Il y a d’abord eu cette pluie engendrant une sortie d’avion des plus atypiques : voilà qu’on nous accueille individuellement, sur le tarmac de l’aéroport de Komodo, avec de gigantesques parapluies.
Alors oui, pour que poussent les Flores (“fleurs” en Portugais, d’où le nom donné par des explorateurs pourtant venus y trouver des épices..), il faut bien qu’il pleuve. Donc on ne dit rien, mais ça commence tout de même sous de mauvais cieux… Les ponchos sont dégainés plus vite que notre ombre : c’est parti pour découvrir la rue principale de Labuan Bajo, nous voici à l’assaut de l’archipel de Komodo, à l’est de Bali.
La première impression n’est vraiment pas des meilleures. La pluie a fait surgir dans l’air de sulfureuses effluves d’eaux usées. Les trottoirs et ruelles prennent des airs de tranchées chaotiques. L’eau est là, partout elle s’infiltre et s’immisce : au sol, dans l’air, sur notre peau et nos vêtements…Pas de doute, c’est bien la saison des pluies et nous sommes bien sur une île tropicale. Cette eau, c’était notre quête certes, mais on se l’imaginait bien naïvement turquoise comme dans un lagon ou sous forme de glaçon rafraîchissant dans un jus de fruits frais.
Il en faut cependant plus pour nous détourner de nos objectifs touristiques. Nous voilà donc arpentant le « centre-ville » qui regorge de cahutes pour réserver des excursions touristiques, principalement en mer. Début d’une errance où l’on se prend l’eau, la tête, les portes et on en passe… pour trouver un bateau prêt à nous emmener vers notre week-end de rêve. Au gré de notre obstinée recherche, la pluie se fait plus rare, jusqu’à miraculeusement s’arrêter.
Comme par magie, cette artère nous paraît alors beaucoup plus accueillante.
La fin de la tombée des eaux sèche enfin nos larmes de crocodiles (ou de dragon pour faire plus local). Nous trouvons un bateau, un capitaine et ses moussaillons, prêts à lever l’ancre vers les trois îles les plus proches… puisque nous ne souhaitons pas jouer avec le feu – enfin avec l’eau- et nous retrouver prises au piège d’une météo dangereuse.
Et c’est donc presque allègrement que nous sautons à travers les flaques boueuses du port qui nous mènent à notre embarcation. Il faut pour cela jouer aux acrobates à travers un dédale de navires pour grimper et évoluer de pont en pont, de corde en corde, glissantes…bien sûr. Entourées par ces loups de mer, nous cherchons un coin à l’abri des regards indiscrets pour mettre nos maillots et sarong. Ça sera les micros wc, dont les lattes ajourées du plancher ne laissent qu’une fragile protection entre nous et l’eau. Une tong à la mer plus tard, et vêtues de nos tenues de naïades… le capitaine nous annonce laconiquement : « tidak bisa ». Une histoire de papier, de police, de météo ? Les trois à la fois peut-être. Et même pas un verre d’eau pour nous faire avaler cette amère pilule.
Re-traversée des flaques boueuses du port, cette fois-ci en maillot/sarong et moins allègrement qu’à aller. Retour au comptoir de l’agence. Remboursement. Nous voilà pour ainsi dire le bec dans l’eau. Éclaircie du ciel et éclaircie dans la quête. Cette fois c’est la bonne. Après 1h30 d’attente sur le célèbre ponton rose de Labuan Bajo, nous finissons par prendre le large, et sous un ciel bleu azur et un soleil perçant. Notre escapade est enfin sauvée des eaux ! Le visage paradisiaque de l’archipel a fini par s’extirper des nuages. Avant tout, Florès est la terre des dragons de Komodo. Ce varan est l’espèce de lézard la plus grande au monde, (2 à 3 mètres) et peut peser jusqu’à 70 kg. L’espèce est considérée comme menacée, d’où la création du parc national de Komodo. Petit conseil, sur Rinca, il est également possible de se balader pour observer la créature en liberté et à moins cher.
