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Ticket to the moon, des hamacs pour un monde meilleur

Charly rêvait de voyages. Après 7 années passées à vendre des chariots élévateurs à Bordeaux, il met le cap sur Goa en Inde au début des années 90. « J’ai vécu en communauté pendant 2 ans, totalement détaché de la vie matérielle» déclare cet ancien hippy. Puis il entend parler de Bali et de ses fameuses full moon parties. Et là, il tombe immédiatement amoureux de l’île et se demande rapidement comment faire pour y rester. Comme il avait l’habitude de dormir dans des camps de hamac en Inde, il a l’idée lumineuse de fabriquer 200 hamacs en toile de parachute avec un système d’attache rapide exclusif. Et pour commercialiser sa production, il fait le tour des festivals de musique et des marchés depuis l’Angleterre jusqu’au Portugal. La tournée de 4 mois se répète pendant plusieurs années, de juin à septembre, il partage alors son temps entre l’Europe et Bali. Puis il passe à l’échelle supérieure et se met à fabriquer des hamacs pour son réseau de copains hippies disséminés dans le monde entier, ce qui représente encore 30% de ses ventes à l’export. « Mon premier atelier, je l’ai monté en 1998 dans mon bungalow ; à présent, j’en suis à ma 4ème usine et j’emploie une quarantaine de personnes » précise ce businessman atypique. Le hamac et sa chaise hamac plaisent tellement qu’il ne tarde pas à les vendre dans la grande distribution chez Natures et découvertes et dans de nombreux magasins de trekking, sports et aventures. Bien sûr, son succès ne laisse pas indifférent, quelques-uns de ses anciens amis se mettent sur ce créneau, il a à présent 14 concurrents sur Bali dont les 4 plus sérieux sont français, certains ont même copié son logo. Même si ses parts de marché se sont reduites en 10 ans, son chiffre d’affaires progresse. « Quoi de plus simple que de copier un hamac en toile de parachute : un rectangle de toile avec 4 coutures ! Je me bats pour vendre une marque plus qu’un produit, un art de vivre pour les rêveurs comme moi et ça marche », souligne sans amertume Charly. Il aurait pu faire fabriquer ses hamacs en Chine pour abaisser les coûts mais Charly estime qu’il a une responsabilité sociale à jouer en tant que chef d’entreprise pour ne pas « exploiter la misère du monde » comme on le lui a parfois reproché en Europe. « J’ai essayé d’importer ici tous nos acquis sociaux. Mes ouvrières ont droit à un congé maternité aussi long qu’en France, je loge mes employés dans des conditions décentes, nous partageons les profits à la fin de l’année et tout le monde bénéficie d’une couverture sociale et retraite » se félicite ce tiers-mondiste tout en se défendant du faire du paternalisme.
Et l’avenir ? «Mon directeur commercial est très impliqué dans des activites sociales dont une ONG française implantée à Bali : Anak et moi je rêve de monter un orphelinat en Inde, en tous cas de prolonger mon action dans l’humanitaire en créant un lieu pour ceux qui galèrent, peut-être sur une île indonésienne ». Et les hamacs ? « Ah oui, continuer à vendre du rêve à des voyageurs pour qu’ils installent ma toile de parachute aux quatre coins du monde ».

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