak Bulus dans le sud à Dukuh Atas et les voies du monorail passant par Jalan Asia-Afrika. Le plan inclut également la création de nouvelles autoroutes urbaines et un système de « park and ride » incitant les automobilistes à laisser leurs véhicules en périphérie et à utiliser les transports en commun.
L’initiative est louable, a le mérite d’exister et présente deux ans de travail de l’agence urbaine de Jakarta. Elle a pourtant été rapidement et vivement critiquée pour son manque de concertation avec les habitants. Un collectif « Coalition Jakarta 2030 », sous la houlette d’urbanistes jakartanais, s’est très rapidement créé afin d’inciter le gouvernement local à prendre en considération les avis et recommandations de ceux qui vivent Jakarta au quotidien. Fauzi Bowo les a entendus et incite chacun à venir observer les maquettes et à donner son avis sur le site internet.
Doit-on cependant considérer cette initiative de planification comme une image crédible de ce à quoi ressemblera Jakarta dans vingt ans ? Difficile à dire. Il s’agit davantage d’une direction vers laquelle il serait appréciable de tendre. Le gouvernement local actuel ne sera plus le même et les objectifs du prochain gouverneur seront peut-être différents. Les projets de transports en commun ont depuis longtemps été sur la table des différents décideurs sans que rien ne se développe concrètement, si ce n’est quelques pylônes de béton disséminés ici et là dans la capitale. Le tout nouveau canal de l’est semble permettre la réduction des inondations dans certains quartiers de Jakarta, mais d’autres sont toujours en proie à la montée récurrente des eaux. L’étude réalisée par la Banque Mondiale l’année dernière et prédisant qu’en cas d’inaction l’affaissement de Jakarta pourrait ensevelir la moitié nord de la ville sous les eaux d’ici 2025 n’incite pas forcément à l’optimisme.
Néanmoins, il faut souhaiter que ce travail remarquable réalisé par les équipes locales donne les orientations à suivre aux prochains gouvernements, ainsi qu’à l’actuel. Les habitants de Jakarta ont aussi une occasion rare de donner leur avis et d’essayer d’influer sur le devenir de leur ville. Saisissons cette chance et réfléchissons au futur de Jakarta. Et s’il n’était pas trop tard ?
