Accueil Papua, île aux trésors

Dans les tribus Ti, Sagapu, Tomor et Munu

4 novembre 2007
05h00

Une fois de plus, les moustiques ne nous ont pas laissé dormir. Mon poignet gauche est bien gonflé, infecté même, la nuit, je n’arrête pas de me gratter. Je me rince le visage et les mains avec de l’eau minérale et me désinfecte avec de l’alcool.
Les villageois nous proposent leurs babioles, malheureusement nous ne trouvons rien d’intéressant et les prix demandés, encore plus délirant. Pas question d’acheter quoi que ce soit ici, juste pour faire plaisir au peuple qui n’a absolument aucune notion de l’argent. Ils en veulent, un point c’est tout, et si on n’en donne pas, ils sont furieux. Nous montons dans la pirogue et jetons des provisions aux enfants en prenant le large.
Il nous faudra la journée pour arriver au village de Yensuko, dernier village Asmat avant les tribus Yali de la montagne.
Nous rencontrons le chef du village et lui offrons des vivres et du tabac en geste coutumier. Il nous invite en retour dans la maison des hommes. Là, pas grand chose à vendre mais vu le peu de gens qui s’aventurent dans la région, nous trouvons de magnifiques petites statues représentants les ancêtres. Il est très facile de négocier avec eux qui, cette fois-ci, se font un plaisir de dévaliser Pak Nasir.
Nous décidons de passer la nuit ici. Tout le monde se partage du riz, du sagou, des barres de chocolat, du café, du tabac et même du cochon sauvage et de la viande de casoar.

5 novembre 2007
05h00

Dès l’aube, nous entamons une lente descente vers le sud en direction des tribus Ti, Sagapu, Tomor et Munu. On y récolte quelques pièces par-ci par-là, juste de quoi remplir la pirogue. En fin de journée, nous n’avons pas encore rejoint la mer et nous n’y voyons plus rien. Sliman est à l’avant avec une lampe électrique pour éviter les troncs d’arbre. C’est la nuit noire, pas de lune pour nous éclairer. Vers huit heures nous arrivons enfin à l’embouchure. La marée est basse et Nasir n’est plus très sûr de l’endroit où il faut passer pour éviter les fonds de vase.
Nous voyons des lumières au loin. Sliman, toujours à l’avant de la pirogue, se prend toutes les vagues sur la tête. Nous nous approchons des lumières, apparemment deux navires…
Nous rattrapons le premier, un navire de marchandises. Il semble immobile malgré la houle. Il est échoué exactement à l’endroit où nous avions peur de passer.
Vu la taille du bateau, il ne sont pas près de s’en sortir…
L’autre est en vue. On se demande si ce n’est pas le navire des riches Américains que Kall Muller a accompagné à Momogu. Dans le noir, on ne se rend pas bien compte de la distance. Si c’est bien celui de Kall Muller et de ses amis, un bon verre est à la clé. C’est qu’on est trempés nous autres. En moins d’une heure, nous le rattrapons, il avance vers Agats.
Nous sommes maintenant très près derrière et pouvons lire son nom : Kelimutu. Ah, flûte alors ! Pas de bon vin à bord, c’est sûr ! Le Kelimutu est le navire de passagers qui fait des navettes entre Sulawesi et la Papouasie, pas de chance !
Nous arrivons devant le petit port d’Agats. C’est encore marée basse, il va falloir se taper la vase jusqu’aux genoux et porter toute notre marchandise encore sur 500 mètres jusqu’à chez Nasir. Nous embauchons des porteurs et rapatrions tout le matériel en moins d’une heure. Sliman n’en peut plus. Il part se trouver une chambre d’hôtel afin d’y passer une bonne nuit.

6 novembre 2007
Aujourd’hui, nous décidons de longer la côte vers l’est jusqu’au fleuve Sirets et de rejoindre la rivière Yiwa, qui n’est accessible qu’à marée haute. Le but est d’aller à Biwar Laut. Nous emmenons un guide papou qui vient de ce village. Nasir n’est jamais allé dans le coin. La rivière est très étroite et jonchée d’arbres.
Nous arrivons à Biwar Laut à 10h00. Nous sommes accueillis par le chef du village qui nous mène à la maison des hommes et je lui remets le paquet coutumier qu’il accepte mais trouve bien maigre. Il me demande de l’argent et pas qu’un peu, un billet de100 $. Après maintes négociations, je m’acquitte d’une taxe de 20 $ sans rien avoir en échange. Ils n’ont absolument plus rien à vendre. Nous partons pour Uwus où nous sommes bien mieux accueillis. Nous y trouvons beaucoup d’objets à acheter. Les négociations sont rapides et tout le monde y trouve son compte. Cette fois-ci, Nasir n’a pas apporté de provisions à vendre car ces villages ne sont pas très loin d’Agats. En milieu d’après-midi, nous essayons de reprendre la mer pour aller plus à l’est vers Omanasep, mais la mer est trop agitée et la pirogue pas assez large, nous décidons donc de rentrer et d’aviser avec un autre moyen de transport.
Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons à Per, un village sur la côte bien connu pour ses sculpteurs renommés comme Thomas Omanerpak ou Lazarus. Leurs photos et leurs chefs d’œuvres sont dans plusieurs ouvrages sur l’art Asmat.
Thomas nous reçoit chez lui puis dans la maison des hommes. C’est une vieille case endommagée où ils ont entreposé leurs statues. Ils reconstruisent actuellement un autre jeu.
En entrant dans cette case délabrée, mon pied passe à travers le plancher qui m’entaille la jambe. Il ne manquait plus que ça ! Mais ce n’est pas grave, ça devrait se soigner ! Thomas a vendu de nombreuses statues lors de la dernière vente au enchères à Agats mais nous lui achetons néanmoins une dizaine de pièces qu’il avait gardées chez lui. Lazarus aussi nous propose ses œuvres que je trouve moins originales mais tout aussi authentiques.
Le soleil va bientôt se coucher et nous devons quitter nos nouveaux amis. Nous nous dirigeons vers Yemep, un village juste avant Syuru, nous y passerons la nuit car c’est marée basse et on en a marre de décharger dans la vase. Nous rentrerons demain matin…

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