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Les 10 ayant fait l’actualité indonésienne des 10 dernières années

Il fallait en choisir 10. Dix personnalités ayant marqué l’actualité indonésienne de la dernière décennie. Un choix forcément quelque peu empreint de subjectivité. Petit rappel avec humour…

A tout seigneur tout honneur. Susilo Bambang Yudhoyono (SBY) fut le président de la République indonésienne entre 2004 et 2014. Ses deux mandats ont presque épousé ceux de la Gazette et à ce titre, il a souvent eu les (dés)honneurs de la page nationale. Le président mélomane a débuté sa présidence avec le tsunami à Aceh. Peut-être un présage. Son premier mandat fut pourtant loin d’être une catastrophe, aidé en cela par une forte croissance économique. Sur la scène internationale, où il s’est toujours trouvé à l’aise, il a réussi à se donner l’image d’un démocrate réformateur. Mais son second mandat laissera un goût de mauvais durian : indécision chronique, notamment face à ses fous alliés et aux subventions du prix de l’essence, gouvernement en partie incompétent et corrompu, développement de l’intolérance religieuse, pauvreté abyssale des systèmes de santé et d’éducation, absence de développement des infrastructures pourtant incroyablement nécessaires, peu d’évolutions du côté des Droits de l’Homme et de l’environnement malgré les beaux discours.

Sa meilleure ennemie Megawati Soekarnoputri mérite aussi les honneurs de cet article. Au risque du mauvais jeu de mots, l’ancienne présidente (2001-2004) pourrait être résumée comme tel : Kilowati pour son bilan mais Gigawati pour son ego. Ayant basé sa carrière politique sur son nom, la fille du premier président indonésien Soekarno a enchainé deux claques électorales face à SBY et donc dix années dans l’opposition. Sa revanche porte le nom de Jokowi, qu’elle a eu la présence d’esprit de mettre en avant jusqu’au palais présidentiel. Mais elle n’a depuis cessé de lui rappeler qu’il n’est qu’un pantin articulé par ses désirs et par la frustration de dix ans de purgatoire. Elle maintient également une main de fer sur le PDI-P, un parti qui n’a de démocratique que le nom.

La triplette des candidats récurrents à l’élection présidentielle aurait pu être complétée par Prabowo Subianto, l’homme politique qui murmurait à l’oreille des chevaux et qui accessoirement pense que l’Archipel n’est pas prêt à la démocratie, davantage à l’émergence d’un homme fort comme lui. Mais c’eût été dès lors oublier Aburizal Bakrie, un autre grand démocrate comme il l’a démontré à la tête du parti Golkar… Certainement obnubilé par sa volonté de laisser une trace dans l’histoire du pays, celui-ci n’a pas trouvé mieux que de lui léguer un volcan de boue qui n’a cessé de cracher sur les environs de Surabaya sa substance nauséabonde depuis 2006. Empêtré dans des questions secondaires d’impôts non payés, Bakrie a aussi eu la tête de celle qui fut certainement la ministre la plus brillante de ces dix dernières années, Sri Mulyani Indrawati, depuis refugiée à la Banque Mondiale.

L’Indonésie ne serait pas l’Indonésie sans son sport national, la corruption. A ce titre plusieurs dignes représentants du FC Korupsi se devaient de figurer ici. Susno Duadji est l’un d’entre eux. Cet ancien chef des détectives au sein de la police indonésienne fut à l’origine du premier conflit ouvert entre la police et la Commission de lutte contre la corruption (KPK) en 2009. Emprisonné depuis, il restera dans l’histoire comme celui ayant dépeint la lutte entre la police et le KPK comme celle d’un crocodile contre un lézard. Si le crocodile est aujourd’hui tapi à l’ombre, cette réflexion démontre encore toute l’arrogance de la police.

Le système judiciaire n’est pas en reste. En octobre 2013 Akil Mochtar est arrêté chez lui au moment ou il reçoit de l’argent en liquide. Un cas supplémentaire ? Oui mais non. Akil n’est autre que le président de la Cour Constitutionnelle, une institution dont les décisions sont irrévocables. Le public a découvert à cette occasion que les résultats des élections et les recours judiciaires qui parfois s’ensuivaient étaient donc monnayables. Comptez de 200 000 à un million dollars pour un poste de gouverneur. Le bon Akil n’a pas estimé nécessaire de s’excuser. Il a été condamné a perpétuité. L’histoire ne dit pas si le joint et les pilules bleues trouvés dans son bureau ont joué en sa faveur.

Le triptyque police-justice n’en serait pas un sans le législatif. Et qui d’autre que Muhammad Nazaruddin pour l’incarner ? En 2011, Nazaruddin est un député et trésorier tout juste trentenaire du parti démocrate. C’est alors qu’éclate en avril le scandale de corruption du complexe sportif d’Hambalang. En mai, un jour avant que le KPK ne lui interdise de quitter le territoire, le très connecté Nazar s’enfuit vers Singapour. La saga de sa recherche occupera le terrain médiatique jusqu’à son arrestation début août en Colombie. Il est depuis en prison d’où régulièrement il distille des informations sur ses anciens amis politiques et leurs combines politico-financières.

Face à tout ce petit monde se dresse comme un arbre cachant la forêt le KPK. La respectable institution a plusieurs fois prouvé que l’honnêteté est dangereuse en Indonésie. Demandez à Antasari Azhar, président de la commission depuis décembre 2007 et arrêté en mai 2009 pour avoir commandité le meurtre d’un homme d’affaires dans une sombre histoire extra-conjugale. On ne saura probablement jamais si Antasari était coupable. Mais il fut condamné à 18 ans de prison en 2010.

Tifatul Sembiring s’est employé à démontrer avec acharnement que le mélange religion et politique pouvait nuire à la santé. Ministre de la Communication et de l’Information sous le second mandat SBY et ancien président du parti islamique PKS, l’avide utilisateur de Twitter s’est davantage distingué pour ses prises de position controversées que pour sa politique à la tête du ministère. Il expliqua ainsi les catastrophes naturelles par l’immoralité des populations en étant victimes. Puis lia pornographie et développement du Sida, la pornographie pouvant également être cause de catastrophes naturelles. Il citait Hitler sur les réseaux sociaux et hésita à condamner le kidnapping de 276 filles par Boko Haram au Nigeria. Entre autres. N’en jetez plus.

Enfin, pour conclure sur une note d’espoir, finissons avec Basuki Cahaya Purnama, alias Ahok qui représente une bouffée d’air frais, un ovni politique dont on espère qu’il puisse devenir un modèle et une solution aux maux politiques de l’Archipel. Le gouverneur de Jakarta est un chrétien d’origine chinoise, courageux, direct, honnête, rationnel et farouchement anti-corruption. Un cocktail hautement inflammable. Souhaitons qu’il ne se brûle pas.

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