Si vous vous rendez au Harris Resort, sur la plage de Kuta, un dimanche en fin d’après-midi à l’occasion de ses concerts live, vous croiserez inévitablement Sylvain Croise, le nouveau manager français. Les surfs dans le lobby, les couleurs vives et minimalistes, la simplicité du lieu collent bien avec la jeunesse d’esprit et la vivacité de ce baroudeur de l’hôtellerie asiatique.
Arrivé à Hong-Kong sur le Queen Elizabeth en 1987, il se fait débaucher par le patron de la Rose Noire, un célèbre restau français, côté 18/20 par Gault & Millaut. Premiers pas en Asie, terre d’opportunités et premier poste de directeur d’un restaurant, à 25 ans. Sylvain reste deux ans en poste : « ça vibrait, je rencontrais plein de gens intéressants » mais ce fils de bistrotier poitevin, né à Paris, rêvait de rentrer dans l’hôtellerie. En 1989, année funeste pour la Chine, il débarque à Pékin pour ouvrir un Méridien. Evénements de la place Tian’an-men, lourdeurs de la bureaucratie chinoise aidant, tout le staff est envoyé tous les 4 mois à Hong Kong pour se ressourcer. Au bout de deux ans, l’hôtel ferme, le propriétaire qui n’est autre que l’armée n’a pas voulu respecter les standards de la marque, Sylvain conclut son expérience pékinoise par un « c’était pas le paradis là-bas ». Direction le Vietnam pour l’ouverture du Sofitel Métropole à Hanoï. « J’ai adoré cette ville de province où ne roulaient encore que des vélos, quelques dauphines et arondes, souvenir des colonies ».
C’était le premier hôtel international qui ouvrait depuis la fin de la guerre, dans un ancien hôtel colonial construit à la fin du 19ème siècle. « Nous étions 14 expatriés, nous avions un mois pour former le personnel, ça a été une expérience très riche, j’en garde une grande nostalgie, remarque-t-il ». Sa mission réussie, il débarque ensuite au Cambodge, à Phnom Penh. La paix venait juste d’être signée avec les Khmers, il y avait couvre-feu tous les soirs, les casques bleus et les milices locales contrôlaient tout. « J’avais un passe spécial pour livrer des gâteaux au prince Sihanouk trois fois par semaine, il est très gourmand ». Quelques mois plus tard, Sylvain fait démonter la cuisine du Sofitel pour l’installer dans le palais afin de préparer le banquet de 500 personnes en l’honneur du couronnement de Sihanouk, sa fierté professionnelle. Une semaine après le couronnement, François Mitterrand atterrit avec 6 ministres, autre défi à relever !
Après une nouvelle expérience difficile en Chine, la crise asiatique de 97 qui le surprend à Bangkok, il arrive en Indonésie, se marie, travaille à Surabaya, Jakarta, Semarang, goûte à la magie des volcans et réalise enfin son rêve de prendre les rennes d’un resort à Bali. Enfin, pour la première fois de sa vie, il a envie de se fixer. Se fixer mais ne pas s’endormir, voilà pourquoi il a lancé le « live@Harris » tous les dimanches en fin d’après-midi avec Saharadja et d’autres groupes de choix, il participe même au concert de manière impromptue en jouant des percussions. Parmi tous ses projets, il prévoit aussi de diffuser sur un écran géant les matchs de la coupe du monde cet été. Profitez-en !
