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VISITE DU CAMP DE KLUNGKUNG QUI ACCUEILLE 1500 REFUGIES DE L’AGUNG

La Gazette de Bali est allée enquêter dans un camp de réfugiés pour découvrir et rendre compte de la situation de dizaines de milliers de personnes évacuées depuis que le mont Agung s’est réveillé. Elle y a trouvé l’Indonésie dans toute son humanité…

C’est dans le camp de réfugiés de Klungkung que l’équipe s’est rendue, où, à l’intérieur d’un gymnase et autour, dans des tentes dressées par les autorités, un peu plus de 1500 personnes apprennent à vivre dans des conditions précaires, contraints et forcés mais toujours avec cette résilience propre à l’âme indonésienne. Et, s’il est vrai que les autorités indonésiennes sont rôdées à ce genre de catastrophes pour les raisons évidentes que nous connaissons tous, il est toujours étonnant de voir avec quelle efficacité ce genre de situation dramatique est surmontée, à la fois grâce à l’organisation sans faille des secours et à l’esprit positif des Indonésiens face à l’adversité. A la fin, point de misérabilisme, et encore moins de leçon à donner, les autorités de Bali et les Balinais surmontent cette crise humanitaire avec le professionnalisme des intervenants sociaux d’un côté et la dignité sobre de la population de l’autre. Visite du camp de réfugiés GOR Swecapura à Klungkung par une belle journée ensoleillée.

Les enfants de la famille Sudiarta s’amusent beaucoup
Sudiarta est ici depuis un peu plus de deux semaines avec les siens, c’est-à-dire son épouse, ses trois enfants, ses beaux-parents, dans une tente dressée sur le terrain entourant le gymnase. Originaire de Besakih, ils ont leur maison à 500 mètres de l’entrée du plus grand temple de Bali. Situés à seulement 9km du cratère à vol d’oiseau, les habitants de ce village touristique ont bien sûr été évacués rapidement. Nous lui demandons ce qu’il pense du camp et de la vie sous la tente. « Oui, voilà, c’est juste ça, pas grand-chose à faire mais les conditions sont bonnes », répond-il. Chaque jour, ce paysan rentre néanmoins au village pour nourrir son unique vache, les volailles et leur chien. « Le chien garde la maison, c’est rassurant. Nous n’avons rien apporté ici, que nos vêtements », précise-t-il. Les enfants courent autour de la tente avant de venir nous rejoindre pour la photo. Ibu Sudiarta confirme que les enfants adorent la vie dans le camp où ils se sont fait beaucoup de copains. Les conditions d’hygiènes sont parfaites, nous confie-t-elle. « Pour se laver, on fait un peu la queue mais on a le temps. On peut faire la lessive facilement aussi, » ajoute-t-elle. Le jour de notre visite, jour de plein soleil, la pelouse autour du GOR Swecapura est parcellée de centaines de vêtements multicolores en train de sécher. Bien sûr, le clan Sudiarta n’espère qu’une chose : que le volcan explose et qu’ils puissent rapidement à la maison. Derrière son gendre, belle-maman confirme d’un hochement de tête.

Seules 129 personnes ont nécessité des soins depuis l’ouverture du camp
La jeune doctoresse Lasta effectue son temps obligatoire post-universitaire au sein de la santé publique dans l’hôpital de Nusa Penida. Elle a été dépêchée dans le camp de Klungkung pour la supervision médicale des réfugiés. Elle avoue qu’il n’y a qu’un médecin de service à la fois mais les besoins ne sont pas très importants. Et le staff est très complet avec des dizaines de volontaires qui travaillent d’arrache-pied. Cette jeune femme originaire de Jakarta reconnait qu’au début, les réfugiés étaient en surnombre alors que le personnel n’était pas encore en quantité suffisante sur le site. Les premiers jours ont donc été un peu difficiles mais tout s’est rapidement mis en place.« Les principaux problèmes de santé rencontrées sont respiratoires, puis des rhumes ordinaires, des pharyngites et des maux de tête », affirme-t-elle en nous montrant des statistiques qu’elle vient d’imprimer pour nous. Sur les milliers de personnes qui sont passées dans le camp de Klungkung, seules 129 sont entrées dans l’hôpital de campagne où elle nous reçoit. Des psychiatres se sont relayés sur place également. Surtout à destination des enfants qui reçoivent une attention particulière. « On leur organise des jeux, il y a même des clowns qui viennent régulièrement faire des spectacles. Nous faisons aussi du conseil psychologique à ceux qui ont besoin d’une assistance sociale », nous explique-t-elle encore. Des médecins de Denpasar et Tabanan font aussi des visites ponctuelles en supplément.

