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Un plan qui se déroule sans accroc

C’était attendu par la plupart des analystes, prévu par les instituts de sondage, voulu par une majorité de la population indonésienne et espéré par bon nombre d’amoureux du pays. C’est maintenant chose faite, la présidence Jokowi continue pour un second mandat. Alors même si l’issue du scrutin n’a jamais semblé faire de doute et que sa forte popularité avait même laissé présager qu’il soit le seul candidat en lice, l’histoire récente des élections au suffrage universel tant dans le pays que de par le monde nous rappelle néanmoins que le moindre faux pas peut vite faire vaciller les opinions et inverser les tendances. D’ailleurs Jokowi fut aux premières loges pour assister impuissant au phénomène quand Ahok, son ancien colistier à la gouvernance de Jakarta est passé en quelques semaines d’ultra-favori pour le poste de gouverneur à simple détenu dans sa cellule après avoir pris 2 ans pour blasphème. Un gâchis spectaculaire engendré par quelques mots anodins évoquant le Coran lors d’un discours sans réelle importance prononcé un matin dans une petite ville de banlieue. Une scène furtive enregistrée sur un téléphone portable puis les réseaux sociaux se seront chargés du reste. La question religieuse sans être forcément une préoccupation première pour la population reste malgré tout un incontournable. C’est aussi et surtout un terrain particulièrement piégeux qu’il convient d’aborder sur la pointe des pieds ou avec certaines garanties. Et comme un homme averti en vaut deux, on a eu l’idée dans le camp Jokowi d’aller chercher comme vice-président le chef du Conseil des oulémas indonésiens. Une décision que certains ont pris comme une compromission avec un islam ultra-conservateur mais qui aura surtout été un joli coup politique lui permettant de tuer dans l’œuf les attaques des groupes radicaux qui aiment présenter son progressisme comme étant anti-islam. Mais pour remporter un scrutin gagné d’avance, ne pas faire d’erreur ne suffit pas. Il faut encore que les électeurs se déplacent pour glisser leur bulletin dans l’urne. Un devoir civique qu’ils ont accompli comme jamais auparavant, notamment les jeunes qui auront contribué à porter le taux de participation à des niveaux record. En ayant su résister à la fièvre populiste qui continue de progresser partout ailleurs, cette Indonésie que les plus pessimistes désignent régulièrement comme un pays sous la menace d’une crise politique, sociale ou religieuse fait preuve encore une fois d’une remarquable stabilité. Et tandis que dans la région, Brunei décide d’instaurer la charia, que Duterte prospère aux Philippines, qu’une junte militaire s’accroche au pouvoir en Thaïlande, qu’un ancien Khmer rouge règne sans partage sur le Cambodge et que Singapour continue d’être gouverné par un parti unique avec une opposition quasi inexistante, le plus grand pays musulman du monde réaffirme avec enthousiasme son attachement à sa démocratie qui semble plus solide que jamais.

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