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LA FRANCE REPLACE L’INDONESIE SUR LA CARTE

En toute fin de mandat, le président de la République française François Hollande a effectué une visite officielle en Indonésie fin mars. Face à une croissance en berne dans l’Hexagone, le président a clairement mis l’accent sur le développement des relations économiques entre les deux pays. 

Demandez aux Indonésiens ce que représente la France pour eux. Si leur réponse est positive, ce qui ne sera pas forcément le cas, les chances sont que vous entendiez parler de Zidane, ou de Griezmann pour les plus jeunes, et de romantisme. Mais rarement d’un pays qui représenterait un partenaire économique de premier plan pour l’Archipel.

Et pour cause, jusqu’à maintenant, la France a toujours donné l’impression de n’accorder qu’une importance toute relative à l’Indonésie, voire une méconnaissance, et d’être en retard sur bien d’autres grandes économies occidentales dans sa relation avec le quatrième pays le plus peuplé de la planète. Un pays qui représente pourtant 40% du PIB total de l’ASEAN. Parmi nos partenaires européens, la Hollande et l’Allemagne ont par exemple une connexion bien plus établie et on ne trouve pas trace de la France parmi les quinze principaux partenaires commerciaux de l’Indonésie.

Cela semble toutefois évoluer actuellement. La valeur du commerce bilatéral a ainsi atteint 3,9 milliards d’euros en 2016, un chiffre en hausse de 12% par rapport à l’année précédente, avec un excédent commercial de plus de 600 millions d’euros au bénéfice de la France. Quelques 200 entreprises françaises y employant plus
de 45 000 personnes ont des opérations en Indonésie, essentiellement dans l’automobile, le transport, l’énergie, l’alimentaire, la chimie, le tourisme et les produits de consommation à haute valeur ajoutée. Bien que ce nombre soit encore relativement limité, il a doublé ces deux dernières années. A l’inverse, le nombre d’entreprises indonésiennes implantées en France est très faible et celles-ci sont en majorité impliquées dans l’industrie du papier. On peut néanmoins noter l’annonce de la prise de participation majoritaire très récente de la compagnie pétrolière nationale Pertamina dans le numéro deux français du secteur, Maurel et Prom.

Un grand intérêt commun pour les énergies renouvelables
C’est dans ce contexte que la visite du président Hollande s’est effectuée. Qualifiée d’historique par la ministre des Affaires étrangères indonésienne (aucun président français ne s’était en effet déplacé en visite officielle ici depuis 1986), la venue du chef de L’Etat, accompagné d’une trentaine de chefs d’entreprise, a permis de mettre l’accent en particulier sur les énergies renouvelables. La France a une expertise dans le domaine et ce savoir-faire pourrait être très utile aux objectifs indonésiens. Le gouvernement du président Joko Widodo a en effet pour objectif de générer 23% de la consommation d’énergie du pays par l’intermédiaire de sources renouvelables à l’horizon 2025.

Cet intérêt pour les énergies renouvelables s’inscrit par ailleurs dans la continuité de la politique de l’administration Hollande, visant à utiliser la diplomatie économique comme un outil de politique étrangère autant qu’un moyen de raviver la croissance d’une économie nationale moribonde. A cet effet, la création d’un « club » informel faisant la promotion des énergies renouvelables a été annoncée. Celui-ci devrait faciliter les contacts entre les entreprises et officiels des deux pays impliqués dans le secteur et s’inscrit dans le partenariat stratégique déjà existant entre les deux pays depuis 2011.

national02La visite du président Hollande avait été précédée en février de celle d’une délégation du Mouvement des Entreprises de France (MEDEF), soucieuse d’approfondir la connaissance du climat politique et de celui lié a l’investissement en Indonésie, puis de celle du ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault. Cette dernière, en plus de préparer la visite présidentielle, avait déjà permis la signature d’accords portant sur la coopération spatiale ainsi que la formation et l’éducation diplomatique.

De plus en plus d’étudiants indonésiens en France
L’Indonésie considère également les négociations d’un accord de partenariat économique entre l’Union Européenne et l’Archipel comme une priorité. Au-delà de l’aspect économique de la visite, les discussions ont aussi concerné les frontières maritimes, le renforcement de la coopération anti-terroriste, le conflit israélo-palestinien et l’éducation. Le nombre d’Indonésiens étudiant en France est en croissante constante (+38% entre 2011 et 2015). Plus de 3000 étudiants indonésiens ont ainsi effectué leurs études supérieures dans l’Hexagone depuis 2011. Aucun mot en revanche sur Serge Atlaoui, ce Français condamné a mort en Indonésie et au sujet duquel les relations diplomatiques entre les deux pays s’étaient légèrement tendues il y a quelques mois.

La visite présidentielle française, ainsi que celles qui l’ont récemment précédée, représente ainsi une rare opportunité qui montre l’intérêt croissant de la France et de ses entreprises pour l’Indonésie, et devrait très sensiblement booster les investissements français dans l’Archipel. Cette étape prouve que le climat indonésien est désormais considéré comme propice à l’investissement étranger par les entrepreneurs français.

Si cette prise de conscience intervient peut-être plus tard que celle d’autres économies occidentales, elle devrait néanmoins permettre d’accélérer les investissements en 2018. Avant cela, tout sera assujetti au climat interne français, lié à l’élection présidentielle. Et dès 2019, c’est l’Indonésie qui se choisira un président. Les Indonésiens ne sont peut-être pas près d’oublier Zidane…

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