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Remonter aux sources de Waterbom avec Sayan Gulino

Waterbom prend sa source à Bali. Née en 1993, cette entreprise familiale a été pensée et créée par un Italo-Américain installé sur l’île, Santo Gulino. Aujourd’hui managée par un « enfant du pays », son fils Sayan Gulino, Waterbom fait partie des attractions bien connues des touristes à Bali. Au cœur du parc aquatique, le challenge : respecter les idéaux hippies et écolo sur lesquels reposent les fondations de l’entreprise sans nier les exigences économiques d’un business face à la concurrence, dans une île devenue la nouvelle destination phare du tourisme de masse en Asie.

« Il était une fois, à Bali… » Une fois n’est pas coutume, notre portrait business et surtout l’histoire de Sayan Gulino, manager général de Waterbom, pourrait commencer ainsi, à l’image d’un conte pour enfants. Car s’il est là aujourd’hui, c’est qu’à la fin des années 70, Isabelle, une jeune Française diplômée de l’école des Beaux-Arts en vacances à Bali, a rencontré Santo, un jeune Italo-Américain, travaillant dans l’industrie du reggae. « A l’époque, on débarquait à Bali grâce au bouche-à-oreille. Peu de gens savaient situer l’île sur une carte. C’était un petit paradis tropical pour les hippies. Mes parents, comme les autres étrangers ici, étaient en recherche d’un lieu empreint de mysticisme, et l’île était connue pour ses dieux et ses esprits. » Au cœur d’un Bali perdu qu’on fantasme aujourd’hui, où il fallait se rendre à l’aéroport pour passer un coup de fil à l’étranger, Isabelle et Santo sont tombés amoureux, et vous comprendrez que ce n’était pas seulement de l’île !

La suite ? Dans un petit village près d’Ubud, Sayan, ils ont conçu un enfant répondant au nom de… Sayan. A l’origine, Waterbom Bali n’est donc pas, comme on pourrait le croire, le produit d’une franchise internationale implantée sur l’île, mais l’idée de Santo Gulino. « A la fin des années 80, le seul tourisme qui existait à Bali était un tourisme dédié aux surfeurs. Il n’y avait rien d’adapté pour les familles. » En Europe, les parcs aquatiques voient le jour, mais pour Santo, hors de question de bâtir « un de ses trucs hideux ! » Il fallait construire, oui, mais au milieu de la jungle, dans le respect de la flore balinaise. 

Aujourd’hui, « la jungle » de Kuta a bien changé. Les arbres ont laissé la place au béton et c’est finalement dans les enceintes de Waterbom, répartie sur 3,8 hectares, qu’on retrouve les vestiges de la végétation. D’ailleurs, sur le site Internet du parc, il est indiqué que les espaces verts composent 68% de l’endroit. En 2007, après avoir étudié l’économie puis le management touristique et travaillé en tant que consultant pour Waterbom à Jakarta (revendu depuis), Sayan décide de rentrer à Bali et de se consacrer entièrement à l’entreprise familiale. Ado, il y était homme d’entretien ou maitre-nageur. Quelques années plus tard, il est passé par tous les échelons, de la comptabilité, aux ressources humaines et au marketing, avant de devenir le directeur général de la société. Aujourd’hui, Sayan manage environ 170 employés, tous Indonésiens. Au quotidien, en plus du personnel dédié à la communication, au marketing, à l’innovation, les employés se répartissent également entre le management et la maintenance des 22 toboggans (dont 6 toboggans pour enfants), des 5 piscines, de la cuisine, des 3 restaurants et du spa que comprend le parc.

« L’idée de Waterbom, ce n’est pas juste d’offrir une virée à la piscine aux enfants, mais de passer une vraie journée de détente pour toute la famille. On ne vous vend pas qu’un bon moment, mais une atmosphère, une expérience. » Est-ce que ça fonctionne ? On ne le saura pas vraiment. Sayan Gulino ne désire pas dévoiler le chiffre des visiteurs annuel. Ce que l’on sait, c’est que les clients de Waterbom sont avant tout australiens, locaux, suivis par les Coréens, Japonais et enfin Européens. Aujourd’hui, il affirme que plus que la promotion des médias, c’est le bouche-à-oreille qui fait vendre des tickets d’entrée pour Waterbom. D’ailleurs, l’entreprise aime afficher que le parc aquatique est arrivé numéro 1 en Asie et n°5 dans le monde au classement Tripadvisor de 2014.