Il y a ensuite l’instagramable Pink beach/Pantai Merah (avec filtre sinon ça reste trop subtil), couleur due aux microscopiques foraminifères produisant un pigment rouge sur les récifs. Mêlé au sable blanc, il confère ainsi cette couleur rosée à la plage.
Il nous aurait fallu une dizaine de jours pour pouvoir profiter de la beauté qui ruisselle de chaque recoin de l’île. Ruisseler c’est le mot, parce qu’à Florès c’est l’eau qui a tout sculpté : les plages cristallines, les montagnes d’un vert fluo étourdissant grâce au généreux elixir, les grottes avec stalactites et stalagmites mais aussi les lacs souterrains, et bien sûr, car nous sommes en Indonésie, des rizières utilisant un habile système d’irrigation.
Les montagnes, telles des îles flottantes sur des eaux bleu marine, roi, ciel ou turquoises, offrent un terrain de jeu idéal et quasi désert pour jouer aux aventuriers. Ici, chaque île à un peu sa spécificité. À Menjerit, on a aimé observer les poissons jouer à cache-cache entre les coraux, tandis que les oiseaux ont choisi la mangrove de Kalong comme terrain de jeu. Comme un blanc en neige dans un océan de crème anglaise, la minuscule île de Kelor, elle, se dresse au milieu d’un lagon translucide et nous a fait fondre tel un iceberg.
Pour découvrir l’archipel de Komodo plus en profondeur : masque, tuba et on y va ! Avec comme spots insolites : l’île de Taka Makassar, un banc de sable perdu dans l’océan, idéal pour le snorkeling. Et pour ceux qui aiment les gros poissons, direction Manta Point à la rencontre des reines de l’eau. Une fois libérées, délivrées de nos palmes, retour à la terre ferme.
On a pu se la jouer Jules Verne plutôt que Robinson, bien que l’eau soit toujours un peu associée à la terre ici. Au milieu de l’épaisse forêt émeraude, se trouvent la cascade Cunca Wulang et ses piscines naturelles. Pensez à prendre de bonnes chaussures, maillots de bains et provisions. Et oui là-bas, pas de petit épicier pour combler les envies de noix de coco ou de bière bien fraîches.
Dans les terres toujours, Rangko Cave c’est un peu “voyage au centre de la terre” et encore de l’eau, sous une autre forme. Pas besoin de 80 jours pour s’y rendre, mais seulement 1 h de route depuis Labuan Bajo. Un lieu sorti tout droit d’un film fantastique : stalagmites, stalactites, lagons au bleu hypnotique et chauve-souris. Si vous manquez de temps pour vous y rendre, Batu Cermin Cave sera une bonne alternative.
Puis au retour à Labuan Bajo, filez en prendre plein les yeux du haut de Bukit Amelia, renommée la colline « de l’amour ou du coucher de soleil » qui donne à voir criques et lagons à 360°.
Et pour finir en beauté, eau (poissonneuse) cette fois-ci avec le Night Fish Market : c’est l’option la plus authentique et fraîche en terme de restauration sur l’île.
A Florès, l’eau nous a d’abord menées en bateau avant de couler de source : véritable coup de coeur !
Vol direct A/R Denpasar-Labuan Bajo entre 800K et 2 millions de roupies selon la période.
Si comme nous, vous vous faites prendre par la pluie ou que le soleil tape trop fort, allez vous réfugier au Café Melinjo. Créé par un couple de Français ce “café-bakery” est dans le building flambant neuf de la marina. Dans un cadre design et cozy, vous pourrez déguster les viennoiseries françaises et autres gourmandises (oh le savoureux cannelé!), faites sur place, par une équipe locale (très souriante). Et que dire du café…!
Par Meryam El Yousfi et Jeanne Dauthy