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CAR FREE DAY, CIRCULEZ, Y A TOUT A VOIR !

Ce pourrait être comme dans beaucoup de capitales du monde une simple parenthèse sans voiture de quelques heures pour permettre aux habitants de s’égayer, marcher, courir ou simplement se promener sur un espace d’ordinaire réservé à la toute puissante civilisation de l’automobile. Et tout le monde sait comment en Indonésie la bagnole prime tout et donne à son propriétaire tous les droits sur le vulgum pecus qui est assez pauvre et bête pour se déplacer a pedibus sous un soleil et dans une poussière et pollution pareilles !

Mais à Jakarta, ces quelques heures de grâce qui ont lieu tous les dimanches matin de 6h à 11h sur Jl. Sudirman et Thamrin, donnent lieu à une véritable performance, presque artistique, sur ces grandes artères tant on y assiste à un spectacle bariolé et multiculturel à l’image de l’Indonésie et de sa mosaïque de peuples. A la vérité, il y a tellement de monde qui s’y presse, surtout aux alentours du Monas, qu’on a du mal à courir et à se frayer un chemin. Le peuple reconquiert le trottoir et le macadam, on ne sait pas si sous les pavés se trouve la plage mais l’événement est festif et joyeux. Tout le monde est là : les aveugles qui fendent la foule à contre-courant en s’époumonant dans leur micro pour qu’on leur donne la pièce, les danseurs, les manifestants avec leurs pancartes, les vendeurs d’accessoires pour vélo, de boissons, les propriétaires de chiens de race dans un square adjacent, un chanteur lyrique, les fliquettes sexy à vélo, les orchestres de jeunes qui lèvent de l’argent pour leur mosquée…

Une fois dépassée la foule, l’horizon s’ouvre sur Jl. Thamrin, on commence à trouver sa cadence et libérer sa foulée, courir le long des gratte-ciels offre des perspectives magnifiques. Un peu plus bas, en récompense de tous ces efforts et de la sueur versée, on pénètre dans le pasar sarapan, ce n’est pas le pasar malam mais le marché dressé le matin pour offrir un choix de petits déjeuners et de collations hors du commun. Voilà, comment un événement sportif se transforme en un gigantesque bordel, oserai-je dire, ce bordel qu’on aime tant en Indonésie et dont chaque événement populaire prend la coloration tant la foule est nombreuse, indisciplinée et animée de mille désirs.

Socrate Georgiades

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