Accueil Papua, île aux trésors

Sakai vante la saveur de la chair humaine

7 novembre 2007

8h00

Nous ne trouvons absolument rien à acheter à Yemep, alors nous ne perdons pas de temps et rentrons chez Pak Nasir. Rapidement, tout est déchargé, ça va plus vite à marée haute car nous pouvons accoster juste devant chez lui.
Sliman en a assez des moustiques et des séjours dans la maison des hommes, il décide de rester chez Nasir pour finir les emballages de notre trésor et c’est avec Mokhtar que je partirai vers l’Est, dans le district de Pantai Kasoari.
Mokhtar travaille pour la « Fondation pour le Développement du Peuple Asmat », il est très gentil et un ami lui a loué une grosse pirogue à un très bon prix.

8 novembre 2007

3h00

C’est le départ. Mokhtar est un Bugis né à Bassin (Pantai Kasoari), qu’il a parcouru en long et en large toute sa vie, il connaît donc chaque recoin et chaque tribu.

12h00
Notre première escale d’ailleurs sera Bassin, chez le père de Mokhtar qui tient un kios aussi, il nous prépare un bon déjeuner car nous n’avons rien mangé depuis la veille.
Ici, les gens sont tous très accueillants et se pressent déjà chez le père de Mokhtar pour nous vendre des objets d’art Asmat. Mokhtar leur explique que nous devons d’abord nous rendre plus haut dans d’autres villages, tant que la marée est favorable, et que nous choisirons les pièces à notre retour.

13h30
Nous revoilà à bord de la pirogue en route pour Buepis, un village au nord de Bassin, on y est très bien accueillis par toute une bande de nez percés qui nous proposent des salawaku et autres objets à usage traditionnel. Une fois les affaires faites, j’hérite d’un droit de sortie qui me coûte 50 $. Je préfère payer rapidement et m’éclipser, ils seraient mangeurs d’hommes ici que ça ne m’étonnerait pas ! Nous filons aussi vite que possible au prochain village, Nanei.
J’y rencontre des jeunes qui me cèdent de vieux tifa qu’ils tiennent de leurs aïeux ainsi que de nombreux salawaku. Les gens de cette tribu ont l’air plus sympa et c’est sans souci que nous rentrons sur Bassin où nous ne resterons que brièvement. Mokhtar me propose de foncer droit à l’Est en longeant la côte jusqu’à Aorket.

17h30
Arrivés devant le village d’Aorket, nous avons un peu de mal à trouver la passe devenue trop étroite avec la marée basse. Les villageois nous ont vu arriver de loin et la plage est envahie de monde. C’est le coucher du soleil et, à ma grande surprise, pas de vase ni de mangrove, juste une petite plage de sable blanc et de petites coquilles concassées. C’est pour cela que l’on appelle cette région la plage des « kasoari ».
Le canoë touche à peine le rivage que les gens de la tribu se ruent pour nous aider à amarrer. C’est l’horreur, cette plage qui paraît idyllique au coucher du soleil, est infestée de moustiques, même les autochtones se frappent le visage et le corps pour les chasser.
Je sors mon arme redoutable : un flacon de lotion anti-moustiques et m’asperge le corps de ce produit magique. Plutôt 3 couches que 2. Les insectes sont ridiculement minuscules mais leurs piqûres terriblement douloureuses et irritantes.
Le chef du village nous souhaite la bienvenue, il me serre dans ses bras. C’est un vieil homme courbé avec un énorme trou dans la narine. Les Bugis disent que si un Asmat a le nez percé, c’est qu’il a déjà mangé de la chair humaine. Je n’en doute pas un instant et pense même que ceux n’ayant pas de trou dans le nez ont en aussi mangé !
Je suis invité dans la grande case du village mais, vu la nuée de moustiques, Mokhtar me propose d’aller chez son cousin qui tient un kios dans cette tribu. L’endroit sera plus confortable car, dans la maison des hommes, il y a l’électricité sur groupe électrogène et toute une ribambelle d’enfants captivés par la télévision.
On m’indique l’endroit pour se doucher et, une fois propre, je nettoie mes dernières plaies car elles commencent à s’infecter. Après m’être tartiné tout le corps de lotion, je rejoins mes nouveaux amis.
Ensemble, nous partageons un bon repas composé de riz et de poissons frais. Ici, le kilo ne coûte que 1000 roupies, peut-être l’endroit le moins cher du monde !

20h00
Les moustiques se font moins sentir et nous décidons de faire un petit tour du village accompagnés des jeunes.
Nous installons une sorte de bivouac au bord de la mer et allumons un feu pour éloigner les derniers moustiques assoiffés de sang. Les jeunes villageois, au départ assez timides, se font de plus en plus bavards et je ne tarde pas à faire plus ample connaissance avec l’un d’entre eux, Sakai. Un moustachu d’une trentaine d’années, célibataire comme le reste des hommes qui nous entourent ce soir.
Sakai, malgré sa mine patibulaire, est très sympathique et très dévoué. Il s’occupe du feu, remet du gros bois et attise les flammes durant toute la soirée alors que les autres se contentent de jeter quelques brindilles vite consumées.
Sakai est apprenti sculpteur et me propose une statue de sa fabrication, le travail n’est pas superbe mais le prix correct et la gentillesse du garçon me font céder.
Puis, Sakai me lance qu’il est cannibale. D’ailleurs, il m’avoue volontiers que la chair humaine est la meilleure des viandes qu’il ait jamais mangée et que c’est pour cette raison que ses ancêtres en ont mangé pendant des décennies. Sakai est content de la surprise mêlée d’effroi que cela provoque chez moi. Il poursuit en m’expliquant qu’il cache des restes de cannibalisme dans la forêt.
Mokhtar, qui s’était absenté durant tout ce temps pour visiter des amis dans le village, nous rejoint près du feu. Il me propose de passer la nuit chez ses cousins dans une petite cabane, ce que j’accepte immédiatement. Pas question de dormir sur la plage avec tous les moustiques.
Une moustiquaire m’attend même dans la cabane. Puis, après une série d’histoires sur le cannibalisme et d’autres légendes, tout le monde s’endort.

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