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Pédophilie : la règle des sous-vêtements

La triste actualité de notre pays d’accueil est à l’origine du sujet de ce papier. A l’heure où je l’écris, nous sommes tous sous le choc de la sordide affaire perpétrée à la JIS, école internationale de Jakarta. Un enfant de six ans a été abusé sexuellement par plusieurs adultes. Les auteurs de ce crime infect sont tous indonésiens. Ils auraient pu être de n’importe quelle autre nationalité. Cependant les autorités tentent à présent d’accuser les Occidentaux qui ouvrent ces écoles internationales dans leur pays, le manque de cours de religion qui y sont donnés et la présumée homosexualité des auteurs. En une semaine, j’ai déjà eu l’honneur de retrouver à deux reprises des représentants du gouvernement dans ma classe, refusant de me parler et harcelant mon assistante balinaise de questions hors-sujet sur l’enseignement de la Pancasila, de la langue indonésienne et de la religion dans nos classes, comme si ces prérogatives de l’enseignement public en Indonésie pouvait prémunir les écoles contre les actes pédophiles. Cette malheureuse réalité n’est certainement pas limitée à nos frontières. Un enfant sur cinq dans le monde est confronté à un moment ou à un autre à des violences d’ordre sexuel, qu’il soit fille ou garçon et quelle que soit son appartenance sociale, ethnique ou religieuse. Les auteurs de ces pratiques impardonnables font bien souvent partie de l’entourage proche des enfants. Sans vouloir sombrer dans la panique, il est important de savoir qu’il existe des moyens de prévenir et de protéger vos enfants en forçant les tabous et en ouvrant le dialogue.

La toute première règle, élémentaire il me semble, c’est d’instaurer une communication ouverte et directe à un âge précoce. Il est important de parler à votre enfant de ses parties intimes dès le plus jeune âge, en utilisant des termes précis, afin de l’aider à comprendre ce qui est interdit, ce qui ne doit jamais être toléré. Les parents doivent éviter de créer des tabous autour des parties génitales, afin que l’enfant puisse comprendre et rapporter tout évènement inapproprié en toute confiance, sans avoir peur d’être jugé.

Pour aider les parents à aborder ce sujet délicat, je n’ai rien inventé. Je voudrais juste rapporter ici les principes de ce que l’agence de communication Grey Amsterdam a appelé la règle des sous-vêtements. A la demande du Conseil de l’Europe, cette agence a créé un personnage, Kiko, qui avec son ami la main, va s’adresser directement aux enfants dans un dessin animé et un livre (téléchargeable gratuitement en plusieurs langues sur [->http://www.underwearrule.org]). Les objectifs de cette campagne sont clairs, encourager les enfants victimes d’abus sexuels à parler et à demander de l’aide, et faire prendre conscience de la fréquence de la violence sexuelle contre les enfants.

Sur un ton ludique, avec des mots simples, la main explique à Kiko que personne ne doit le toucher sous ses sous-vêtements, ou même vouloir regarder les endroits couverts par ses sous-vêtements, et vice-versa, que personne ne doit lui demander de toucher ou de regarder leurs parties intimes couvertes par leurs sous-vêtements. Cette frontière claire, les sous-vêtements, permet de réparer le flou que l’on instaure souvent malgré nous, par gêne ou par maladresse, lorsque nous devons mettre en garde nos enfants contre d’éventuels attouchements. Les enfants ne savent pas faire la différence entre attouchements acceptables ou inacceptables, d’autant plus que souvent les uns comme les autres sont prodigués par des personnes proches de l’enfant. Il est donc très important de les aider à faire la différence en leur expliquant que si un attouchement les met mal à l’aise, dès qu’ils ont des doutes, ils ne doivent jamais hésiter à le raconter à un adulte référent, parent, soignant ou maître.
Par ailleurs, il faut laisser aux enfants le droit de refuser un attouchement qui les met mal à l’aise. Même si ce contact est un bisou de sa grand-mère, il a parfaitement le droit de dire non sans avoir à se sentir coupable. Il peut y avoir plusieurs raisons pour lesquelles un enfant refuse tout contact avec un adulte ou un autre enfant. A nous, les adultes en charge, de chercher lesquelles elles sont. Combien de fois ne nous a-t-on pas sommés de « faire un bisou à la dame ou au monsieur » lorsque nous étions enfants. Fort heureusement, ces temps sont révolus. Expliquez à votre enfant que son corps lui appartient et que personne n’est en droit de le toucher sans son autorisation. En lui enseignant à savoir dire « non », immédiatement et fermement, à des contacts physiques inappropriés, vous lui donnerez les outils pour se sortir de situations dangereuses. Une fois de plus, rappelez-lui qu’il doit alors aussitôt en parler à un adulte référent.

Car le secret est la tactique utilisée par tous les agresseurs sexuels. Il est important de dire à votre enfant qu’il y a de bons secrets (un cadeau caché dans la penderie pour l’anniversaire de papa, par exemple) et des mauvais secrets. Dites-lui clairement que tout ce qui le rend anxieux, triste, mal à l’aise ou qui lui fait peur est un mauvais secret qu’il doit immédiatement révéler à un adulte de confiance. Assurez-vous que votre enfant sait à qui s’adresser lorsqu’il est inquiet. A vous également d’être attentif aux comportements de votre enfant et de chercher l’origine de tout changement inattendu. N’hésitez jamais à enquêter si vous avez des doutes. Dans la plupart des cas, l’agresseur est une personne connue de l’enfant et il est particulièrement difficile pour les jeunes enfants de comprendre que quelqu’un qui les connaît peut abuser d’eux. Méfiez-vous toujours des personnes qui donnent des cadeaux à votre enfant sans raison, qui lui parle à voix basse et lui demande de garder des secrets ou qui tente de passer du temps seul avec lui.

En ce qui concerne les inconnus, enseignez à vos enfants les règles simples comme de ne jamais monter dans une voiture avec un inconnu, de ne jamais accepter de sucreries, de cadeaux ou d’invitations d’un étranger. Si vous soupçonnez un abus, enquêtez discrètement. Inutile de choquer inutilement votre enfant ou de blesser le supposé coupable tant que vous n’avez pas de preuve. Si votre enfant vous rapporte des attouchements ou comportements inappropriés, écoutez-le très attentivement, prenez-le au sérieux mais ne vous affolez pas devant lui, ne lui montrez pas combien vous êtes affecté parce que votre enfant risque de se sentir coupable, ou pire, effrayé, il risque de cesser de parler. Demandez-lui ce qui est arrivé, calmement, ne le harcelez pas de questions et surtout, ne lui demandez pas pourquoi un tel évènement est arrivé. Il sera dans l’incapacité de vous répondre et une fois de plus, vous ne ferez que le conforter dans l’idée qu’il est coupable de ce qui lui arrive. Essayez de ne pas sauter trop hâtivement à des conclusions basées sur des informations peu ou pas claires. Rassurez votre enfant, dites-lui bien que vous allez faire quelque chose à ce sujet. Ensuite, approfondissez votre enquête afin de vous faire une idée précise de ce qui s’est passé, et contactez des professionnels qui pourront vous aider, le maître d’école, un psychologue, un médecin ou la police.

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