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Anasia : charpente high-tech, compagnonnage et aggloméré révolutionnaire

« C’est après que Bouygues nous ait demandé de fabriquer la maison de Fidel Castro à Cuba qu’Anasia a vraiment démarré ! », se remémore ce Français de 44 ans, originaire de Lorient. Cette demeure, un cadeau du parti au « lider maximo », se devait de posséder une structure en bois tropical qui puisse résister aux nombreux cyclones de la région. Une spécialité d’Anasia, à vrai dire le positionnement principal de cette société basée à Bali et Java qui emploie aujourd’hui une centaine de personnes. En effet, ses plus gros marchés, essentiellement des hôtels, se situent aux Caraïbes et dans le Pacifique sud. « Nous sommes les spécialistes de la construction bois en zone cyclonique », assure Marc Bergeron. La charpente est boulonnée par des connecteurs en acier inoxydable dessinés ici mais réalisés en France ou en Nouvelle-Zélande. « Nous avons cinq architectes sur place au bureau d’étude. La production des charpentes se fait à Bali et Surabaya », explique cet ancien ingénieur informaticien.

Si l’activité numéro un d’Anasia est la production de ces structures bois high-tech pour des hôtels de rêve ou des villas de luxe, elle fabrique aussi des meubles et des gazebos. Anasia va également démarrer la construction de l’eco-resort Dharma Gili à Lombok et gère depuis des années la société de croisières SeaTrek, spécialiste du voilier dans l’archipel. Au sujet du florissant marché immobilier de Bali, Marc Bergeron espère également qu’Anasia va pouvoir se positionner rapidement comme un compétiteur de choix. « Nous proposons des structures allant de 15 000 dollars pour un pavillon de jardin à plusieurs millions de dollars pour un hôtel », explique cet entrepreneur français qui vit à Ubud, marié à une Balinaise. Jusqu’à maintenant, l’essentiel de la clientèle d’Anasia est constitué de géants de l’hôtellerie, comme le Four Seasons, l’Intercontinental de Bora Bora et le Kayu Maya des Bahamas. Certains contrats en cours comme le Venetian à Macau, un autre Four Seasons aux Grenadines, un Marriott et un Ritz-Carlton à Maurice et un Starwood aux Seychelles sont toutefois en stand-by, conséquence de la crise financière.

Marc Bergeron souligne qu’il fait venir de France des Compagnons, « les meilleurs dans ce corps de métier », mais qu’il forme aussi la main d’œuvre locale « à cette charpente à la française » et à l’excellence du savoir-faire maison. Les remarquables sculpteurs balinais sont également employés pour la décoration des structures et des mobiliers lorsque un client en fait la demande. La société Anasia, vu son positionnement de prestige et sa clientèle, n’utilise que du bois officiel et tamponné. « Mais rien n’est jamais sûr dans ce domaine, explique Marc Bergeron. Cependant, la situation semble mieux contrôlée aujourd’hui. Avant, c’était des bateaux entiers de bois illégaux qui partaient pour la Chine toutes les semaines.» Consommatrice de merbau de Papua, un bois remarquable pour ses qualités esthétiques mais aussi mécaniques, Anasia s’est également lancée dans la recherche afin de trouver un produit de remplacement pour l’avenir. Avec un laboratoire chinois, la société de Marc Bergeron a commencé à produire du bambou défibré. Trempées dans une résine, ces fibres retissées produisent un bois d’une extrême densité qui résiste au feu et qui est aussi beau qu’un bois tropical d’origine. « Notre but est de pouvoir produire des longueurs de plus de dix mètres pour les structures portantes », explique-t-il. Pour l’instant, ce bambou défibré est dans sa phase de test et la société Anasia entend d’ailleurs déposer une patente.

En attendant, avis aux amateurs car ce produit révolutionnaire peut être utilisé pour des constructions plus petites. L’occasion de faire partie d’une aventure humaine et technologique dans l’air du temps et de bénéficier du savoir-faire d’une société internationale certes, mais qui représente bien une certaine idée de l’innovation
« made in France », pays du compagnonnage, des brevets SGDG et du fameux concours Lépine.

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