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Un sénateur tourné vers l’exterieur

Afin d’éviter tout malentendu, rappelons que les conférences de l’UIP et l’Assemblée des Français de l’Etranger (AFE) sont deux choses bien différentes. La première, créée en 1889 par le Britannique William Randall Cremer et le Français Frédéric Passy, promeut l’idée que « la démocratie doit être à l’origine de la paix dans le monde », explique ce sénateur qui connaissait Bali grâce à une conférence de l’OPEP. La seconde est l’assemblée représentative des quelques deux millions de Français établis hors de France, regroupant 155 élus en provenance de 55 circonscriptions sur toute la planète. L’une et l’autre font partie des nombreuses charges politiques de ce sénateur dynamique, ancien rédacteur en chef d’une radio autrichienne et lui-même ancien Français de l’étranger.

A la tête de sa délégation de 15 personnes, regroupant 4 sénateurs et 4 députés partagés entre majorité et opposition, et des fonctionnaires de ces deux chambres, Robert del Picchia affirme que l’UIP propose un « regard sur la démocratie, les parlementaires et leur rayon d’action ainsi qu’une aide de premier ordre pour les pays en voie de développement démocratique ». De fait, depuis la fin du 19ème siècle, cette institution basée en Suisse, qui possède aussi un bureau à New York, réunit deux fois par an les parlementaires de près de 150 pays pour qu’ils réfléchissent ensemble sur les problèmes internationaux et apportent des recommandations sur les moyens d’agir. Au programme de cette 116ème réunion de Nusa Dua, prévue à l’origine à Bangkok mais suspendue pour cause de coup d’état, les dossiers brûlants du réchauffement de la planète, de la cohabitation interconfessionnelle – un dossier sur lequel l’Indonésie a son mot à dire – de la sécurité de l’emploi, de l’égalité des droits démocratiques et du terrorisme international et de son financement.

Plus particulièrement en charge du dossier inter-religieux, le sénateur français note que l’organisation indonésienne est remarquable et apprécie que Jakarta se soit proposée en remplacement de la Thaïlande – qui ne répond plus aux critères démocratiques depuis le putsch – tout en oeuvrant politiquement pour sa réintégration rapide au sein de l’UIP. « Il s’agit d’un message fort de l’Indonésie qui s’inscrit de plus en plus dans le processus démocratique », argumente-t-il. Introduit en fonction d’un mécanisme qui autorise les « points d’urgence », le dossier irakien a été abordé à Bali, l’occasion pour l’Indonésie de demander expressément le retrait des troupes américaines d’Irak. Robert del Picchia remarque ainsi le retour « de la politisation des débats » au sein de l’UIP. Il est à mentionner que les Etats-Unis ont quitté l’institution depuis des années après avoir cessé de payer leur quote-part depuis plus longtemps encore et que la délégation israélienne était absente de Bali après que Jakarta ait affirmé son incapacité à pouvoir assurer sa sécurité… Le sénateur reste cependant confiant dans l’utilité de l’UIP : « La diplomatie parlementaire peut faire ce que les gouvernements ne peuvent pas faire ».

En tant que représentant des Français établis hors de France, Robert del Picchia a affirmé apprécier son séjour à Bali où de nombreux compatriotes sont venus s’installer. « Le système français est le meilleur pour représenter ses nationaux établis en dehors du territoire », rappelle celui qui a participé au dépoussiérage de cette institution datant de l’après-guerre. Lui-même élu délégué indépendant en 1988 alors qu’il était encore rédacteur en chef à Vienne, Robert del Picchia à l’expérience du terrain. Elu sénateur en 1998, il est revenu en France après l’avoir quittée à l’âge de 26 ans, et a intégré le groupe RPR du Sénat où on lui a attribué, non sans moult tergiversations, le poste qu’il occupe encore aujourd’hui. Depuis, il voit en réunion trimestrielle les 155 délégués du monde entier et discute avec eux des questions relatives à ces 2 millions de concitoyens : écoles, affaires sociales, problèmes de nationalité, sécurité…

A l’origine du vote par l’Internet lancé l’an dernier, le sénateur a des projets plein son sac. Un fonds de solidarité pour ceux qui ont perdu leurs biens à la suite de catastrophes naturelles – comme cela s’est produit lors du tremblement de terre de Yogyakarta l’an dernier – ou à cause de troubles politiques. Financé par des contributions prélevées sur les taxes administratives et par des cotisations volontaires, « ce fonds de solidarité pourrait être mis en place dans les deux ans », affirme-t-il. Le lycée gratuit grâce à des bourses distribuées à tous les élèves des classes de seconde, première et terminale, sans remettre en cause les bourses répondant aux critères habituels dans les classes inférieures. Et enfin, une nouvelle réforme de l’AFE avec la création de postes de députés des Français de l’étranger. Il y aurait 4 régions, Afrique, Asie, Amériques et Europe, et trois députés éligibles par région. Un projet que Robert del Picchia espère mener à terme lors de la prochaine législature.

L’univers des Français de l’étranger est en pleine mutation. Habituellement étiquetés comme des « néo-colons partis s’enrichir à l’étranger », comme le rappelle Robert del Picchia, leur image est en train de changer. Notamment depuis que des dizaines de milliers de personnes quittent chaque année le territoire et la sinistrose bleu-blanc-rouge en quête d’une vie meilleure. De France terre d’asile à France terre qu’on quitte, il n’y a qu’un pas que beaucoup se sont déjà décidés à franchir et qui promet un bel avenir à cette Assemblée des Français de l’Etranger.

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