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Fort de kopi Bali

On entend un peu partout et un peu souvent que nous habitons dans le plus grand pays musulman du mooooonde mais pas assez souvent – à mon goût – qu’on habite dans le 4em pays producteur de café du monde…
Et si vous êtes, comme moi, amatrice (voire carrément dépendante) de ce liquide noir, aromatique au nez impérieux, c’est un vrai bonheur. Certes si vous aimez le caoua avec du lait et du sucre vous n’aimez probablement pas le Kopi Bali… que j’aime entre autres pour la simplicité de sa préparation. Pas besoin, de filtre, d’électricité, ni de presse…
« T’as d’l’eau chaude ? t’as du café (de Bali ou d’ailleurs) ? Alors tu peux me faire un Kopi Bali ! »

Jusqu’à il y a 5 ou 6 ans, à Bali, à part dans les grands hôtels, le Nescafé était bien souvent la seule alternative au Kopi Bali. Ce qui m’a incitée à l’apprécier tout en m’entrainant à la patience, vertu qui me manquait (pas convaincue de la pertinence de l’imparfait ici mais personne n’est parfait-e) cruellement et dont le manque en la circonstance conduit invariablement à se cramer le bout de la langue et à se retrouver les dents décorées de café moulu. J’associe tellement cette méthode de préparation du café par décantation sans filtrage à Bali, que lors de mon premier séjour à Java – près d’une plantation de café d’ailleurs – j’ai bien fait rigoler la serveuse en demandant un Kopi Bali. « ‘Bu, di Jawa bilang Kopi Jawa ya ! »

S’il existe moult façons de préparer le café (infusion, presse, piston, turc, vapeur d’eau sous pression (moka), décantation, dépression (cona)…), il existe aussi plusieurs techniques pour enlever la peau des fruits de caféier avant leur torréfaction… les faire sécher au soleil, les faire tourner dans de l’eau, les faire tourner dans une machine ou les faire digérer par des civettes, et devinez quoi en Indonésie on fait les 4, en fonction des traditions familiales ou des régions, mais il n’existe qu’une seule façon de bien conjuguer le verbe moudre (je mouds, tu mouds, elle moud, nous moulons…), et je vous laisse vous y entrainer :
Il aurait fallu que tu …….. du café d’ici 2 heures afin qu’il fût frais à mon retour. (Imparfait du subjonctif après le conditionnel, n’essssst–ce pas, deuxième personne du singulier).*
Si nous…….nos grains de café juste avant de le passer celui-ci n’en serait que meilleur ! (imparfait de l’indicatif, première personne du pluriel).**

De nos jours, plus besoin de pratiquer l’acutomancie, l’oomancie, la capnomancie, la kéromancie, la lychnomancie, la catoptromancie, la molybdomancie*** ni la cafédomancie pour savoir où trouver un espresso (ou un express comme on dit à Paris) à Bali. Pourtant c’est sympa la cafédomancie… surtout si le dessin que vous obtenez dans le marc est une chauve-souris, une jarre, un lézard, un œil ou une rose (dans l’ordre des signes de bonheur, d’abondance, de sagesse, de savoir et de perfection) …plutôt qu’un damier (conflit), un disque (danger), un filet (complication) ou une trompette (mauvaise nouvelle).

Fast Drink

Allez, je vous mets au jus de ce qui se passe par ici côté-café puisque les établissements de type coffee shop ou espresso-bar fleurissent à Bali à peu près aussi vite que les restaurants de crabes.

Depuis 2002, il y a des Starbucks en Indonésie et il y en a même à Bali, et pas 1, pas 2, pas 3 mais 10 ! L’espresso, amer et acide à la fois, belle performance, y coûte 25 000 rp, mais comme c’est pas assez cher, il n’est pas sur le tableau-menu, il faut le demander …l’air désolé de ne pas pouvoir s’offrir un Raspberry Truffle Mocha à 60 000 rp ni même 591ml de Caramel Macchiato à 57 000 rp.

A McCafé, ce n’est pas le prix qui pose problème puisque l’espresso est à 12 273 rp et le Cappuccino à 14 091 rp… Pour fermer le menu du fast drink, avec un café un peu plus buvable, si vous êtes dans un centre commercial ou à l’aéroport : J.Co qui, s’étant rendu compte que les gens appréciaient beaucoup le donut gratuit offert avec chaque boisson, en a profité pour devenir un des concurrents de Dunkin Donuts. 15 000 rp l’espresso avec donut gratuit (vendu seul 7000 rp, ce qui en fait donc 8000 rp l’espresso),
21 000 rp le cappuccino avec donut.

Du grain à moudre et Nespresso

Parmi les relativement nouveau venus, il y a Anomali café, tout au début de la Jalan Kayu Aya (Oberoi), par un marchand de café « Single Origin » de Jakarta. On peut y acheter des grains à moudre (soi-même ou sur place gratuitement), des grands crus d’Indonésie, 200 grammes de Toraja pour 80 000 rp, 200 grammes de Tora Awan pour 135 000 rp, 100 grammes de Luwak pour 300 000 rp par exemple, mais on peut aussi y déguster des cafés de renom, Kintamani (Bali donc), Flores Bejawa, Toraja Kalosi, Papua, Aceh Gayo Organic, North Sumatra et bien sûr Luwak (à partir de 26 000 rp, jusqu’à 110 000 rp pour le Luwak)… préparés de 5 méthodes différentes. L’espresso « house blend », mélange « maison » composé de 80% de café de Sumatra et 20% d’Aceh vous coûtera 22 000 rp.

