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Y A-T-IL ENCORE DE LA PLACE POUR LES ZOOS DANS NOS VIES ?

Le Bali Safari and Marine Park est particulier parce qu’il y a un accès pour les handicapés, une particularité que la plupart des attractions touristiques de Bali sont encore loin d’avoir. Récemment, j’ai emmené mon père de 91 ans dans ce « jardin zoologique », comme on disait avant, pour son anniversaire. Le meilleur moment de sa visite fut quand on a assis une femelle orang-outang à côté de lui. Les voir se regarder les yeux dans les yeux avec une confiance réciproque fut un moment spécial pour nous tous. C’était merveilleux de voir la joie sur le visage de mon père. Probablement une expérience positive pour tous ceux concernés ?
J’ai eu la chance de voyager et de voir une grande partie de la vie naturelle de l’Indonésie dans les forêts pluviales, les savanes et les récifs coralliens. Ayant également vu les zoos « des deux côtés des barreaux », en tant que membre du staff ou en tant que visiteur, la pertinence des zoos dans le monde moderne est d’un intérêt particulier pour moi.
Les zoos sont perçus essentiellement par la plupart d’entre nous comme des lieux de divertissement et non d’éducation. Les directeurs des zoos modernes dans le monde essayent de changer cette perception du public, comme on peut s’en rendre compte avec des cages améliorées, du matériel d’interprétation, des programmes d’élevage en captivité et des initiatives lointaines dans les pays où les animaux ont leurs origines. Mais cela est-il suffisant pour justifier le fait de vouloir garder dans des cages des animaux sauvages ?
Bien sûr, il y a un côté négatif à cette exposition d’animaux sauvages. J’ai souvent vu des animaux en captivité vivre dans le confinement de cages étroites. Certains étaient assaillis par des maladies, sans nourriture ou abri adéquats, tandis que d’autres montraient des symptômes « non naturels » de comportements névrotiques comme des déambulations saccadées résultant d’une cage au design inappropriée ou d’un manque de stimulation. Récemment, c’est avec horreur que nous avons appris que plus de 2000 animaux sont morts de maladies ou de manques de soins dans l’infâme zoo de Surabaya (cf. La gazette de Bali n°83 – avril 2012). Sans oublier celui de Bandung et ses ours faméliques.

Incapable de survivre dans la nature si on le relâche
Il semble qu’un nombre croissant de gens pensent que cela n’est pas moral de mettre un animal en cage. Certains vont plus loin, arguant que tous les animaux captifs doivent être « libres » et renvoyés dans la « nature ». Des photos en ligne d’animaux souffrant de terribles conditions de détention vont dans ce sens. Comment est-il possible pour un tigre, ou un gibbon, d’être « heureux » dans une cage minuscule quand son territoire naturel atteint des centaines de kilomètres carrés de forêt ?

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Mais un animal incarcéré est-il réellement malheureux ? Dans certains cas, il ne faut pas être un expert pour comprendre qu’un animal est clairement en détresse. Toutefois, il est facile pour les gens de projeter leurs émotions et leurs valeurs sur les espèces non-humaines, ce qui conduit à des mauvaises interprétations. Beaucoup d’animaux n’ont pas le cerveau et le langage nécessaires pour articuler leurs émotions d’une façon compréhensible pour nous, et leur comportement est très différent du nôtre, donc leurs véritables conditions physique et mentale sont difficiles à interpréter.
Considérons ce que c’est d’être « captif ». Les animaux nés et élevés en captivité sont souvent si « habitués » à vivre dans un environnement restreint et à consommer un régime « artificiel » qu’ils ne seront jamais capables d’être relâchés dans la nature et d’y survivre. Ceux qui sont habitués aux humains erreront près des villages pour trouver de la nourriture, tomberont dans les filets des collectionneurs d’animaux ou dans le viseur des chasseurs, et finiront dans le trafic illégal une fois de plus.

Prendre le temps d’aller dans le zoo de votre région
Les efforts de réhabilitation des orangs outangs, des tigres, des rhinos, des étourneaux de Bali dans ce pays sont un bien triste témoignage de ce fait. Alors que les réintroductions sont quelquefois désirables, elles impliquent énormément de planning, d’expertise et de financement, sans garantie de succès. Certains affirment même que les plus grandes zones de conservation animale, avec leurs barrières qui tiennent les humains éloignés, sont désormais les zoos. Avec un élevage correct, un animal en captivité recevra une meilleure nutrition et sera en meilleur santé que son congénère dans la nature.

L’espace naturel sauvage de notre planète est en diminution constante. Les zones qui restent sont abîmées et réduites par les peuplements, ou disparaissent simplement lorsque la population augmente. Où un étourneau peut-il être relâché sur cette île sans la menace d’être capturé à nouveau, sans parler de la difficulté de retrouver un habitat dans lequel vivre en
sécurité ? Le réchauffement planétaire réduit aussi les habitats naturels, notablement en montagne, où la montée de la température pousse la faune plus haut, dans des zones plus étroites.
Ayant dit tout cela, je crois néanmoins que la fonction du zoo comme une arche de Noé est surévaluée. Cela prendra des milliers d’années à une forêt pluviale pour repousser, et pendant ce temps, des millions d’espèces vont disparaître, certaines pour toujours. Seule une portion infime des animaux sauvages de la planète sont détenus dans des zoos, et la plupart d’entre eux ne prospèrent pas en captivité. Prenons le dragon de Komodo par exemple. Après avoir été capturés pendant plus de 100 ans pour alimenter les zoos du monde entier, les efforts pour les élever en captivité, même ici en Indonésie, restent bien limités ! Les réserves de tigres de Sumatra génétiquement « purs » ne sont pas assez importantes pour que leur réintroduction ait un impact conséquent sur les populations sauvages en extinction, sans compter que personne ne veut trouver un tigre dans son jardin !
Quels que soient leurs défauts, les zoos aujourd’hui nous donnent la chance de voir la vie sauvage de près, de les sentir et de les toucher d’une façon qui n’est pas possible avec la télé, les films ou l’Internet. Ils servent à nous remémorer notre vraie place dans le monde naturel, et nous donnent du grain à moudre. Alors que je m’oppose à la cruauté envers les animaux sous toutes ses formes, je crois qu’avec des soins appropriés, il y a encore de la place pour les zoos dans nos vies. J’essaye toujours d’inciter les touristes à passer une journée au zoo. De façon plus conséquente, leurs enfants auront la chance de décider pour eux-mêmes sur les dossiers concernant les animaux en captivité. Les idées reçues des parents peuvent influencer négativement un jeune esprit avide de savoir ! Je vous suggère donc de prendre encore le temps d’aller dans le zoo de votre région. Gardez un œil critique et posez des questions ! A mon sens, les enfants sont de plus en plus éloignés de la nature. S’ils ne peuvent expérimenter ces connexions par eux-mêmes, comment peut-on attendre d’eux qu’ils chérissent et protègent la nature pour les générations à venir ? Une visite au zoo est un peu chère mais l’entretien correct de tous ces animaux n’est pas gratuit. Avant de mettre tous les zoos dans le même panier, donnez-leurs une chance, vous ne serez peut-être pas déçus !
Pour toutes questions sur la vie naturelle en Indonésie, posez vos questions par courriel à [email protected], ou sur Facebook à « Ron Lilley’s Bali Snake Patrol »

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