Depuis la réunion de mars 2006 au Kafe Warisan (cf La Gazette de Bali n°10 – Mars 2006) à laquelle La Gazette de Bali avait convié Alain-Pierre Mignon, président de l’IFCCI, pour attirer l’attention de Jakarta sur la communauté des entrepreneurs de Bali, l’idée d’une branche balinaise de l’IFCCI ne semblait jamais devoir prendre forme. Et puis, soudain, à la surprise générale, nous nous retrouvons à quelques dizaines, dans la chaleur d’une fin de saison des pluies, à assister à l’inauguration de cette annexe.
Il est plus que probable que la croissance soutenue de la communauté française à Bali cette dernière année a contribué à l’implantation de cette institution au point que si tous les résidents de Bali étaient enregistrés, leur nombre dépasserait largement celui de Jakarta. L’effectif de l’école française devrait augmenter de 25% à la prochaine rentrée 2010. L’année 2009 a connu aussi une fréquentation record de touristes français (+ 45%), devançant pour la première fois les autres nations européennes.
Un tel essor suscite des réactions et des convoitises, tant politiques que commerciales. On peut se féliciter par exemple que l’ambassadeur visite aussi souvent les Français de Bali, les écoute attentivement, les traite à l’égal des ressortissants de Jakarta en leur offrant des soirées appréciées. Beaucoup espèrent ainsi qu’il mettra bientôt à la disposition de l’office consulaire une machine biométrique afin de faciliter l’obtention des passeports et éviter de dispendieux allers-retours sur la capitale. On se réjouit aussi que la Chambre de commerce s’installe et propose ses services pas seulement pour les grandes entreprises françaises ou les nouveaux arrivants mais aussi et surtout pour les entrepreneurs installés à Bali, plus de 230 à notre connaissance. A ce propos, Philippe Augier, délégué à Bali des Conseillers du Commerce Extérieur Français en Indonésie, était présent dans l’assistance et se joint à nos efforts pour accueillir l’IFCCI : « C’est un nouvel élément positif de la présence française, déjà importante à Bali… Les CCEF sont heureux de cette implantation, et notre participation souligne la bonne entente, et la complémentarité entre nous. »
Accompagnement certes mais aussi d’une certaine manière encadrement de cet important afflux d’immigrants français, « canaliser, dans le bon sens du terme » comme l’a souligné un des intervenants. Certaines réflexions relevées dans les discours ont fait grincer des dents. Par exemple, l’idée de « changer l’image de Bali » semble bien mal à propos sur une île qui est devenue une terre d’accueil pour les Français et qui bénéficie encore d’une image unique au monde de par son histoire et sa résistance à l’envahisseur. Pourquoi faudrait-il changer et quoi précisément ? L’image des entrepreneurs de Bali est-elle si détestable ? Autre réflexion qui a suscité des réactions, celle d’établir « une liste d’entreprises méritantes ». Selon quels critères de transparence financière, politique, sociale ou écologique ? Et pour quel avantage induit ?
Une nouvelle page se tourne à Bali. La France est le seul pays à posséder autant d’institutions sur cette île, un nouveau comptoir est en train de naître. Après l’école, l’office consulaire et le centre culturel, c’est un quatrième drapeau qui vient d’être planté. Espérons que nos hôtes ne finissent pas par souffrir d’une présence trop marquée et que le nécessaire accompagnement de notre communauté étrangère ne nous nuise pas à terme.