7 mots sur le Kopi Luwak : Pourquoi pas… mais pas n’importe lequel ! Si le cacafé est passé par l’estomac de civettes sauvages, à l’alimentation diversifiée, et non pas par celui de pauvres petites bestioles gardées dans des cages immondes et gavées de force de mauvais fruits de caféier. C’est relativement difficile de s’en assurer et plutôt rare comme vous vous l’imaginez aisément…

En ce qui me concerne, j’achète en supermarché ou dans un point de vente de la marque Excelso, le 100% Arabica (là, il s’agit de la variété de caféier Coffea Arabica où qu’il pousse) Excelso (200 g pour
36 000 rp déjà moulu), ils commercialisent aussi tous les grands crus cités ci-dessus (moulus ou en grains) et des grands crus du monde entier, ainsi qu’un house blend, et un Robusta (Coffea Canephora). Pour les expressos à la maison, je suis fidèle depuis de longues années à la marque Nespresso. Mais y a un hic… les capsules ne sont pas officiellement distribuées en Indonésie. Longtemps, pour me lever de bonne heure, j’ai dû en rapporter dans mes bagages… mais ça c’était avant, avant de trouver le très efficace Toko Nespresso, de Jakarta mais surtout sur whatsapp (0821 1036 94 32) Facebook (tokonespresso) et par email ([email protected]), 120 000 rp la boite de 10 capsules (le même prix qu’à Singapour ou Hong Kong), livraison à la maison à Bali par coursier JNE (20 000 rp jusqu’à 1 kg) en 2 ou 3 jours ouvrés !

A partir de 15 heures (sinon, c’est pas prêt) on peut aller faire l’expérience d’un café « single origin » – origine qui me dit-on change tous les jours et de Sumatra la dernière fois que j’y suis allée – préparé par infusion à froid pendant HUIT heures. 30 000 rp chez Revolver, intéressante « boutique coffee house » du gang 51 en face de la Bali Clinic, toujours sur la Jalan Kayu Aya.

Si on est dans le coin, on peut aller boire un café en regardant la rizière d’en face à Rasio « Good Basic Coffee », c’est leur accroche, et c’est ce qu’on y trouve (20 000 rp l’espresso, 24 000 rp le cappuccino) avec de la bonne humeur et des petits muffins à 5 000 rp.

Je conseille aussi le plus « rock n roll » Moose Espresso Bar (sur le début de la Jalan Batu Belig), et ses good vibes, de 8 heures à 16 heures, où l’on fait et sert avec une grande attention portée au produit, des cafés Toby’s Estate sélectionnés et torréfiés par le torréfacteur australien Toby Smith. 25 000 rp l’espresso (je recommande le mélange Wooloomooloo), 30 000 rp le cappuccino.

Cafés gourmands

Si vous avez tenu jusque là, c’est probablement que vous êtes d’accord avec moi, un bon café, c’est essentiel. Et si ça se trouve, vous êtes aussi des becs sucrés et apprécierez donc les cafés pour gourmands que voilà.

Si j’écris Gusto (46 Jalan Mertanadi Kerobokan) vous pensez probablement glace à la pistache, sorbet tamarillo, ou stracciatella, mais est ce que vous avez essayé leur café ? Le nouveau ? Le Caffé Molinari ? 20 000 rp l’expresso, 25 000 rp le cappuccino avec petit sablé au beurre frais. Et ultime gourmandise (après un déjeuner léger… quinoa, haricots verts, salade de papaye verte par exemple) l’affogato, un expresso servi sur une boule de glace Gusto de votre choix, vanille pour les classiques ou bien cannelle, gingembre, chocolat ou hokey pokey… 40 000 rp.

Bow (Jalan Batu Belig) propose un bon espresso à 22 000 rp, qui devient carrément exceptionnel pour 13 000 rp de plus : c’est le « café gourmand » avec 1 part de fondant au chocolat, 4 biscotti, 2 biscuits chocolat cacahouète et 1 petit gâteau à la figue.

Si là maintenant vous auriez bien pris un petit ou un grand café, mais qu’il est déjà tard et que vous avez peur de ne pas dormir ce soir, puisque comme l’a si bien dit Alphonse Allais « le café est un breuvage qui fait dormir quand on n’en prend pas », je vous conseillerais bien de vous calmer avec « un café du pauvre », expression pré-datant le Nescafé, le Mac Do et la chanson « couleur café » (là, je vous donne un indice) de Serge Gainsbourg, mais je n’ose point.

* Il aurait fallu que tu moulusses du café d’ici 2 heures afin qu’il fût frais à mon retour.
** Si nous moulions nos grains de café juste avant de le passer celui-ci n’en serait que meilleur !

*** divination par les épingles, les œufs, la fumée, la cire, la bougie, les miroirs, le plomb… mais je ne vous apprends probablement rien.

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