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L’OISEAU DE NYEPI

Ces temps-ci, dans les jardins balinais, on entend un Fi..fifi..Fiiiiiii !!! strident qui rappelle le sifflet du maître-nageur lorsqu’il nous enjoint de ne pas nous aventurer trop loin et de revenir vers le rivage… donc dans mon esprit « ça » a longtemps été l’oiseau maître-nageur. Toutefois, à une époque je vivais près d’un carrefour et il m’est arrivé de me demander si ce n’était pas le coup de sifflet d’un polisi qui me perçait les tympans !

Ma pembantu balinaise dit qu’on l’appelle burung Nyepi, l’oiseau de Nyepi, et que c’est un saisonnier qui apparait un mois avant le Nouvel An balinais. Vous l’avez entendu à d’autres moments ? Moi aussi mais comme notre monde est détraqué… En fait, je n’ai jamais vu à quoi il ressemblait. Il serait petit, avec une tête bleue. Il se percherait en hauteur mais je n’ai pas poussé la curiosité jusqu’à grimper sur une échelle et encore moins sur le tronc de l’arbre. Ron Lilley, notre spécialiste local en serpents et bébêtes en tous genres, pencherait pour un coucou… Ne pas confondre cependant avec celui qui fait un FIIIIIfiiiiiiiFIIiiiiiiiffuuUuuuu… plus ondulant qui s’atténue peu à peu pour se terminer dans un soupir. A moins que ce ne soit un burung Nyepi qui rende l’âme en fin de saison ?

Pour notre ami Nana – prénom masculin courant à Java-Ouest – c’est… un fantôme ! Sauf qu’en indonésien le terme burung hantu est déjà réservé pour le hibou pour cause de « houhou ! ». Il est vrai que le burung Nyepi est spécial car il ne s’arrête même pas la nuit alors Nana l’appelle l’oiseau de mauvais augure, l’oiseau de malheur. J’avoue que son sifflement persistant, limite narquois, peut taper sur le système… jour et nuit ! Pour peu qu’on soit mal luné ou insomniaque, on peut craindre qu’il nous apporte le mauvais œil… Prophétie auto-réalisatrice puisqu’être nerveux augmente nos risques d’avoir ensuite un accident !

L’autre jour, Nana, qui séjournait chez nous, a pris le volatile en grippe et, à défaut de pouvoir lui tordre le cou, a saisi une pierre et levé le bras d’un air menaçant en direction de l’arbre où se cachait le burung… qui s’est aussitôt tu ! «Tu vois que c’est une créature diabolique ! Il sait très bien ce qu’il
fait ! », fulminait-il. Devant une preuve aussi irréfutable, il ne servait à rien de faire remarquer à cet urbain stressé qu’on était encore tous bel et bien vivants. N’importe comment, l’oiseau de Nyepi devrait disparaitre de lui-même à la fin de la saison des pluies et plus personne n’y pensera plus jusqu’à l’année prochaine…

 

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