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Vive les vacances… à Bali !

Ce mois-ci, on oublie les plans pintar (intelligents) de la Smart’aine, qui, au mois d’août, oublie tout et passe en mode pintade parce que ça fait du bien de faire l’autruche en bikini sur la plage. Petit aparté linguistique fascinant, enfin que je trouve fascinant, pintar en espagnol ça veut dire « peindre », et c’est de là (enfin presque, puisque ça vient du portugais pintura) que vient le mot « pintade » parce que c’est une volaille dont le plumage est recouvert de petits points blancs comme s’ils avaient été peints sur un fond noir, avec souvent des touches colorées bleues et rouges au niveau de la tête.

C’est vrai, quand on vit ici on oublie parfois – souvent ? – que tous les ans des millions de personnes choisissent délibérément / de leur plein gré / allègrement / volontairement / intentionnellement / exprès / avec ravissement / avec plaisir de passer leurs vacances à Bali. Eh oui, des millions ! En 2013, ils ont été exactement 3 278 598 d’étrangers plus encore plus d’Indonésiens sous le soleil de Bali. Ils ont économisé, fantasmé, se sont documentés, ont réfléchi, pris leur billet, fait leurs valises, passé de plus ou moins longues et fatigantes heures en avion pour venir. Alors que nous, non, pas besoin, on est déjà là. S’ils viennent si nombreux, c’est que ça ne doit pas être si mal les vacances à Bali ! Et si, nous aussi, on s’faisait une petite semaine de vacances…? Chiche.

Donc, puisque c’est les vacances, je ne vais pas à Denpasar, je ne donne pas de prix, pas d’adresse pour quand le temps presse, pas de conseils (ça, ça ne va pas être facile) juste des idées pour se les changer justement les idées. Pour se mettre dans la peau des 71 303 Australiens, 52 060 Chinois, 15 656 Malaisiens, 14 256 Japonais, 12 223 Sud-Coréens, 11 424 Singapouriens, 11 018 Russes, 8020 Américains, 1112 Français, du seul Sierra Léonais et de l’unique Andorran, qui sont tous venus passer des vacances à Bali en janvier 2014.

A la plage en maillot de bain !

Alors au programme de ces vacances, des grasses mat’ (qui n’en seront que plus agréables parce qu’on a pas de décalage horaire à rattraper), suivies d’un vrai petit déjeuner à la maison ou encore mieux au restaurant ou dans un hôtel, (sans vérifier les emails de la nuit sur son téléphone, que l’on met sur silence, dont on coupe la 3G et qu’on ne regarde qu’à 11h et 17h) avec muesli local et fruits exotiques (si si, les mangues, les papayes, les fruits de la passion, les mangoustans sont des fruits qualifiés d’exotiques par tout un hémisphère), et du café indonésien dont l’arôme surprend agréablement bon nombre de visiteurs.

On se baigne dans sa piscine si on a la chance d’en avoir une. Regardez-moi droit dans les lignes et dites moi quand c’était la dernière fois que vous avez piqué une tête dans la votre de piscine ? Alors ? Puis on va à la plage, tst tst tst, pas comme d’habitude quand on accompagne les enfants au surf ou qu’on passe dire bonjour à des copains en vacances, c’est-à-dire tout(e) habillé(e) assis(e) du bout des fesses sur le bord d’un transat et l’air blasé(e) : à la plage pour de vrai, en maillot, sous un parasol ou un chapeau, avec de la crème ou encore mieux avec des coups de soleil, avec un roman facile ou un magazine people qu’on ne lira pas ou alors très peu.

On peut même pousser jusqu’à s’y faire masser par une marchande de souvenirs balinais made in Bandung ou Solo. On fera d’ailleurs semblant de ne pas parler indonésien, pour être sûr(e) de ne pas arriver à faire beaucoup baisser les prix. Bref, on honore dignement les 33 ans de la chanson « On the Beach » de Chris Rea, on arbore fièrement son itsy bitsi tini wini tout petit petit bikini* (et les 54 ans de cette chanson, interprétée par… Johnny Hallyday en holidays, ou Dalida, comme vous voulez), en regardant avec fascination nos pairs vacanciers qui exhibent les leurs de paires dans des
Fatkini, des strings, ou les dissimulent dans d’improbables Burkini (Burqua + Bikini) car la magie de Bali fait que sur la même plage se côtoient des blondes topless et des brunes skinless.

En août, elles sont toutes belles les plages à Bali, on oublie les ordures enterrées sous le sable, et le ramassage qu’on y a fait en mars, on dessine dans le sable avec les enfants des ribambelles d’animaux en voie de disparition ou non, et une pintade pourquoi pas ! Pas question de partir à 16h pour éviter les bouchons, on reste jusqu’au coucher de soleil, un des plus beaux du monde, et on le photographie, absolument, et en s’extasiant.

