Accueil Carnet de voyages

Surabaya-Reo sur un cargo

1er décembre 2009 : j’embarque sur un cargo indonésien de Surabaya à Réo au nord-ouest de Flores. L’équipe est sympathique : Javanais et gens de Banjarmasin. La première nuit se passe à côté d’autres bateaux qui sont en instance de départ ou d’arrivée. La nuit est chaude, humide et sans air. Les bateaux sont à l’Indonésie ce que le chameau est au Touareg. Le Sumber Jaya est un bateau en bois construit au Kalimantan-Sud. Il peut charger jusqu’à 400 tonnes de n’importe quoi. Le 2 au matin, nous sortons du Kalimas (fleuve d’or), puis nous croisons dans le chenal entre Madura et Java. Seulement 4 heures que nous fendons l’eau et ma tête est déjà comme une calebasse. Le moteur de 400 chevaux tourne à son régime de croisière, soit 8 milles nautiques. Ce dinosaure des mers commence à épouser les ondulations de l’eau, ses bordées vibrent, les quarts à la barre s’enchaînent. La journée passe vite, entre manger, une sieste et se perdre dans l’horizon, les heures défilent. Arrive le coucher de soleil, banal, mais toujours enivrant dans cette immensité. Il vient juste de disparaître dans la brume de Surabaya que la lune met en scène sa
face ronde. M’allongeant sur le pont, je contemple l’astre qui monte et joue à cache-cache avec le mât. Le bateau file… Le 3, c’est le roulis du bateau qui me réveille. La mer est recouverte de coton. Amed, le capitaine me dit « Minum, makan dulu » (Bois et mange d’abord). Je suis ses conseils et me dirige vers la cuisine. Nous croisons trop loin des côtes pour en apprécier la vue. Soudain, nous passons dans un banc de poissons, un, deux puis trois sortes de thons viennent de
se faire piéger à la traîne. Le repas du midi sera bien frais… L’ambiance est bonne, entre parties d’échec avec Iwan, bains de soleil… Hum, deux belles dorades coryphènes se joignent au menu. Abdul sourit largement en préparant une sauce d’accompagnement. Pour un régime sans graisse, c’est réussi : riz-poisson matin, midi et soir avec de l’eau et du thé.

Le 4 au matin, la montagne Tambora (nord de Sumbawa Besar) me
salue, encore enveloppée de brume matinale. Ah ! plus d’eau douce pour se laver : la transpiration de la nuit, cette moiteur qui vous colle à la peau, une irrésistible envie de se doucher… à l’eau de mer. Il y a encore de l’eau pour boire me dit le capitaine en souriant. Iwan, Abdul et Ady me font bien rire et j’en oublie l’inconfort. Nous croisons dans le petit détroit de Sumbawa Besar et du pic Siangan qui s’élève soudain à 1800 mètres d’altitude. Ce soir, la lune est vraiment couleur rubis comme un ciel de coucher de soleil. Iwan vient me faire la causette. Son épouse et son enfant lui manquent, des campagnes de 4 mois, c’est long. Je vois enfin le cap de Réo, encore deux trois heures puis, ce sera la terre. L’accostage se fait en douceur. Dans l’après midi, je récupère ma bécane qui se trouve enfouie sous des dizaines de cartons. Ce fut une bonne expérience et une occasion pour se perfectionner aux échecs. Content d’avoir vécu ce que les Indonésiens vivent au quotidien, en mer.

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Please enter your name here