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Un grand d’Europe pour le onze de Gianyar

La vie est belle pour cet Angolais francophone de 45 ans. A Bali, il a trouvé la sérénité qui lui manquait lorsqu’il jouait dans les grands clubs européens. Et si sa carrière de joueur s’est naturellement arrêtée avec l’âge, celle d’entraîneur se porte bien. Il vient de prendre les rênes de l’équipe de Gianyar et il a un grand défi à relever : maintenir le club en Ligue 1. De quoi satisfaire son esprit sportif et remplir son emploi du temps d’homme d’action. Vata Matanu Garcia est également le président du Bali International Beach Soccer Tournament, un événement qui s’est déroulé pour la première fois en novembre 2005. La compétition a été organisée par le biais de la fondation Isana Dewata afin de réunir des fonds pour les victimes des attentats islamistes de Bali.

Né en 1961 dans le nord de l’Angola, Vata a été élevé en République Démocratique du Congo, où sa famille s’était réfugiée, ce qui explique qu’il parle un Français mâtiné de locutions belges. Comme tous les joueurs africains, il a appris à taper le ballon dans la rue dès son plus jeune age. A 12 ans, il commence à jouer en minimes et à 16 ans il joue déjà en 1ère division dans son pays d’adoption devenu Zaïre. Il commence en milieu de terrain, puis très vite devient 2ème avant-centre, puis 1er avant-centre. Au début des années 80, il rentre en Angola et rejoint le club Progresso-Sambizanga. Au bout de trois mois, il est déjà recruté en sélection nationale. L’équipe angolaise part alors en stage au Portugal et la carrière de Vata va démarrer.

Lors du stage, les Africains participent à des tournois contre des équipes portugaises. Le club de Varzim remarque Vata et le recrute dès que possible faisant de lui le premier joueur angolais à évoluer dans un club européen. Il passera trois ans dans ce club au poste d’avant-centre, une position qu’il occupera toute sa carrière, et marquera 12, 17 et 14 buts durant ces trois saisons. En 1988, Varzim bat le Benfica de Lisbonne 3-2 lors d’un match de championnat, grâce à trois buts de Vata. Ce dernier est immédiatement courtisé et l’année d’après, il rejoint le célèbre club de la capitale portugaise qui a déjà pas moins de six avants-centres. Il passe alors plus de temps sur le banc de touche que sur le terrain mais à l’occasion d’un tournoi aux Etats-Unis, on lui donne sa chance face un club colombien et Vata fait des miracles. En cette année 1989, le Benfica est champion du Portugal et malgré de rares apparitions sur le terrain, Vata devient néanmoins le meilleur buteur du championnat.

En 1990, à cause de Vata, le football français va vivre un des pires moments de son histoire. L’O.M est en demi-finale de la Coupe d’Europe des Clubs Champions et le président du club, Bernard Tapie, l’a promis, les Marseillais vont décrocher la coupe. Lors de ce match retour, l’OM n’a qu’à assurer le match nul pour aller en finale. Ils dominent la rencontre mais n’arrivent pas à marquer afin de sécuriser leur position. Dans les dernières minutes, les Portugais obtiennent un corner que tire Valdo. La balle touche l’épaule de Vata, en lutte avec Di Meco et rentre dans les cages marseillaises. L’arbitre ne voit pas la faute et accorde le but. Le parcours européen du club français s’achève. Emeutes instantanées dans le stade et 16 ans après, ce but est encore remémoré parmi les fans français comme un coup de poignard. Il n’y a qu’a surfer l’Internet pour se rendre compte de l’impact de cette faute d’arbitrage et on peut aujourd’hui encore télécharger le replay du corner pour vérifier par soi-même. Vata est philosophe, dans le feu de l’action, la balle l’a touché et a rebondi instantanément dans les buts. Et puis, d’une certaine façon, la morale du sport est sauve puisque le Benfica a perdu la finale face à l’AC Milan.

Vata Matanu Garcia a découvert Bali en 1994. Il venait d’avoir des contacts pour jouer au Japon et passait par l’Indonésie afin d’attendre le déroulement des négociations avec les clubs nippons. Il a un coup de foudre instantané pour Bali. Il explique aujourd’hui que c’était une période de déprime où il devait faire face aussi à des problèmes conjugaux et qu’il a finalement décidé de s’y installer. « On peut me donner tout l’or du monde, si on me donne des maux de tête avec, je renonce », raconte-t-il pour expliquer sa rupture avec le football européen. Sa période asiatique va pouvoir commencer car en 1994, l’Indonésie autorise les étrangers à jouer et le Gelora Dewata, le club de Denpasar qui évolue en ligue 1, le recrute. Il y jouera jusqu’à la fin de sa carrière sportive, en 2001.

Trois ans en Australie comme prof dans une école de foot lui montreront à quelle point sa vie balinaise lui est précieuse et il reviendra en 2004 pour finalement faire ses début d’entraîneur au… Kalimantan. Il restera un an à Bornéo avant de retrouver sa maison de la banlieue ouest de Denpasar ou il se sent chez lui et où tout le monde l’apprécie. Il aime ce football asiatique dont le manque de structure et de moyens lui rappelle la situation qu’il a connu en Afrique. « Il y a beaucoup de bons joueurs mais il n’ y a pas de structures valables de formation», déplore-t-il cependant. « Je dois être dur avec eux et crier tout le temps », poursuit également Vata qui affirme avoir souvent des extinctions de voix depuis qu’il est entraîneur. Ce qui compte aujourd’hui ? « Que le Persegi Gianyar reste en Ligue 1 » et les matchs qui restent à jouer vont être d’une importance capitale pour éviter la relégation. Son fils Edemar, 19 ans, joue à Mojokerto (Java) et s’il peut rejoindre bientôt les rangs du Persegi, Vata ne se fait pas de souci pour l’avenir du club balinais…

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