Accueil Billets Le billet de Papaya

SURVIVRE A BALI, SURVIVRE A ALBI

Mais comment est-ce qu’ils arrivent à joindre les deux bouts ?

C’est la question que je me pose plus que souvent à propos de bien des Indonésiens depuis bientôt vingt ans que je vis ici. D’année en année c’est, pour moi, un mystère croissant à mesure que le coût de la vie augmente. En fait, je crains que ce ne soit surtout parce qu’ils ont appris à rester dignes, à ne pas se plaindre : ici on se doit d’être toujours souriant et positif !

Je rencontre de plus en plus d’Indonésiens, notamment des hommes venus travailler en ville des îles voisines, sans leur famille, et dont le régime alimentaire se limite quasiment aux mie instan, ces nouilles raidies de cire et accompagnées de quelques sauces, dont le sulfureux MSG. Quand j’offre à certains d’entre eux une papaye de mon jardin (fruit le plus banal et, d’ordinaire, un des moins appréciés) ils adorent, on voit que ça fait longtemps qu’ils n’en ont pas mangé ! Quant au menu du Balinais moyen on ne peut pas dire que les fritures à l’huile de palme soient très saines. C’est ainsi que, de fil en aiguille, on peut finir par tomber malade. Et quand on l’est, il existe désormais une sorte de Sécurité Sociale à plusieurs vitesses, le BPJS, mais souvent on va recourir à des médecins privés (swasta) car les listes d’attente sont longues et les infections dans un pays humide, ça n’attend pas. Il n’est donc pas rare que les Indonésiens se ruinent de peur que les choses tournent mal. Tandis qu’autrefois, il existait un surat miskin, laisser-passer pour les pauvres qui leur donnait accès aux soins gratuits. Donc le BPJS est une amélioration…à double tranchant.

Et voici que maintenant, depuis un certain temps, c’est à propos des Français que je me demande comment certains font pour vivre. Justement, des voix s’élèvent pour dire haut et fort qu’ils n’y arrivent plus ! Les témoignages des Gilets Jaunes révèlent qu’on est désormais loin des simples «enfants gâtés» et autres «Gaulois râleurs». Ils ont même le soutien de la classe moyenne dont une partie voit, elle aussi, son pouvoir d’achat se rétrécir comme une peau de chagrin d’année en année. Un révolté a harangué notre jeune président «Monsieur Macron, tout le monde n’est pas 1e de la classe. Il y a des gens moyens, des moins que moyens et il y a même des redoublants».


Meilleurs vœux à vous, peuple Indonésien, et meilleurs vœux à vous, Gilets Jaunes ! Et même si, désormais trop habituée au climat tropical, je ne peux arpenter les rues avec vous dans le froid sans attraper une bronchite je suis avec vous de tout cœur.

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