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En route vers le Bali d’avant… avec Michael Palmieri

L’américain Michael Palmieri a d’abord lancé quelques pavés à Paris en 1968 avant de vivre à Ibiza, Katmandou et Goa, puis finalement Bali en 1974. Il nous raconte comment les hippies dont il faisait partie ont débarqué à cette époque sur l’île des dieux.

« Pour moi, ça reste un âge d’or. Il y avait un esprit tribu qui faisait que tout le monde participait aux fêtes ou aux événements que nous organisions. Ca me fait penser aux pow-wow des Indiens d’Amérique du Nord, ces grands rassemblements rituels. On vivait nus sur la plage ou en string, une mode qu’on avait importée de Goa. On avait une consigne du banjar si on croisait des Balinaises, c’était de cacher notre sexe avec notre main. D’ailleurs, à l’époque, il y avait encore beaucoup de jeunes femmes balinaises non mariées qui étaient topless sur la zone de Kuta. Devant la maison que je louais le long de l’actuel hôtel Oberoi (à l’époque le Kayu Wayu), il y avait un dernier coude de la rivière avant qu’elle se jette dans la mer, les femmes venaient s’y baigner en fin d’après-midi totalement nues, ça me faisait rêver en les regardant depuis ma terrasse. L’ambiance était assez magique du fait qu’il n’y eut pas d’électricité jusqu’en 1980 dans les trois endroits où j’ai vécu à Legian, Seminyak et Campuhan. Pour s’éclairer, on utilisait des lampes à kérosène, surtout pas de bougies qui risquaient d’enflammer nos constructions en bois, bambou et bedeg. Pas d’eau courante non plus, alors nos pembantu tiraient l’eau du puits pour alimenter le mandi, j’ai encore ce frisson délicieux de l’eau bien fraîche qu’on puisait dans ce bac.

En matière de distraction, nous ne rations aucune cérémonie balinaise, nous nous sentions vraiment impliqués. Puis en 1977, les choses ont changé à Seminyak, le Blue Ocean a ouvert ses portes. Nous passions nos journées là-bas et le soir, nous migrions tous au Made’s Warung de Kuta, le seul à l’époque. Il y avait aussi le Tuak Bar, dans une ruelle juste derrière le Made’s Warung, ni table, ni chaise, nous nous asseyions sur des nattes et buvions une partie de la nuit du très bon tuak. Difficile aussi de ne pas mentionner ce qui faisait partie de la panoplie des hippies, ce sont les champignons hallucinogènes. La moitié de Kuta était encore couvert de cocotiers, et sous les cocotiers paissaient les vaches et sur les bouses se développaient ces fameux champignons. Les Balinais n’en avaient jamais tiré aucun usage mais les hippies savaient s’en servir. C’était si courant à l’époque que je me rappelle d’une pub dans l’in-flight magazine de Garuda pour un resto de Kuta : « Make sure to visit Midnight Oil for a fabulous magic mushroom omelet ».

L’époque était incroyablement plus libérale que maintenant. Si les flics débarquaient sur Seminyak, les Balinais sonnaient le kulkul mais c’était très rare […] C’était un temps où tous les hippies faisaient éclore leurs capacités artistiques. Soutenus par le talent des artisans balinais, Milo s’est rendu célèbre avec ses collections en lycra, Jean-François Fichot avec ses bijoux, John Hardy qui avait commencé par vendre des colliers en coquillage a eu le destin qu’on sait, Paul Ropp a fait fortune avec ses vêtements d’inspiration indienne […] Quand je suis revenu en 1999 à Bali après 14 ans d’absence, tous mes repères avaient disparu mais certains vieux potes étaient toujours là et c’est toujours le paradis pour moi. Si je devais donner un conseil aux nouveaux arrivants qui ont aussi leur histoire à vivre ici, soyez patients et ayez du respect pour les cultures balinaise et indonésienne, vous aurez une belle vie à Bali. Et aussi n’achetez pas à Bali, la terre appartient aux ancêtres et pas aux promoteurs, ça doit rester comme ça. »

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