Qu’en sera-t-il dans quelques années ? Bali étant désormais l’un des pôles asiatiques du tourisme de masse, la concurrence prend peu à peu de l’ampleur, on pense notamment au dernier né des parcs aquatiques, « Splash » à Canggu. Pour satisfaire et fidéliser sa clientèle, Sayan mise sur l’innovation. « Tous les deux ans, on innove, on améliore, on repense. Waterbom est un canevas sur lequel on ne cesse de travailler. » Au printemps dernier, le parc aquatique inaugurait la fin de sa première phase de rénovation, avec quatre nouveaux toboggans dont le  « Constrictor », long de 250 mètres. Ce mois de juin, le parc devrait achever la seconde phase de rénovation avec l’ouverture d’un nouveau restaurant ainsi que 5 nouveaux toboggans. Parmi eux, Sayan compte bâtir le plus haut du parc, avec 25,9 mètres de hauteur. Plus que du loisir, Waterbom semble désormais miser sur les sensations fortes. « Une fois arrivée au sommet, tu tomberas directement à pic et atteindra l’arrivée en quelques secondes ! » Aujourd’hui déjà, l’effet centrifuge atteint 2,5 g lors d’un passage dans l’un des tuyaux du parc.

Aller toujours plus loin, plus vite, plus haut… Un leitmotiv qui n’est pas forcément simple à mettre en œuvre à Bali. Même si Sayan a pour lui sa maitrise de la langue indonésienne et sa connaissance de la culture balinaise, le manager doit faire face aux différences culturelles qui opposent les exigences du businessman qu’il est à ses employés. Depuis dix ans, l’île connait un essor économique et touristique considérable, mais la société balinaise, elle, reste basée sur le principe de castes. L’ascension sociale telle qu’on la conçoit en Occident n’existe pas ici. Ce qui peut compliquer la tâche de Sayan quand il s’agit de motiver son personnel. « Je suis confronté à cet idéal de vie consistant à gagner suffisamment d’argent pour subvenir à ses besoins et financer les cérémonies, point. Parfois, pour faire comprendre les enjeux de nos politiques, il faut donc vraiment miser sur la patience. »

Bali, sa terre, sa culture, sont donc des parts fondamentales de l’identité de Waterbom, et Sayan, qui a grandi sur l’île, croit au karma et en l’harmonie, au principe du « donner et recevoir. » S’il affirme que donner du plaisir aux gens est son premier leitmotiv, il ajoute que c’est la moindre des choses face au don de l’environnement. « On ne peut pas oublier que l’on doit tout à notre terre. A part si vous aimez passer votre vie dans les malls, l’environnement est important pour vous, et doit être préservé, car tout le monde aime les belles plages, les belles rizières… Les paysages protégés. » Mais alors, comment mener l’ascension de Waterbom à bien, une entreprise qui mise tout sur l’eau, tout en respectant l’environnement, sur une île menacée par l’assèchement de ses nappes phréatiques et une pénurie d’eau douce imminente ? « L’eau transportée par les personnes sortant des piscines et celle des douches est la seule eau gaspillée ici. » Afin d’éviter au maximum les pertes, le système de Waterbom est conçu de façon à ce que celle-ci soit conservée en circuit fermé, propulsée par une pompe dans tout le parc. En sous-sol, elle est filtrée et chlorée avant de refaire un tour du circuit, et ainsi de suite : « Une eau dans laquelle pourraient presque survivre des poissons… »

Pendant notre visite, Sayan nous indique que les anciens matériaux du parc sont réutilisés pour la construction d’autres parties. Accrédité par une récompense d’argent délivrée par l’écolabel Earthcheck, Waterbom se doit de respecter chaque année une politique de développement durable : consommation d’eau, de papier et d’énergie, gestion de ses déchets, utilisation de pesticide, produits d’entretien et d’hygiène et engagement auprès des communautés locales. Tout un programme, qui un jour, peut-être, irriguera l’île des dieux d’un idéal touristique vert ?

Waterbom, Jl. Kartika, Tuban, Kuta.
Tél: (0361) 755 676. Courriel : [email protected]. Site Internet : www.waterbom-bali.com
Facebook : WATERBOM BALI

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