Shopping, Waterbom et carte postale

Et comme on a pas payé de billet d’avion (au moins 800 euros par personne) on s’offre un
brunch, un
déjeuner, un
après-midi, un apéro, un dîner et pourquoi pas une
nuit ou deux ou trois dans un hôtel à
Nusa Dua,
Ubud, Bedugul, Amed, Menjangan, je vous promets, il y en a pour tous les goûts et tous les budgets, et c’est parfaitement dépaysant. Mais je vous laisse faire comme tout le monde pour choisir : Agoda et Tripadvisor. Bon, je vous autorise tout de même à réserver directement en disant que vous habitez ici (Kitas ou Carte d’immatriculation consulaire à l’appui) et en parlant ou emailant en indonésien histoire d’avoir une petite réduction (entre 20 et 30 % quand même) pour pouvoir rester plus longtemps ou vous acheter une nouvelle robe / chemise, colorée et de rigueur touristique.

On fait du sport, du tennis, du
surf, du bodyboard, des tours à vélo, en quad, des randonnées avec guides, on va à Waterbom
(et on achète la photo de la famille hurlant dans le toboggan-qui-fait-peur, même si on fait seulement semblant d’avoir peur pour la photo), on va voir un volcan, ou deux, ou trois, on peut aussi prendre des cours de cuisine, des cours de dessin, se faire masser (mais pas chez La Beauté, Body Works ou Amos Spa parce que c’est déjà là qu’on va d’habitude).

On flâne, on fait les boutiques pour acheter des vêtements (sans oublier un t-shirt Bintang), des bijoux, des accessoires, et ne me dites pas que vous avez encore besoin de moi pour les trouver les magasins, y’en a partout (entre les surf shops qui poussent comme des champignons hallucinogènes), pour choisir où aller : on regarde les vitrines, le look des gens qui en sortent ou y entrent, on tente d’apercevoir une étiquette ; puis on pousse la porte en lançant un retentissant « Goude morningue ! », ou plutôt « Goude afteurnoun » (puisqu’on a fait la grasse mat’ et qu’on a été petit-déjeuner au resto) avec un bon accent bien frenchy.

N’oubliez pas, on ne négocie pas (trop) et on ne parle pas indonésien, sauf pour dire « merci » en partant, auquel cas je vous autorise un «Tree Mac Assy » avec l’accent aussie. Quoique vous fassiez, oubliez de comparer le prix de la robe au salaire minimum** local, et comptez plutôt en Euros. On achète aussi quelques cartes postales pour la famille et les copains en France, « Bons baiser de Bali où nous passons de super vacances cet été », bon ils pensent probablement que vous êtes en vacances toute l’année mais c’est pas grave, ça leur fera quand même plaisir.

Apéros, bons restos, on se fait beau

On va déjeuner au resto (un vrai resto, pas un warung, pas de nasi campur au Warung Murah, Bambuku, Nook ou Pilih Pilih, on est en vacances je vous dis !), on se fait un apéro et on se fait beau / belle pour aller dîner et prendre un verre, en étant overdressed et maquillée comme il se doit ou comme une voiture volée et vêtu(e) de ses beaux habits tout neufs achetés l’après-midi même. Evidemment, on ne va pas dîner dans les restos des copains, ni les restos que l’on fréquente toute l’année, on laisse sa place chez Bow, Khaima, Café Bali, Junction, Watercress, Zibiru, Casa Loca, Warung Made, Chandi, Taco Locale, Bambu, Merah Putih, Biku, c’est pas les vacances quand la serveuse vous apporte votre « lime jus tanpa gula, sedikit air, sedikit es » à peine vos fesses posées sur la chaise et quand votre téléphone qui s’est connecté au wifi tout seul bipe dans tous les sens en récupérant vos emails du boulot. Et qui sait, on découvrira peut-être des endroits où on aura envie de retourner quand on ne sera plus en vacances !

Après dîner, on va danser, boire de l’arak madu, faire la fête ou si on est plus pépère/mémère que dancing queen/ king – comme moi – on joue aux cartes (pouilleux, menteur, blackjack, poker…), au scrabble, au Monopoly, aux échecs, au backgammon, au times-up, pictionary etc. en buvant une infusion de citronnelle. Et le lendemain, on recommence ! Au bout d’une semaine, normalement vous en aurez marre, et serez contents de retrouver votre train-train balinais.
Si cette histoire vous amuse,
On peut la recommencer
Si c’est pas drôle, je m’excuse,
En tout cas c’est terminé.

*« Itsi bitsy petit bikini », 1960, P.J. Vance – L. Pockriss – A. Salvet – L. Morisse

** Salaire Minimum que l’on appelle ici UMP (Upah Minimum Provinsi), si je n’avais pas décidé de faire pintade au lieu de smart’ ce mois-ci, j’aurais pu en faire des vannes…

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