Accueil Billets Le billet de Didier Chekroun

Sous les pavés, la plage

Au secours ! Depuis 2015, impossible de suivre. Il y a eu le réveillon du Jour de l’An, ses réjouissances et bonnes résolutions. Puis le lendemain, le lancement des soirées à Double Six Rooftop, avec Sasha, un des DJs les plus mythiques de l’histoire des DJs mythiques. Nous avons, ensuite, pleuré la mort subite de Townhouse, applaudi à l’explosion de Mirror. La Saint-Valentin nous aura fatigués avec ses niaiseries roses et ses menus arnaque que chaque mâle se doit de subir s’il veut renouveler d’au moins un an son CDI avec sa douce. Et même si le ticket « bouquet-resto » lui donne droit à une revue détaillée du Kamasoutra, c’est bien lui qui aura mal aux fesses.

Le nouvel an chinois, ses dorures kitsch, gong xi fa cai ! Que l’élégante soirée « Chinese Boudoir » au Métis ne nous détourne pas de l’essentiel : nous entrons dans l’année de la chèvre. Déjà que l’année dernière, il y en avait partout !
A part pour les crottins de Chavignol, triste présage. Puis les festivités s’enchainent avec Nyepi ou l’art de célébrer l’anti-fête. Pas la moindre gueule de bois
le lendemain ! Par contre, « revival retro » avec la peur frénétique de manquer durant les 24 heures de blackout engendrant des queues aux supermarchés dignes de l’époque du rationnement en RDA. « Trabant Power ! » Et puis il y avait Eatoss à Petitienget, programmé pour devenir le temple de la house-music de Bali. Malheureusement, à part un ou deux fantômes, on n’y a jamais vu personne. Sur les débris de cette maison hantée, a vu le jour un concept démoniaque : Holy Crab. Devant le succès fulgurant, on ne peut que se prosterner. Vous commandez, on vous installe une grande feuille de papier en guise de nappe. Puis la serveuse déverse le contenu d’un sac plastique (c’est-à-dire votre plat) directement sur la table. Imaginez un crabe au piment ou des crevettes en sauce à même le papier. Afin d’intensifier le glamour, l’usage de couverts est strictement proscrit. Et même si l’expérience s’apparente d’avantage à un atelier pâte à modeler qu’à une session chez Bocuse ; que percer le mystère des robinets pour se rincer les doigts relève de la compétence d’Hercule Poireau ; que l’on slalome à la sortie entre Pékinois en Crocs et leurs crachats au sol : on en sort comblés. Des instincts primaires ont été titillés. Entre banquet d’Obélix et Rocky Horror Picture Show. Et pour ajouter à la poésie, vous êtes assis dans un container.

C’est d’ailleurs une des tendances fortes du moment. Dans la même rue, il n’y a pas moins de 3 nouveaux lieux construits sur le même principe. L’esprit « Bali Zen » a du plomb dans l’aile. En attendant les soirées sexy bunnies de Pâques et les chasses névrotiques d’œufs en chocolat fondus et envahis de fourmis dans nos jardins tropicaux, ce début d’année part dans tous les sens. Il n’y a plus de règles qui vaillent. « Anarchy in the Circle K », ni dieu, ni maitres, Sex and D (ce mot étant passible de la peine de mort en Indonésie…) and Rock’n’roll !

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