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En route vers le Bali d’avant avec Annie Deniau

« Je suis venue à Bali pour la première fois en décembre 1980 avec mon amie Claire. Nous étions navigantes et je n’avais réussi à obtenir que 3 semaines de vacances. Après un stop en Thaïlande et à Singapour, il ne me restait plus qu’une semaine pour Bali. Je ne savais pas que cette semaine changerait le cours de ma vie. Peu de temps après notre arrivée, j’ai rencontré un Français bourlingueur qui avait parcouru et vécu partout en Asie et qui arrivait du Laos. Il m’a fait explorer Bali de fond en comble à moto trial sous la pluie sur des routes caillouteuses ou inexistantes ! Nous allions voir des artisans qui vivaient pour la plupart dans des maisons de bedeg (bambou tressé) au milieu des poules et des cochons… Ils nous recevaient avec la plus grande gentillesse, offrant toujours thé ou café et des tas de fruits… Nous avons ainsi parcouru une bonne partie de l’île souvent sous des pluies battantes…
On se retrouvait aussi sur la plage de Blue Ocean avec toute la communauté des hippies et des routards. Nous étions nus ou en strings et cela nous paraissait normal car personne ne disait rien ! La plage était quasiment déserte en dehors de Kuta et du Blue Ocean. Les routes étaient très peu fréquentées si ce n’est par les bemo publics et les motos, quasiment pas de voitures individuelles à part quelques jeeps… La rue de Legian était jalonnée de restaurants affichant « magic mushroom » et nous roulions à moto sans casque… L’actuel Glory était le dernier restaurant sur la route de Legian. Téléphoner était une véritable aventure car il fallait se rendre à l’aéroport !

Dans nos maisons, il n’y avait pas de frigo mais seulement des glacières et nous ne tartinions que de la margarine Blue Band sur nos toasts. En revanche, il y avait une échoppe qui vendait du vin détourné des compagnies aériennes, le Gevrey Chambertin était au même prix que la piquette. L’électricité se limitait à une ampoule de 25 W par maison et nos toits en alang alang étaient pleins de fuites, il n’empêche que nous trouvions nos maisons sublimes !

Je suis repartie après une semaine bien remplie et le cœur brisé. J’étais en larmes dans l’avion. Surtout que Claire restait plus longtemps que moi. Je quittais Bali qui représentait pour moi la vie rêvée, la liberté, la douceur de vivre et surtout la gentillesse des Balinais. Je suis revenue l’année suivante en 1981 pour 3 semaines et les années suivantes aussi pour passer mes vacances jusqu’au jour où Claire et moi avons décidé de quitter les avions en 1984 pour commencer un business de vêtements dans le but de vivre à Bali une bonne partie de l’année. Nous avons loué une maison au Golden Village et commencé nos allées et venues entre les îles, la France et Bali. Une bonne partie de la communauté occidentale vivait au Golden, c’était un peu le village d’Astérix ! Il y avait des parties presque chaque soir. Nous nous connaissions presque tous. Nous avons continué ainsi jusqu’en 1989 et puis Claire est repartie. Je me suis installée et puis j’ai eu ma fille Mona en 1991 et une autre vie a commencé… C’est la période où les enfants ont commencé à naître et à arriver de partout et les écoles ont fleuri, celle de la route du 66 et puis la petite école française et toutes les autres ! Et le temps a passé très vite, Mona a 18 ans maintenant et comme beaucoup de ces enfants, elle va s’envoler bientôt. Oui, le Bali de maintenant est très différent de notre paradis initial, mais nous avons évolué aussi et toutes ces améliorations comportent pour nous aussi leurs avantages… Nous devons faire face à une ère nouvelle avec le privilège d’avoir aussi connu le Bali d’avant ! »

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