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En route vers le Bali d’avant avec Dominique Guiet

« Quand je suis arrivé, la jalan Seminyak était encore en terre. Tous mes copains me disaient que j’étais fou de vivre dans ce coin de campagne loin de nos lieux de sortie à Legian et Kuta : le Kayu Api, le Made’s warung, le Goa, la Marmite à la place de l’actuelle Gado Gado et qui était tenue par un couple de Français.

On se connaissait tous. Quand j’arrivais au Goa, ça me prenait parfois une heure pour dire bonjour à tout le monde. Beaucoup vivaient au Golden Village sur jalan Drupadi, il y avait même un cours privé qui était organisé pour les enfants, il n’y avait pas encore d’école internationale.
On venait tous à Bali pour y passer du bon temps, les gens sont gentils et ils n’ont pas changé, toujours ce magnifique sourire. On cherchait un truc pour y survivre, il n’y avait pas de plan d’enrichissement. D’ailleurs, je remarque que les anciens qui ont très bien réussi sont restés simples, tout au plus ils ont de belles maisons.

A 360°, autour de chez moi (j’habite en face du Banjar Basangkasa), c’était la campagne. Quand j’ai construit mon premier magasin, il a fallu que je me plie aux normes balinaises : des briques rouges, des tuiles obligatoires, de la décoration balinaise. Le magasin suivant était à 200 m. Un jour, ils sont arrivés et ont coupé tous les arbres pour élargir la route de 2 mètres, ils ont goudronné.

On n’avait pas de téléphone, il fallait faire la queue au Krakatoa pour passer un fax mais ça ne nous empêchait pas de faire des containers et ça se passait comme sur des roulettes, je me demande encore comment !
Je n’ai jamais autant assisté à des cérémonies qu’à cette époque. Nous avions un rapport plus proche avec les Balinais, sans doute parce qu’on en avait plus besoin que maintenant, l’administration était beaucoup plus hermétique. On payait des commissions pour tout et n’importe quoi, les nouveaux arrivants s’en étonnent, pourtant c’est une vraie réalité d’ici. Je crois que personne n’a été lésé dans l’histoire. Les propriétaires terriens balinais se sont vraiment enrichis même s’ils se déplacent toujours à vélo comme le mien. Beaucoup de mes ouvriers à qui nous avons appris le travail du bois ont fini par monter leur usine et leur magasin, ils ont bien réussi eux aussi.

Vers 95, les choses ont commencé à changer. D’abord, Goa a changé, c’est devenu trop touristique, beaucoup ont reflué ici et à Ibiza. Et puis la crise asiatique de 97-98 a attiré beaucoup de capitaux à Bali qui a commencé à vraiment se développer. Je suis un peu choqué en ce moment par toutes ces grues et ces hautes constructions, il n’y aucun plan d’urbanisation, j’ai peur que Bali ne devienne comme Hawaï ».

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