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Ubud, un parfum franco-russe

Ubud est une soupe d’ingrédients divers et ce mois-ci, un parfum franco-russe nous saisit pour un pudding irrésistible. Fait d’un mélange d’humanitaire, de poésie, de café fraichement moulu, de vodka et de blanchiment d’argent. Discussion avec Vadim Granovskiy qui apparait comme le représentant naturel de la communauté russe à Ubud.

Vadim vient d’organiser une « Soirée Poésie Russe » au restaurant Betel Nut et a ainsi collecté 1000 USD remis à Ibu Robin Lim pour sa clinique. Une belle réussite, compte tenu du peu de temps dont il disposait pour monter le spectacle et informer tout le monde. Même s’il est vrai qu’aujourd’hui les médias sociaux facilitent la diffusion de pareille initiative, Vadim reste le pivot de cette action humanitaire. « Nous avons besoin de ces soins et la clinique a besoin de nous. C’est un bon équilibre », déclare ce père de deux enfants. Les poèmes de Robin Lim sont traduits en russe et lus sur scène, çà semble toucher l’audience qui frémit et commente.

Vadim invite un blond poète du nom de Nikita à déclamer sa poésie. Nikita, qui enseigne par ailleurs dans une école de surf sur la côte sud, navigue sur la crête des mots, écrit entre deux marées et lit en public quand il y est invité. Son anglais est un peu hésitant mais il en connait un rayon sur les relations franco-russes : « Oui, il y a un siècle les Russes de bonne souche parlaient français, regardez Pouchkine » et illico, il récite quelques vers, entre deux verres… Yerman est aussi de la partie, jeune violoniste plus que talentueux, il manipule l’archet comme personne et passe du classique à ses propres compositions en sautillant tel un elfe sur la scène.

Vadim – dont les origines sont ukrainiennes et non russes, précise-t-il – un diplôme en Business Management en poche, quitte la Russie à peine âgé de 21 ans. « Le climat glacial et le mouvement économique m’ont poussé à Londres », dit-il. Il y travaille 10 ans dans le marketing et la communication avec des éditeurs d’art. Ah ah, ceci explique donc cela, l’art est son dada, « certes, mais je suis aussi impliqué dans le recyclage des ordures ! », sourit-il, sans qu’il y ait de lien particulier entre les deux. Il vient de s’installer l’an dernier à Bali avec sa famille et en deux temps trois mouvements, en amateur de vrai bon café, il crée « FREAKS » un petit bistrot qui ne sert que le meilleur « kopi », moulu sur place, à l’entrée de la Green School. Il est ainsi au cœur des choses. « Ici, il y a déjà 5 ou 6 familles russes avec leurs enfants. Bali est un grand melting pot de nationalités, avec 70 000 visiteurs russes l’an dernier et un chiffre d’environ 500 personnes qui y vivent », explique-t-il.

Je l’interroge et il explique la « mauvaise réputation » de certains de ses congénères (à qui les propriétaires balinais et autres hésitent à leur louer leurs maisons). Beaucoup vivaient à Goa, en Inde, dans le style drugs-sex-rock-n’roll-vodka-à-gogo… et ils se voient soudain obligés de quitter le pays pour un minimum de trois mois en raison de l’application de la nouvelle politique des visas. Où aller ? ah, tiens, pourquoi pas Bali !? Et on emporte toujours avec soi ses « bagages » n’est-ce pas ? Et le goût des fêtes tonitruantes même si ce n’est pas le cas de tous les nouveaux arrivants ici. Une autre question embarrassante… Pas pour Vadim : « Il apparait que beaucoup d’argent en provenance de certains touristes russes soit blanchi ici ? » « Certes, reconnait-il d’un ton paisible, il y a des villas de haut vol sur la côte. Et la Russie est en tête des pays les plus corrompus, tout comme l’est l’Indonésie. Mais en ce cas, c’est plus simple de blanchir à Londres qu’à Bali. »

Irons-nous jouer les Tintin reporter à London-don-don ? On préfère tout de même nos températures ici à celles de Kensington.

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