Il y a déjà longtemps que cet ingénieur en conception, fabrication et production a pris le maquis. Il y a aussi longtemps qu’il connait l’Indonésie. « Cela fait une vingtaine d’années que je fréquente ce pays. J’ai d’abord travaillé au service culturel de l’ambassade de France où j’ai organisé par exemple la gestion des Alliances françaises. Cela m’a permis de rencontrer de nombreuses personnalités du gouvernement, puis de travailler pour certaines grosses boites du pays. Jusqu’à la crise de 97-98 », explique ce banlieusard, originaire d’Asnières, au nord-ouest de Paris. Très branché énergie solaire, il n’y avait à l’époque aucune opportunité dans ce secteur en Indonésie et François Pelletier rentre en France pour travailler d’abord chez Vergnet, le spécialiste de l’éolienne, puis dans une société américaine qui fabrique des transmissions hydrauliques où il met en place un programme de tests d’huiles biodégradables.
Fort de ces expériences – il aura notamment appris comment monter et gérer une structure professionnelle – il revient dans l’Archipel en 2005 et travaille avec la société Contained Energy. Ils feront ensemble du Kartika Plaza Discovery Hotel à Bali, le premier établissement d’importance (plus de 300 chambres) à être équipé en eau chaude solaire. « A l’époque, le prix du baril jouait au yoyo, le taux de change aussi et l’hôtel avait besoin d’un financement. Ils ont donc réglé le contrat en payant sur les économies qu’ils réalisaient. En gros,
50 000 $ d’économie par an pour un coût de 150 000 $ », explique-t-il. L’hôtel tourne au solaire thermique la journée et repasse au fioul la nuit. Suivront deux autres projets hôteliers, l’ancien Sofitel Seminyak, devenu le Royal Beach Hotel, et l’Aston Benoa. « Là, pas de panneaux solaires mais l’option pompes à chaleur. L’avantage, c’est que ça marche 24h sur 24, quel que soit le temps. Ils ont donc complètement arrêté le fioul. Retour sur investissement sur un an même si ça coûte deux fois plus cher que le solaire », poursuit-il. Le Kartika Plaza Discovery Hotel ajoutera ensuite des pompes à chaleur à son système, ainsi qu’un système de recyclage des eaux usées et des déchets.
François Pelletier monte finalement sa société en 2010 : Sustainable Energy Solutions. Mais il ne rebondit pas sur le marché des hôtels qu’il connait bien. « C’est un secteur difficile, ici en Indonésie, ils semblent être les derniers à se soucier des préoccupations environnementales. Et puis, comme le propriétaire est forcément un Indonésien, même si la franchise est internationale, à la fin, ils ne veulent jamais du surcoût que cela représente à la mise en place de leur projet. C’est donc une voie sans issue pour le moment. Jusqu’à temps que le baril s’envole à nouveau », déplore-t-il. Signe rassurant néanmoins, les hôtels de milieu de gamme, destiné à la classe moyenne indonésienne, et qui fleurissent en ce moment, accordent eux toute leur attention aux solutions qui diminuent les coûts opérationnels. « Mon marché, ce ne sont que des hôtels de ce type et des villas. Et tous mes clients sont étrangers », affirme François Pelletier.
En attendant que les citoyens de ce pays s’éveillent aux problèmes écologiques, cet ingénieur français est satisfait des progrès de sa boite qui a traité une trentaine de commandes en trois ans. « Je ne vends que des produits de qualité, des systèmes de pointe dans lesquels il faut mettre le prix. Pour justifier une réelle durabilité, il faut aussi que ça soit correctement installé et entretenu », explique-t-il. Dans ce métier, on parle avant tout de rendement énergétique et de retour sur investissement. « Le solaire thermique a le meilleur rendement. L’investissement est raisonnable, le retour sur investissement se fait en trois ans.
C’est le numéro un du marché. Nous installons aussi beaucoup d’air conditionné avec récupérateur de chaleur qui sert à faire de l’eau chaude. « L’échangeur thermique coûte dix millions environ », commente-t-il sur ce thème. Un investissement pour du solaire thermique à l’échelle d’une villa s’étale de 20 à 50 millions.
Un système de pompes à chaleur est encore plus bluffant. « Là, c’est du cinq étoile, ça fait tout, tout seul et sans prendre de place. Le rendement est extraordinaire, le réglage de température précis, on veut une eau à 65°, on a une eau à 65°. C’est la Rolls Royce de l’eau chaude.
Et on peut aussi récupérer l’air froid pour conditionner un bâtiment, ou faire, par exemple, un séchoir à linge », s’amuse-t-il. Coût du matériel et de l’installation pour une maison privée, de 30 à 65 millions. Vous souhaitez être autonome en électricité, ou du moins ne pas être totalement dépendant de PLN du matin au soir ? L’énergie photovoltaïque est la solution. « Tout d’abord c’est increvable, extrêmement fiable. Ca fonctionne très bien pour des petits systèmes d’éclairage, comme le LED, pour les pompes de piscine, de profondeur, pour l’irrigation, pour faire marcher les frigos, les congélos et autres applications en courant continu », explique François Pelletier. Et si vous avez la surface nécessaire pour l’installation des panneaux, vous pouvez même devenir complètement indépendant en électricité… Retour sur investissement de 5 à 10 ans. Les panneaux photovoltaïques sont garantis 25 ans, et les bons convertisseurs de courant (inverters) jusqu’à 20 ans.
Sustainable Energy Solutions fait aussi de la filtration d’eau, « pour avoir une eau correcte chez soi, inutile de rappeler que nous vivons ici, dans le sud de Bali, avec une nappe dans un état déplorable », lance-t-il. Coût de l’installation, 20 millions. Et de l’eau potable aussi, filtrée aux UV et à l’ozone. A petite échelle, par exemple pour un restaurant, ou pour chez soi, il faut compter 5 millions. « C’est un secteur sur lequel je n’avais pas prévu un tel engouement, 3 clients sur 4 veulent aussi une meilleure eau », précise-t-il.
Sustainable Energy Solutions ne deviendra jamais une grosse entreprise. Ce n’est pas le souhait de son fondateur qui tient à ce que les choses restent à l’échelle humaine. « Une bonne équipe, c’est 10 personnes, estime François Pelletier. J’aimerais avoir un bureau à Jakarta pour avoir une représentation centrale et je cherche actuellement 1 ou 2 technico-commerciaux indonésiens pour mon marketing. » Devant l’apathie des dirigeants sur le sujet, la guérilla s’est mise en marche. Avant que le peuple ne se soulève enfin pour mener cette révolution de l’énergie verte à terme, François Pelletier tient ferme sur ses acquis. Et vous, qu’attendez-vous pour le rejoindre ?
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