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Visite à LP Kerobokan

On connaît tous cette immense enclave dans Kerobokan. Des hauts murs blancs surmontés de barbelés, des miradors vétustes et l’entrée marquée « LAPAS DENPASAR ». LAPAS pour « Lembaga permasyarakan » ou Institut d’insertion sociale.
Mais comment est-ce à l’intérieur ? Si certains sont contraints d’y rester, pour les autres c’est presque entrée libre aux heures de visite. Quelques formalités à remplir : on dépose une pièce d’identité et son téléphone portable, on est fouillé, manuellement car il y a longtemps que les scanners automatiques sont hors d’usage. Comme dans les bals de village, un gardien appose un tampon encré sur la main (surtout ne pas l’effacer si on veut sortir). Puis on est admis dans le saint des saints mais on y entre de biais car la grille est bloquée entrouverte pour éviter les évasions. Enfin on arrive au parloir.

C’est le choc. Une cour carrelée de 20×10 mètres, noire de monde, surmontée d’une verrière. D’abord c’est la chaleur, l’endroit est d’ailleurs surnommé « le four à micro-onde » et puis le bruit, causé par le bavardage de plus de cent personnes. Comme sur une plage de la Costa Brava au mois d’août, il faut se ménager un coin libre au milieu des autres qui se poussent gentiment. On s’assied à même le sol. L’atmosphère est bon enfant : ça parle, ça fume, les enfants courent, il y a des bébés. Dans un coin, un prisonnier joue du xylophone en bambou. On déballe le contenu des sacs, trésors venus de l’extérieur qui vont améliorer l’ordinaire car il y en a bien besoin. Deux jeunes Australiennes émues sont venues en pèlerinage rencontrer leurs compatriotes condamnés à perpète. Mais ce n’est pas le bonheur. Une épouse raconte ses difficultés à son mari penaud, des enfants dévisagent le père dont ils sont privés. Dans un coin, un jeune couple, étreinte frustrée, baisers furtifs. Un prisonnier confie à sa femme les tableaux qu’il a peints au marc de café, réussira-t-elle les vendre ? Misère affective, dénuement, ennui, sans parler de tout ce qui est souterrain : gang, mafia, extorsion, drogue… Mais que cela ne vous empêche pas de rendre visite aux Français qui s’y trouvent. La faute n’empêche pas la compassion. Et puis c’est toujours une expérience. Les volontaires peuvent me contacter au 285 485, je leur indiquerai la marche à suivre.

Autres nouvelles :
Le club « Bien à Bali » compte déjà 25 membres : rencontres, sorties, déjeuners, entraide.

Jacques Eloy, résident de longue date à Bali, est décédé le 11 février.

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