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Un papier sur le papier

« Est-ce nécessaire d’utiliser tant de papier ? » Non, l’ironie de la chose ne m’échappe pas, oui c’est bien du papier – qui plus est barbouillé par moi – que vous avez entre les mains. J’ai beau être « khmer vert » sur certains sujets mais comment se passer de journaux, de livres, de lettres d’amour, de cartes postales à papi-mamie… Et puis, j’ai un scoop : les arbres aussi meurent. Alors, juste avant que cela n’arrive, on peut bien faire du papier avec, à condition d’être dans le cadre d’une vraie politique de gestion forestière durable (mais je laisse à d’autres le soin de vous parler d’AP&P et du moratoire sur la déforestation annoncé par le gouvernement indonésien en 2010).

A Bali, comme dans bien d’autres endroits, certains s’efforcent de faire du papier avec d’autre chose que des arbres morts. Les éléphants de Bali Safari (le site internet [www.balisafarimarinepark.com->www.balisafarimarinepark.com] pour la forme et les petits nouveaux) soutiennent cet effort vert par des dons quotidiens en nature : car oui, on peut aussi faire du papier avec des excréments, des fèces, des bouses, des déjections de mammifères terrestres végétariens si leur alimentation est riche en fibres végétales. Oh ça va, pas la peine de faire les dégoûtés, vous avez tous déjà bu du kopi luwak, non ? Depuis novembre 2011, il est donc possible de visiter la « Safari Poo Paper Factory », l’atelier où les contributions des mastodontes sont valorisées en les mélangeant avec du papier récupéré de l’administration du parc (il faut aussi de l’eau, des filtres, une sorte de gros mixeur, des marmites et du soleil). Non, ça ne sent pas mauvais. Oui, vous pouvez mettre la main à la pâte (à papier). Les feuilles ainsi obtenues sont ensuite utilisées pour réaliser des petits objets de papeterie : cartes de voeux, coffrets de correspondances et cadres photos vendus sur place. Il y a bien d’autres manières de faire du papier, et pas depuis hier, puisque « papier » et « paper » nous viennent tout droit du latin papyrus, et le « kertas » du bahasa de χάρτης (khartēs), vient du grec ancien désignant la feuille de papyrus ou par extension le papier. A ma connaissance, pas de papyrus exploité à des fins papetières à Bali, mais du bambou, des ananas et de l’envahissante jacinthe d’eau (eceng gondok). On notera que ces trois là servent à bien des choses, dont l’alimentation des grands mammifères végétariens. Sans transit, pardon, sans transition avec le paragraphe précédent, sachez qu’à Ubud se trouve dans la même rue, Jalan Dewi Sita, sur le même trottoir (celui de gauche en descendant de la Jalan Hanoman), deux magasins qui sauront amplement satis-faire vos besoins en papier recyclé. Kado et Kertas Lingsir – encore un point commun, les deux lettres initiales KK donc. Bonnes adresses pour les cartes de voeux, si vous n’êtes pas déjà passés au tout électronique voire au carrément virtuel – pour celle à la baronne : attention, la date limite de réception est le 31 janvier. On ne présente plus Saraswati Papers, créé par Kali Sari en 1995 (cf. La Gazette de Bali n°66 – novembre 2010) et son atelier de la Jalan Batu Belig (0361 736 418), mais je ne connaissais pas le magasin d’Ubud tout en raffinement et délicatesse. L’intégralité du papier utilisé pour les cadres photo (107 000 rp), coffrets, cartes (27 000 rp), feuilles, boîtes à encens (79 000 rp) vient de fibres recyclées. Kado se trouve au début de la Jalan Dewi Sita avant l’intersection avec la Jalan Gautama. Tél. (361) 886 3338. Chez Kertas Lingsir (Margaret, depuis 1992), on trouvera d’adorables petits carnets colorés en papier recyclé, avec crayon de papier assorti, pour 18 000 rp, des feuilles de papier cadeau en fibres d’ananas et papiers recyclés pour 12 000 rp, des coffrets de correspondance, des paquets de papier A4 en bambou (50 000 rp les 50), des lampions (85 000 rp). Le magasin est vers le bas de la rue, près du terrain de football. Tél. (361) 973030.

A signaler aussi deux autres incontournables (moins khmer vert) pour les amateurs de papeterie : Gramedia (au premier étage du Mal Bali Galeria, le rayon grand, beau et bien rangé est au fond du magasin avec la librairie), et Bali Art Media (Jalan Imam Bonjol 434, Tél (361) 485 248, et dans une moindre mesure le rayon papeterie à l’étage du super marché Bintang sur la Jalan Seminyak. Et puis, je compte sur vous pour les prochains ogoh ogoh, si vous en faites ou si avez une quelconque influence dans votre banjar : ils doivent faire très peur mais surtout être en papier mâché, si possible recyclé et avec des armatures en bois ! Pas en polystyrène expansé monté sur des tiges en plastique, ce qui est effrayant mais pas pour la bonne raison. Idem pour vos achats de cerfs-volants qui eux aussi sont traditionnellement en papier. Tout ça me fait penser à une chanson : « Il était un petit homme, pirouette cacahuète, il était un petit homme qui avait une drôle de maison, qui avait une drôle de maison. Sa maison est en papier pirouette cacahuète… » Et dire que je me suis donnée tant de mal à ne pas écrire « caca » pendant l’écriture de ce papier… Enfin, j’ai évité l’écueil du papier toilette, c’est déjà ça !

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