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En route pour le Warung TT, au nord de Semyniak, mon premier contact avec Bali me revient en tête. Un dépaysement violent, très déstabilisant. Je n’étais même pas allé au bout de mon séjour. Après seulement deux semaines de vacances, j’étais reparti par le premier avion disponible. « L’île des Dieux, l’île jardin, le paradis sur terre », m’avait-on dit…
Assailli par des nuées de vendeurs de rue, je n’ai pas trouvé la porte du paradis. Jeté de bus en bemo, tous possédés par le démon de la vitesse, j’ai prié les dieux d’arriver à destination en un seul morceau. Alors, le paradis ? Quelque peu infernal à mon goût !

Pourtant, je suis revenu à cinq reprises dans ce chaos harmonieux qu’est Bali. Les années passant, j’ai appris à accepter cet environnement très différent, à côtoyer les Balinais, à prendre le temps d’apprécier chaque particularité de cet endroit unique. La maturité sûrement. Aborder Bali avec des idées reçues ne fonctionne pas. Tenter de maîtriser le cours des choses est illusoire. Tout ça était très déstabilisant pour moi !
En revanche, en lâchant prise peu à peu, j’ai eu l’opportunité de me laisser absorber par l’environnement et enfin, de découvrir l’endroit. Le dépaysement n’est pas seulement lié à l’étrangeté du lieu, à la nourriture ou aux cérémonies religieuses qui abondent, mais surtout à la nécessité de changer d’état d’esprit.

C’est peut-être ce changement que je viens chercher depuis quatorze ans. Bali me désoriente au sens propre comme au sens figuré. Je peux me diriger presque n’importe où au monde, mais sur cette île, ma boussole interne perd le nord. Et c’est ce qui m’intrigue…
Les forces telluriques qui animent le sous-sol ou les réseaux complexes d’irrigation seraient-ils la cause de cette dynamique particulière ? Toujours est-il que je m’y perds toujours, même après tout ce temps…
Regardez les tableaux traditionnels balinais et essayez d’analyser les myriades de petites scènes qui s’y déroulent en plans successifs. Il y a toujours un détail qui surgit, que l’on n’avait pas vu au premier coup d’oeil. On dirait que la toile est vivante.

Mieux encore, lancez-vous dans la circulation à deux roues, à condition bien sûr d’être un peu aguerri à ce type de transport. Puis essayez de trouver votre route. Les points de repères sont évidemment visuels, comme une enseigne, une échoppe, un carrefour avec une statue… Personnellement, je deviens nul à cet exercice quand je suis à Bali. J’ai l’impression, comme dans les tableaux traditionnels, que la route est vivante, voire mouvante. Les repères surgissent puis disparaissent ! Comme dans cette rue qui doit me mener au Warung TT…
Au fait, TT signifie Tourist Trophy. Un ami français passionné de sports mécaniques a baptisé ainsi son restaurant. Le Tourist Trophy est une course motocycliste mythique qui se déroule tous les ans sur une autre île un peu spéciale entre la Grande-Bretagne et l’Irlande, l’île de Man. Le dimanche qui précède la course, chacun peu rouler avec sa machine personnelle sur le circuit routier de 60 kms. Il s’agit du mad Sunday dans le jargon motard.

Pour ceux qui s’y sont essayé, il s’agit d’un moment intense, imprévisible, plein de dangers et absolument hors du temps. Et bien, pour moi, Bali, c’est le mad Sunday tous les jours de la semaine !

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