Une proposition de transformer l’ancien leader de l’Indonésie Suharto, un des dictateurs les plus brutaux du 20ème siècle, en héros national a déclenché une vague de colère mardi de la part des activistes et netizens.
Le général Suharto a dirigé l’Indonésie avec une poigne de fer pendant 32 ans et son pouvoir étayé par l’armée a été marqué par la corruption et une répression sévère.
Mais ces dernières années, on assiste à un désenchantement en Indonésie au sujet de la démocratie, qui fut introduite en 1998 à la chute de Suharto, au point que certains regardent l’époque du dictateur avec nostalgie.
Le pays est actuellement gouverné par le Parti démocratique de lutte (PDIP), aux côtés du président Jokowi, mais les critiques déplorent sa faible capacité à prendre des décisions et une nouvelle classe de politiciens corrompus.
Le nom de Suharto, qui est mort en 2008, a été nominé comme candidat potentiel au statut de héros national par le comité en charge de cette mission, a dit son vice-président Jimly Asshiddiqie.
Le parti Golkar, qui fut le véhicule politique de Suharto pendant son régime, pousse dans ce sens. Mais les groupes des Droits Humains comme Imparsial condamnent cette proposition.
“Je ne crois pas que ça soit juste parce que Suharto est accusé d’avoir violé les Droits Humains pendant son règne”, a expliqué son directeur Al Araf.
Les netizens se sont aussi mis en colère, avec des Tweets comme celui-ci : “Quel est le sens du mouvement de réforme de mai 1998 si Suharto est récompensé du titre de héros national ?”
Au moins 500 000 personnes ont été massacrées dans les pogroms anti-communistes qui ont marqué le début de son régime. De nombreux activistes ont également disparu pendant ses 32 ans au pouvoir.
L’Indonésie nomme ses héros chaque mois de novembre. Le nom de Suharto a été présenté auparavant mais n’a jamais été choisi.
Ceux qui travaillent à la réhabilitation de la réputation de l’ancien leader le cite pour sa capacité à avoir apporter la stabilité au pays ainsi qu’un boum économique après les errances qui ont suivi la décolonisation.
Le comité enverra le mois prochain la liste des noms choisis pour ce titre honorifique. C’est le président qui a le dernier mot.
