Accueil Billets Le billet de Papaya

MON TEINT CACHET D’ASPIRINE

Il me vaut toujours des compliments ici, surtout quand j’arrive d’un séjour hivernal en France. Mon entourage indonésien aime ce que moi j’aurais, a priori, plutôt décrit comme une petite mine. Surtout cette fois-ci où j’ai trainé jusqu’à Bali mon reste de bronchite « aux particules fines » tout droit importée de Paris (heureusement que mes voisins d’avion étaient des jeunes et qu’ils avaient tous leurs écouteurs sur les oreilles).
Bref, vous comprendrez que, dans ces conditions – et même si certains bule de mon entourage s’étonnent : « Rho !! T’es vraiment pas bronzée pour quelqu’un qui vit sous les tropiques !! » – je ne fasse pas la crêpe à longueur d’année pour peaufiner mon hâle ! J’avoue que j’évite aussi l’effet pomme ridée sur le long terme car les Indonésiens sont assez regardants pour ce qui est de la fraîcheur et la texture de la peau.
Etre blanche comme neige comporte néanmoins un désagrément de taille : ça vous fait passer pour la touriste qui vient de débarquer, le pigeon de service qu’on repère de loin et qui inspire certains locaux à gonfler les prix tout spécialement pour vous (« Just for youuu ! », comme ils disent).
Ceci étant, ici les polisi ne m’arrêtent jamais pour vérifier mes papiers, contrairement aux autres touristes. Peut-être estiment-ils que j’ai passé l’âge de faire des bêtises comme de rouler sans permis de conduire…
Mon ex, Indonésien, a vécu quelque temps en France avec moi. Un jour, je l’ai surpris en train d’étaler sur ses jambes le contenu d’un de mes tubes de crème. Je lui ai alors demandé pourquoi il se mettait de l’auto-bronzant (à l’époque être hâlée était le fin du fin pour moi). En fait, il voulait hydrater sa peau car l’eau de Paris était trop calcaire pour lui ! Une fois de retour en Indonésie, la narration de cette anecdote lui garantissait les éclats de rire de ses compatriotes car ici tant de femmes se donnent du mal à se tartiner de crème blanchissante ou de talc.
Sinon, récemment la pembantu d’une amie à moi, qui venait jusqu’à présent au travail sans casque sur sa moto parce qu’elle habite dans les environs, s’est soudain mise à en porter un. Renseignement pris, sa préoccupation n’était pas tant sa sécurité que le fait que son mari trouvait que, tête nue, elle prenait trop le soleil ! Eh oui, pour nous, revenir « noir » de vacances, c’est le signe qu’on a passé de bonnes vacances de riches tandis que pour les Indonésiens, ça fait riche d’être blanc comme un linge… comme quoi j’ai bien fait de m’installer ici !

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