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Derawan, un paradis dans la mer des Célébes

Au petit matin, les enfants courent sur
le ponton en bois face à notre bungalow.
Un petit bateau de pêche vient d’arriver.
Tout le monde aide à porter les seaux
remplis de poissons. Bienvenue à Derawan,
une petite île de 1600 habitants située au
nord-est de Kalimantan. Un havre de paix
très loin des destinations touristiques
de l’archipel. Ici, il faut prendre le temps.
Pour atteindre l’île (40 minutes depuis
Balikpapan puis encore deux heures de
speed-boat) et pour se faire au rythme
tranquille des jours qui s’écoulent.
La majorité des habitants sont issus de
l’ethnie des bajao, les fameux « gitans de
la mer ». Une grande famille, originaire
du sud des Philippines, qui compte de
nombreux cousins malais tous pirates
professionnels ! Autrefois, les courants du
nord les amenaient vers cette partie de
Bornéo au mois de novembre. Après la
saison sèche, ils remontaient vers le nord.
Aujourd’hui, tout a changé. Ceux qui sont
restés vivre sur ce bout de terre se sont
installés il y a quatre-vingts ans. « Quand
nous avons posé nos sacs ici, il y a vingt
ans, c’était merveilleux, se souvient Serge,
un Français qui passe la moitié de l’année
ici avec sa femme Colette. Tout le monde
s’éclairait à la lampe à pétrole ! Il n’y avait
que quelques rares groupes électrogènes ».
Tous ces gens avaient peu de besoin. La
pêche était abondante. Tous les hommes
étaient pêcheurs et les femmes devenaient
naturellement femmes de pêcheurs.

Le président Suharto, pour une visite
éclair (24 h !), a fait installer l’électricité.
Peu à peu la modernité est apparue. Les
premières motos, la télévision et depuis
peu les téléphones portables font partie
du quotidien. Et la donne a changé. Les
hommes pêchent moins car les fonds
sont moins riches. Des nouveaux besoins
ont débarqué dans la vie quotidienne.
Beaucoup de familles vivent à crédit.
Même si l’île dispose de deux hôtels, dont un grand resort souvent vide, les touristes
ne sont pas nombreux à Derawan. Et ce
n’est pas nous qui nous en plaindrons !
La rue principale du village, bordée de
maisons colorées, s’anime tous les soirs
des cris des enfants fraîchement sortis
du mandi. La vendeuse de primeurs et
de fruits de mer, tire son petit chariot en
criant « sayur sayur ! » Dans les épiceries
où l’on vend un bric-à-brac de minidosettes
(lessive, café, gâteau, shampoing,
détergent…), on entend le ressac des
vagues. Installées sur pilotis, les maisons
dominent l’eau. Plus loin dans la rue, c’est
l’école. Les écoliers peuvent y suivre des
cours jusqu’en 4ème. On profite donc des grappes d’enfants qui viennent jouer sur
la plage à toute heure. Tous les soirs, les
femmes discutent de leur journée en les
surveillant. Des canards font la course sous
les maisons dans un vacarme infernal.

Les habitants de Derawan sont
accueillants et chaleureux. Ici,
les Occidentaux ne sont
pas des bule, albinos dans
le texte, comme partout
dans le Kalimantan, mais des
barat, des gens de l’ouest. Un
détail qui fait plaisir. Quand
Serge est arrivé, les vieux
du village lui ont demandé
de comparer leur île avec Bali. L’ancien entraîneur de rugby de
Auch en rit encore. Derawan ne porte
aucune étiquette. Ici, pas de petit-déjeuner
continental et mieux vaut apprécier la
nourriture indonésienne version goreng ! L’île n’est pas ravitaillée tous les jours
en fruits et légumes mais qu’importe.
Le luxe est ailleurs. On vient à Derawan
pour nager sans danger avec les tortues
marines. Elles sont en permanence tout
près du bord où elles viennent brouter
les herbes marines. La nuit, avec un peu
de chance, on tombera peut-être sur l’une
d’entre elles qui vient pondre derrière l’île.
Malheureusement, les braconniers rôdent
et volent les oeufs pour les revendre à
des Chinois qui les dégustent comme
des friandises. Pour endiguer le problème,
une petite fondation récupère les oeufs et
remet à l’eau les bébés tortues.

Derawan ne déborde donc pas d’activités
mais si on aime le farniente et la
contemplation, c’est le lieu idéal. Tout
autour, d’autres atolls de rêve sont
suspendus sur la mer de Célèbes. Pour
les plongeurs, inutile donc de végéter ici.
Les paradis environnants restent des spots
incontournables… A découvrir dans le
prochain numéro de la Gazette.

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