Accueil Portraits

Un conseiller pour garder le contact

Nombreux sont les francais vivant à l’étranger qui n’ont aucune idée des activités de l’AFE. Pour preuve, le taux de participation catastrophique des dernières élections, avec seulement 12% de votants sur les 2 200 000 Francais residents à l’étranger. Si ces élus de la République, au même titre que les députés ou les maires, sont peu connus, c’est peut-être parce que leur fonction semble à priori contradictoire avec les préoccupations de leur électorat potentiel. Dans le geste volontaire de quitter le pays et de s’établir et travailler ailleurs, il y a chez beaucoup de ces Français un besoin de rupture. Convaincu du contraire, Michel
Testard, 56 ans, explique pourquoi il est primordial de garder le contact.

Selon ce chef d’entreprise basé en Thaïlande depuis 21 ans, s’il est exact que nous pouvons avoir besoin de l’AFE, le contraire est aussi vrai, tant la France a tout intérêt à ne pas se couper de ces Français de l’étranger qui sont des « éléments importants du rayonnement culturel et économique de la France dans le monde ». Ces Français « perdent beaucoup de leurs droits » en quittant le territoire national, « en France, nous bénéficions de beaucoup d’aides, et puis à l’étranger, presque plus rien », ajoute Michel Testard pour souligner le rôle éminemment politique du conseiller et des orientations qu’il doit donner à sa mandature.

Les conseillers sont élus pour six ans et rentrent en France deux fois par
an pour participer aux travaux de l’AFE et rencontrer les douze sénateurs qui représentent les Français de l’étranger. Actuellement, neuf sénateurs sont UMP ou proches, deux sont PS et le dernier est un non-inscrit. Les 152 conseillers élus dans le monde entier n’ont qu’un rôle consultatif mais l’AFE a la même importance théorique dans les rouages démocratiques de l’Etat que l’Assemblée nationale, le Sénat et le Conseil économique et social. Dans les neuf pays de la zone Asie du Sud n’existaient jusqu’à présent que deux postes de délégués, un à Hô Chi Minh-Ville et un à Bangkok. Suite à l’accroissement du nombre de Français en Asie du Sud, un troisième poste est créé afin de mieux couvrir le terrain. Selon le résultat du prochain scrutin, ce poste pourrait être localisé à Jakarta ou Singapour.

La liste de Michel Testard, de l’Association Démocratique des Français de l’Etranger, est à gauche et devra faire face au minimum à une liste affiliée UMP. Si, au niveau national, les enjeux politiques de cette consultation sont bien sûr la répartition des douze sièges de sénateurs, ici, les intérêts de politique politicienne de l’hexagone semblent bien lointains à la plupart des électeurs potentiels. Michel Testard, conscient du problème, met néanmoins l’accent sur l’importance de son travail et ne se décourage pas devant l’abstention. « Le 18 juin, allez voter, et cette fois, on pourra même voter par l’Internet », explique l’entrepreneur de Bangkok.
« Les Français de l’étranger sont des fers de lances de la France mais ils sont déconsidérés », poursuit-il. Et ce dernier d’énumérer les nombreux acquis sociaux que le prétendant à l’expatriation va perdre, « de l’école laïque et gratuite, à la couverture sociale, en passant par les aides à la création d’entreprise ». Et c’est là que le conseiller entre en jeu. Grâce à son soutien, des écoles vont pouvoir être créées et les enfants recevoir un cursus scolaire certifié par l’Education nationale. Comme celle de Bali, affiliée à l’Agence pour l’Enseignement du Français à l’Etranger, une homologation qui permet aujourd’hui aux élèves de bénéficier de bourses. Lorsqu’il n’y a pas d’école, les enfants peuvent recevoir un enseignement à distance par le CNED ou une aide de terrain, par un répétiteur du F.La.M (Français Langue Maternelle).

La santé est aussi un grand thème cher aux Français. Ils peuvent profiter d’une prolongation de leur assurance sociale par le biais de la Caisse des Français de l’Etranger. Cet organisme semi-privé, garanti par l’Etat, est toutefois « une caisse volontaire et les assurés doivent avancer l’argent des soins », rappelle Michel Testard. En cas d’urgence, le conseiller de l’AFE peut favoriser l’obtention d’une aide spéciale par la Commission consulaire pour l’Aide sociale. Cette disposition vise «les personnes en grande détresse, les gens âgés de plus de 65 ans, les veuves et les grands malades ». Enfin, les parents d’enfants handicapés peuvent également demander des aides.

L’AFE dispense des conseils en matière de fiscalité pour les entreprises et les individus, Elle a obtenu récemment qu’en cas de vente de leur ancien domicile principal en France, les Français résidents à l’étranger ne soient plus imposés sur la plus-value réalisée. Michel Testard fait également partie de la Commission Economique Fiscale et Financière, un organisme qui demande par exemple que les entrepreneurs de PME soient couverts deux ans par la Sécurité sociale lorsqu’ils s’installent à l’étranger ou qu’ils bénéficient d’une aide de la COFACE lorsqu’ils prospectent à l’étranger et qu’ils n’ont pas de siège en France.

En période de campagne, les idées fusent et les candidats rencontrent leurs électeurs. Pendant leur mandat, les visites sont plus rares … Il est vrai que ces élus, qui bénéficient pourtant du même prestige que leurs homologues de la métropole, de l’écharpe tricolore à la cocarde en boutonnière, sont loin d’avoir les mêmes ressources. Jusqu’à maintenant, ils étaient juste défrayés, et devaient trouver le temps d’exercer leur fonction en même temps que leur activité professionnelle. Une promesse du Premier Ministre va changer cela dès la prochaine mandature en leur allouant désormais un salaire de 800 euros. Un geste positif en faveur de la représentation des Français de l’étranger et du maintien de ce lien ténu entre la diaspora et l’hexagone.

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Please enter your name here