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A l’assaut du Rinjani

Le mont Rinjani nous faisait rêver depuis longtemps. Une petite incursion dans les magasins spécialistes de montagne au bout de Diponegoro pour compléter l’équipement et nous voilà parés pour affronter ce qui est présenté par le Guide du Routard comme « une randonnée particulièrement difficile » ! Des copains nous ont mis en garde contre la dernière partie de l’ascension dans des cendrées, certains ont même rebroussé chemin avant le sommet. Nous apprendrons que seuls 10% à 15% des randonneurs atteignent les 3746 m.

Fin août, nous sommes enfin à pied d’œuvre. Première nuit à Lombok, rencontre avec notre guide de 53 ans, Pak Alam, la bière coule à flot. Le lendemain matin, nous prenons un bemo pour récupérer nos porteurs et nous rendre à Sembalun lawang, un des points d’entrée du parc naturel régional du Rinjani. Le Rinjani se distingue au loin, il n’a pas l’air si haut, ah si peut-être cette arête vive sur la fin, nous verrons bien. Sur la route pentue, notre bemo peine et s’arrête brutalement, une pierre est calée sous la roue, nous nous éjectons brutalement. Eclats de rire.
Formalités administratives, le temps passe, nous sommes impatients de nous élancer. Les porteurs embarquent une véritable cuisine de campagne, de l’eau, des tentes et du matériel, pas loin de 40 kg pour certains !

Ca y est, nous sommes partis. Il fait chaud. Stéphane peste en se rappelant qu’il a failli apporter un pantalon de ski. Nous traversons des champs puis une forêt, une vraie promenade de santé. Arrêt pour le premier déjeuner au pos tiga. Les porteurs allument un feu de bois, font chauffer du thé à la rose pour nous faire patienter et nous servent un délicieux mie soto et une salade de fruit.

Après le repas, l’effort commence véritablement, nous traversons les nuages en cheminant dans du sable. Dès que nous nous arrêtons, le froid nous saisit.
Anika file devant, une vraie chèvre bondissante, elle nous a prévenus qu’elle arriverait la première au somment le lendemain matin, nous avons vite compris qu’il était inutile de rivaliser avec une championne de triathlon. Tout le monde nous passe devant, il faut dire que la plupart des randonneurs ont remis leurs effets aux porteurs, ils pèsent 10 kg de moins que nous. Le guide nous attend patiemment avec son fils de 11 ans. Je demande si l’étape du lendemain matin sera encore plus dure, il me fait signe que oui. Nous arrivons finalement au camp de base, épuisés. Nous sommes juste au-dessus des nuages, face au lac du volcan, un spectacle magnifique. Nous reprenons des forces, enfilons toutes nos affaires chaudes. Les porteurs font ronfler le feu de bois pour préparer le dîner.

La nuit a été courte, réveil à 2h30, nous avons mal dormi, dans le froid. Il nous reste 1000 m à gravir, nous devrions arriver 3h plus tard, pour le lever du soleil. La longue, très longue ascension commence dans un mélange de sable et de gravier dans lequel on s’enfonce de 15 cm. Il fait très froid. Les haltes sont de plus en plus fréquentes. Au bout de deux heures, nous comprenons que nous n’arriverons jamais au sommet avant le lever du soleil, arriverons-nous seulement au sommet, l’effort semble insurmontable ! Anika et Jean-Jacques nous ont distancés. Nous croisons des gens qui abandonnent, transis de froid, épuisés. Nous sommes à présent sur la dernière arête, à peine
3 m de large, 500 m de long, je pense au Golgotha. Le soleil se lève sur un spectacle grandiose, le
Gunung Agung se détache au loin sur une mer de nuages. Ceux qui ont atteint le sommet redescendent déjà, il nous reste encore 300 m, nous sommes les derniers. Jean-Jacques nous encourage depuis le sommet. Je plante mon bâton devant moi et me hisse avec les deux bras, après 3 mètres, nouvelle pause. Pourquoi est-ce si dur ? Nous ne pouvons plus ne pas y arriver si près du but mais combien de temps ça va prendre ? Finalement, nous atteignons le sommet après 4 heures d’effort et presque instantanément, nous oublions notre peine tant le spectacle est beau. Les dieux ont élu domicile au sommet des montagnes et il ne peut en être autrement.

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