Etre de retour à la maison pour Galungan
Made Sena et son épouse Sri sont en train de confectionner des petits paniers tressés lorsque nous les abordons sous le grand bale dédié aux ateliers de confections artisanales. « Au moins, comme ça, on ne s’ennuie pas. Et en plus, on gagne un peu d’argent », lance-t-il. Avec son épouse, il est arrivé dans le camp de Klungkung le 22 septembre dernier. Ils sont du village de Prangsari Kelod, dans la région de Karangasem, à 12km du volcan en colère. Pour faire face à leur désœuvrement du début, ils ont demandé à faire quelque chose et ils se retrouvent maintenant tous les deux à faire du tressage grâce à l’initiative d’une coopérative agricole de Tenganan. Etant un couple de paysans, ils sont ravis que les autorités aient aussi pris en charge leur bétail. « Nos bêtes aussi sont réfugiées dans un camp, s’amuse-t-il. Et je n’ai même pas à les nourrir, cela est pris en charge par le gouvernement. » Pak Made rentre cependant tous les trois jours au village pour nourrir la volaille et le chien qui garde la maison. Que font-il le soir ? « On regarde la télé ou on discute en attendant d’aller se coucher », explique son épouse dans un grand sourire. Et pour le service religieux, comment cela se passe-t-il ? Made Sena nous désigne d’un geste le temple qui est derrière. Et tous les deux d’espérer qu’ils pourront rentrer au village pour Galungan…

5 tonnes de riz entrent en moyenne tous les jours dans le camp
Wellem Supriyono est quelqu’un de très important dans le camp de réfugiés de Klungkung, c’est lui qui est responsable de la logistique. Tout ce qui entre, tout ce qui sort du complexe GOR Swecapura est placé sous sa supervision. Pour ce fonctionnaire du ministère des Affaires sociales rompu aux interventions humanitaires, il en faudrait plus pour être impressionné. « Tout est en contrôle, nous assure celui qui a plus de 100 personnes sous ses ordres. Et tous des volontaires. » 5 tonnes de riz entre en moyenne tous les jours avec des pics à 11 tonnes lorsque le camp a été en surcapacité au début, à cause des réfugiés volontaires. « Le gouvernement leur a donné l’ordre de rentrer chez eux », explique-t-il en rajustant sa casquette sans arrêt. Le camp de Klungkung assure également le ravitaillement de 124 postes de surveillance dans la zone dangereuse. Et d’énumérer la liste des produits qui passent sous son contrôle : de l’eau minérale, des légumes, des fruits, des œufs, de l’huile, des suppléments alimentaires, des hectolitres de bubur pour les personnes âgées, des hectolitres de lait pour les petits, des savons, du shampoing, des couches-culotes etc. Si la municipalité de Klungkung approvisionne le site en eau de la ville, Wellem Supriyono fait également rentrer des camions d’eau supplémentaires. « Nous avons besoin de vêtements, surtout d’uniformes pour les écoliers que nous re-scolarisons dans le coin. Ah oui, et aussi des fournitures scolaires », continue-t-il. Pour ce vétéran du secours social, déjà présent sur le terrain lors du tremblement de terre à Jogjakarta en 2006, le plus dur dans son métier, nous confie-t-il, c’est d’ajuster constamment les besoins.

Eric Buvelot

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