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Une Marianne en furie

8h30, le téléphone sonne déjà. C’est la voix affolée d’un membre du banjar de Kuta-nord. Il y a là-bas, dans le marché, une jeune femme à demi nue, hystérique qui ne veut ni se laisser approcher ni se rhabiller et qui crie qu’elle est française.
Je ne me vois pas dompter cette Marianne en furie devant une foule de badauds balinais et, ce matin-là, je ne suis pas disponible dans l’instant. J’appelle la police de Kuta, après tout, c’est bien leur mission d’assurer l’ordre public.

Deux heures plus tard, libéré de mes rendez-vous, je peux me rendre au commissariat ayant pris soin de chiper un vêtement dans la garde-robe de mon épouse. Je trouve la jeune femme assise et ligotée par des liens d’étoffe sur un banc. Elle est très agitée, profère des injures qu’heureusement les Indonésiens ne peuvent comprendre. Je suis obligé de crier plus fort pour la calmer. La police pressée de s’en débarrasser, ne demande ni rapport ni bon de sortie. Je peux donc lui promettre de l’évacuer immédiatement et l’amener à son hôtel. Elle s’assagit, accepte de troquer la vilaine couverture du poste de police contre ma jupe prêtée à fonds perdus.

Nous sortons du poste sous une nuée de caméras et, comme en Amérique, je réponds « no comment » aux micros des reporters avides.
Dans la voiture elle m’explique qu’hier soir elle se promenait dans la foule de Kuta et qu’elle y a perdu ses amis français. Ensuite c’est un trou noir jusqu’à son réveil sur le marché de Kuta.

Hypothèse : la voyant seule, un quidam l’aborde et lui offre un verre dans lequel il verse une poudre invisible et sans goût. Au bout de quelques minutes, la victime devient totalement docile : elle confiera par exemple sa carte de crédit et dévoilera son numéro secret. Et bien sûr, cela peut aller jusqu’au pire. Plusieurs heures après on sort de l’hypnose et on ne souvient absolument de rien. Cette drogue est connue de la police, elle est utilisée par les vétérinaires et s’acquiert facilement.

Alors attention, il y a des endroits de Kuta qui deviennent dangereux. Certains y fréquentent le jardin du ciel, endroit mal nommé, car il ne se passe pas une semaine sans qu’un Français ne vienne me raconter un vol d’argent, une agression de pickpockets ou même une bagarre violente.

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